INTERVIEW - septembre 2017

MOHED ALTRAD

Président du Groupe Altrad

 

Après avoir racheté les groupes Hertel en 2015 et Prezioso en 2016, le groupe montpelliérain Altrad acquiert le groupe britannique Cape, leader mondial de la fourniture de services à l’industrie, très présent dans le secteur de l’énergie. Cette opération, annoncée en juillet, porte l’effectif du groupe Altrad de 21 000 à 39 000 salariés et le chiffre d’affaires combiné de 2,3 Md€ à 3,1 Md€. Entretien avec Mohed Altrad, son fondateur et 36e fortune française au classement du magazine Challenges (2,7 Md€).

 

Le groupe Altrad grandit en enchaînant les opérations de croissance externe. Comment intégrez-vous les sociétés que vous rachetez ?

Depuis sa création, en 1985, le groupe s’est en grande partie développé par croissance externe, en reprenant plus d’une centaine de sociétés et groupes. J’applique donc le principe d’intégration dynamique et positive. Ce qui permet de veiller à préserver la culture de la société absorbée et d’en tirer parti afin d’enrichir et développer la culture globale du groupe. Chez Altrad, nous considérons les particularismes culturels non comme des obstacles, mais comme des vecteurs de succès. Après une acquisition, l’ancienne équipe de direction reste généralement en place et nous faisons en sorte d’éviter la fuite des talents.

Pour entrer dans le détail, comment se sont passées les intégrations d’Hertel et de Prezioso, dont les rachats ont porté vos effectifs de 6 500 à 21 000 salariés ?

En 2015, le rachat du groupe néerlandais Hertel nous a fait gagner vingt ou trente ans de développement. Le défi était cependant d’améliorer sa rentabilité. Elle était voisine de 3 %, alors que le standard chez Altrad est autour de 15 %. Nous avons travaillé dans plusieurs directions : l’organisation, la motivation, les synergies… L’intégration se fait en douceur. Elle porte ses fruits. Hertel a déjà triplé sa rentabilité. Quant à Prezioso, le groupe était assez rentable. Aujourd’hui, nous continuons à grandir.

 

Nos activités historiques (échafaudages, bétonnières…) pèsent aujourd’hui environ 15 % de notre activité. Car nous nous sommes fortement déployés dans les services à l’industrie. Les acquisitions d’Hertel et de Prezioso ont contribué à nous renforcer dans ces nouveaux métiers des services à l’industrie, notamment l’énergie.

Mohed Altrad, Président du Groupe Altrad

 

On continue de présenter le groupe Altrad au travers de ses métiers traditionnels : les bétonnières, dont vous êtes leader mondial, et les échafaudages, dont vous êtes leader européen. Quelle est désormais la part de ces activités historiques dans le groupe ?

Elles pèsent aujourd’hui près de 15 % de notre activité. Car nous nous sommes fortement déployés dans les services à l’industrie. Les acquisitions d’Hertel et de Prezioso ont contribué à nous renforcer dans ces nouveaux métiers des services à l’industrie, notamment l’énergie.

Vous avez été sacré Entrepreneur mondial de l’année 2015, devenant ainsi le premier chef d’entreprise français à recevoir ce titre. Or, vous arrivez de très loin, du désert syrien où vous avez grandi. Quel regard portez-vous sur votre réussite ?

Ça commence par la volonté des êtres d’influencer le cours de leur propre vie. Je suis un émigré. Un Bédouin qui a commencé sa vie dans le sable, avec les chèvres, un peu d’eau et pas grand-chose à̀ manger. En toute logique, je n’avais aucune chance d’être là aujourd’hui. Pourtant, j’ai réussi à faire ce que d’autres ont fait en plusieurs générations. J’ai raccourci le temps. J’ai vaincu le sort.

En plus d’être chef d’entreprise, vous êtes écrivain et patron du club de rugby de Montpellier. Comment trouvez-vous le temps de tout faire ?

Quand on est à la tête d’un groupe de cette taille, on n’est pas tout seul. Si je dirige tout, j’ai un directeur général et des cadres supérieurs qui font le boulot. Aujourd’hui, je m’attarde principalement sur ce qui est prioritaire. Ce qui me permet de dégager du temps pour mes autres activités.