PORTRAITS
Rencontre avec MANUEL MERCIER, dirigeant de la Sellerie Gaston Mercier

Quand l’Aveyron gagne des éperons

 

À Saint-Léon, au cœur d’un Aveyron sauvage et préservé, la sellerie Gaston Mercier fabrique des modèles de selles uniques, destinés aux cavaliers de loisir et d’endurance. Labellisée Entreprise du Patrimoine vivant (EPV), la société a été reçue en janvier à l’Élysée dans le cadre de l’exposition du fabriqué en France.

 

Il a grandi dans l’odeur du cuir et des chevaux. Son bac agricole en poche, Manuel Mercier n’a pas cherché longtemps sa vocation. « Mon père Gaston, cavalier d’endurance, avait créé un premier prototype de selle dans les années quatre-vingt et il a alors commencé à gagner des championnats. À l’époque, l’endurance était une pratique confidentielle. Mais le marché s’est développé et en 1998, il a lancé la sellerie. Je venais juste de finir mes études. Nous avons travaillé ensemble », explique-t-il.
En 2008, Manuel Mercier reprend les rênes et installe un élevage de chevaux sur les terres alentour : un lieu, loin des zones industrielles, qui permet aux clients de tester les équipements, conçus à leur « juste mesure ». Dans ce coin sauvage, la sellerie, labellisée Entreprise du Patrimoine Vivant, emploie 12 salariés, fabrique entre 400 et 500 selles par an. Elle s’est, au fil des ans, diversifiée et fabrique aussi des bagages dédiés à la randonnée et réalise un chiffre d’affaires d’1,50 M€. « Nous travaillons uniquement avec des fournisseurs locaux. Le cuir vient d’une tannerie voisine à Rodez, les arçons – le squelette de la selle – viennent du Lot. Ils sont fabriqués selon nos moules et sont conçus pour assurer à la fois le confort du cheval et celui du cavalier. Ce sont vraiment eux qui font la force et l’âme de la sellerie ! Ils représentent notre spécificité », assure Manuel Mercier.

 

Nous travaillons uniquement avec des fournisseurs locaux. Le cuir vient d’une tannerie voisine à Rodez, les arçons – le squelette de la selle – viennent du Lot. Ils sont fabriqués selon nos moules et sont conçus pour assurer à la fois le confort du cheval et celui du cavalier. Ce sont vraiment eux qui font la force et l’âme de la sellerie. Ils représentent notre spécificité.

Manuel Mercier, dirigeant de la Sellerie Gaston Mercier

 

« L’Élysée, je n’y croyais pas »

Si le sellier défend haut et fort le savoir-faire de l’Aveyron, il ne s’attendait pas à porter les couleurs de sa terre natale jusqu’au palais de l’Élysée et reste encore sous le coup de l’émotion : « Quand j’ai reçu le coup de téléphone, j’ai cru que c’était une blague. La CCI de l’Aveyron avait déposé notre candidature, je ne le savais pas. Nous avons aussitôt fabriqué une selle bleue, blanc, rouge et nous sommes partis. Pour une société comme nous, c’est une expérience exceptionnelle et cela nous a même amené des clients chinois ».
Car, les selleries Gaston Mercier vendent surtout en France et n’ont pas encore une force de frappe très structurée pour la vente à l’International. « Nous avons des clients dans les pays européens et en Chine, mais cela fonctionne surtout par le bouche-à-oreille », explique Manuel Mercier. Positionnée entre artisanat et industrie, l’entreprise familiale cherche aujourd’hui à améliorer sa rentabilité. La crise de la Covid 19 a impacté le chiffre d’affaires annuel, mais l’entreprise colle à l’air du temps : la pratique du cheval en pleine nature est un loisir en vogue.

 

 

 

 

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