INTERVIEW
 

ANTOINE LECCIA,
président d’Advini

 

Créé en 1870 par la famille Jeanjean, le groupe héraultais Advini rassemble 2 200 hectares de vignobles et 12 Maisons de vins ainsi qu’un centre de vinification, à Béziers. L’Occitanie concentre 48% de l’activité de ce groupe singulier, coté en bourse, attaché à la notion de terroir et dont 70% des vignobles français sont certifiés bio ou en conversion. Antoine Leccia préside Advini depuis 1992. Interview.

 

L’Occitanie est la première région viticole de France. La référence à un terroir et une AOP est-elle pertinente sur le plan commercial alors que la notion de cépage, notamment à l’étranger, est souvent davantage mise en avant ?

Antoine Leccia : Advini est précisément un défenseur des vins de terroir, AOP ou IGP, sur lesquels peut se construire la fidélisation des consommateurs. Produire uniquement des vins de cépage, c’est entrer en compétition avec les vins de cépages de tous les autres pays producteurs. Quand on vous propose un Chardonnay en Grande-Bretagne, la première intention du distributeur n’est pas forcément de vous proposer un Chardonnay de France. Proposer des vins de terroir demande plus de travail. Les vins de cépage, cela fonctionne très bien pour les nouveaux consommateurs, mais il faut aller au-delà de ce socle. C’est dans la référence à une région, à une AOP telle que Faugères ou Terrasses du Larzac, que l’on développe de la création de richesse pérenne. L’intérêt des terroirs d’Occitanie, c’est leurs diversités entre la proximité de la mer ou de la montagne, les différences d’altitude, de nature des sols et des sous-sols… On peut partir à la conquête de publics aux attentes complètement différentes.

 

Advini cultive une singularité dans le monde viticole en nouant des partenariats avec le monde coopératif. Pouvez-vous l’expliquer ?

AL : Nous accompagnons en effet les caves coopératives dans leur développement en créant des marques et en les commercialisant. C’est notamment le cas avec L’Ormarine dans l’Hérault, Castelmaure -dont 2021 marquera le 35e anniversaire du partenariat- et Anne de Joyeuse dans l’Aude ou encore Les Embruns dans le Gard dont le terroir, les Sables de Camargue, devraient être reconnus prochainement AOP.

 

Comment se sont portées les ventes d’Advini en 2020 ?

AL : La pandémie de Covid-19 a évidemment eu un impact sur la consommation de vins. Les restaurants, en France comme à l’étranger, étant fermés ou ayant été fermés, la consommation s’est reportée sur le domicile. Toutefois, notre part à l’export qui s’établit à 45% de notre chiffre d’affaires (266M€, ndlr) va progresser malgré le Brexit. La pandémie, en 2020, aura un impact inférieur à 10% de notre chiffre d’affaires car nous avons pu réaffecter nos équipes commerciales sur la vente à domicile (caviste, grande distribution, e-commerce). En outre, nous avons vu nos ventes en bag in box exploser lors des épisodes de confinement.

 

L’intérêt des terroirs d’Occitanie, c’est leurs diversités entre la proximité de la mer ou de la montagne, les différences d’altitude, de nature des sols et des sous-sols… On peut partir à la conquête de publics aux attentes complètement différentes.

Antoine Leccia, président d’Advini

 

L’exigence des consommateurs et de la distribution va vers le Bio. Quelle est la politique d’Advini en la matière ?

AL : Advini est engagé en faveur d’une viticulture vertueuse depuis plus de vingt ans. À date, 76% de notre vignoble français (le groupe a également des terres en Afrique du Sud, ndlr) est labellisé HVE (Haute Valeur Environnementale) et 70% de nos vignes hexagonales sont labellisées Bio ou en conversion. Par ailleurs, le domaine Cazes est le plus grand domaine certifié Biodynamie en France. Il s’étend sur 240 hectares dans le Roussillon.

 

 

 

 

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