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Et si la mer irriguait l’économie
de l’intérieur des terres ?


Didier Codorniou est Président du Parlement de la Mer depuis 2014. Comme il l’explique, cet organe qui fédère les gens de la mer et sert le développement de l’économie bleue peut également avoir des retombées positives sur l’activité des entreprises et des territoires de l’intérieur des terres.

 

Comment l’économie de la mer peut-elle générer des retombées encore plus directes sur l’intérieur des terres ?

Didier Codorniou : Il y a déjà en Occitanie, et notamment dans la région toulousaine, de nombreuses entreprises dont les activités sont, totalement ou partiellement, liées à l’économie de la mer – à l’image de la société Zodiac Nautic basée à Aiguesvives en Haute-Garonne.
Avec le Parlement de la Mer et le Plan Littoral 21, la Région se dote d’outils permettant une dynamique d’entraînement et de réseau très large pour l’économie du territoire. Dans le domaine des énergies renouvelables par exemple, la décision de l’État de choisir l’Occitanie pour expérimenter deux sites de fermes d’éoliennes offshore desservis par le port de Port La Nouvelle est une formidable opportunité de développer une nouvelle filière. Le pôle Mer Méditerranée a recensé 250 entreprises sur tout le territoire dans le développement de projet, la fabrication et l’intégration, l’installation, l’exploitation et la maintenance des fermes qui pourraient investir dans la chaîne de valeur de cette filière.

 

Quel regard portez-vous sur la présence du Président de la CCI Occitanie au Bureau du Parlement de la Mer, en sa qualité de représentant des 240 000 entreprises du territoire ?

Didier Codorniou : Il était très important qu’Alain Di Crescenzo intègre le bureau du Parlement de la Mer. Il a d’ailleurs également souhaité, je crois, créer un groupe de travail Méditerranée au sein de la CCI Occitanie. Ce sont des signes qui montrent aux acteurs économiques que la mer constitue un potentiel de développement et d’innovation majeur pour notre région. Je vous informe d’ailleurs que la Région prépare, avec ses partenaires l’État et la Caisse des Dépôts de Consignation, une candidature « Littoral + » à l’Appel à Manifestation d’Intérêt « Territoires d’innovation de grande ambition » du Plan d’Investissement d’Avenir lancé par le Commissariat général à l’Investissement. Les entreprises sont largement sollicitées, notamment lors d’une journée le 6 juillet à Gruissan, pour partager avec la recherche académique des projets collaboratifs innovants qui pourront s’intégrer dans cette candidature. Les résultats seront connus d’ici la fin de l’année.

 

De l’économie bleue à la valorisation du patrimoine naturel, il y a une largeur d’étang : quelles sont les perspectives de développement touristique liées au projet de PNR ?

Didier Codorniou : Elles sont importantes. Je peux, notamment, évoquer les projets portés par le Parc Naturel Régional de la Narbonnaise en Méditerranée et les villes de Narbonne et Port la Nouvelle sur les sites du Grand Castelou et de l’île Sainte-Lucie, propriétés du Conservatoire du Littoral. La valorisation de ces sites à la grande richesse naturelle et leur transition écotouristique permettront aux visiteurs du Grand Narbonne d’en découvrir les beautés naturelles en toute saison. Cela répondra, ainsi, à l’évolution notable de la demande touristique, de plus en plus sensible à la découverte de ce qui se cache derrière les plages de sable fin de notre littoral.

 

On ne peut parler de mer sans parler de ports. Quels sont les atouts des 3 ports de commerce du territoire et comment voyez-vous leur évolution ?

Didier Codorniou : Il y a, en Occitanie, bien plus de 3 ports : 5 ports de pêche ; 66 ports de plaisance… mais revenons sur les 3 ports de commerce, Sète-Frontignan, Port La Nouvelle et Port-Vendres. Chacun d’eux a ses atouts et ils doivent donc se développer en complémentarité.
C’est notamment le cas pour Sète-Frontignan et Port La Nouvelle, les 2 ports de la Région. Sète-Frontignan est fort d’importantes perspectives de développement via la création d’une ligne conteneurs par l’un des gros opérateurs mondiaux P & 0. C’est un événement important pour les chargeurs régionaux qui vont enfin pouvoir organiser leur logistique conteneurs à partir de Sète. Le port est également embranché fer, ce qui en fait une plateforme multimodale très intéressante pour les entreprises régionales. L’éolien offshore est aujourd’hui le moteur de l’extension du port de Port La Nouvelle, qui a d’autres atouts puisque c’est un port céréalier, de vrac liquide et d’hydrocarbures adossé à une plateforme de 20 hectares et, lui aussi, embranché sur le réseau ferroviaire. Avec ses nouvelles caractéristiques nautiques, Port-La-Nouvelle aura des atouts importants à faire valoir au centre de notre région. Port-Vendres, quant à lui, a de formidables arguments pour l’accueil de croisières haut de gamme et entend maintenir ses trafics de fruits et légumes.

 

Vous êtes Président du Parlement de la Mer depuis 2014 (création 2012) : avec 5 ans de recul, quelle est votre vision sur la création du futur Parlement de la Montagne ? Si vous aviez 3 conseils à leur donner, quels seraient-ils ?

Didier Codorniou : La Présidente Carole Delga a souhaité mettre en place un Parlement de la Montagne, qui se construit actuellement sur un modèle identique à celui du Parlement de la Mer. Cette formule a permis de reconnaître et fédérer les gens de mer. Je sais que la communauté des gens des montagnes existe de la même manière : c’est une bonne chose de la reconnaître, et je salue le formidable travail effectué par Aurélie Maillols, Vice-Présidente de Région en charge de la Montagne et de la Ruralité, qui œuvre à la création de ce Parlement de la Montagne. Quelques conseils ? Ouvrez largement le parlement de la montagne, décloisonnez les thèmes de travail pour que des gens qui ne se connaissent pas se rencontrent, privilégiez l’opérationnel… et bon vent au Parlement de la Montagne !

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