INTERVIEW - janvier 2019

CHARLES CHAMPION

Président du conseil de surveillance d’ATB

 

Charles Champion a été nommé à la Présidence du conseil de surveillance d’ATB en août 2018. Ancien directeur du programme de l’A380 d’Airbus, ancien pilote…, il apporte à la première plateforme aéroportuaire d’Occitanie un vécu très riche et global de l’aviation ainsi qu’un enthousiasme intact.

 

Les avions sont au cœur de votre « hélice » ADN : l’aéroportuaire était la seule brique manquante à votre parcours dans l’aviation. Comment pensez-vous que ce vécu très riche puisse contribuer à vos nouvelles fonctions ?

Charles Champion : Nous avons la chance d’être dans une industrie en croissance, avec +4 % de passagers par an à l’échelle mondiale. Pour autant, nous avons des défis importants à relever tels que la transition énergétique ou l’empreinte environnementale de nos activités. C’est pourquoi seule une action collective de tous les acteurs du transport aérien nous permettra de continuer à être une solution aux problématiques de mobilité. Une connaissance partagée des enjeux par les constructeurs, les compagnies aériennes, le contrôle aérien et les aéroports est essentielle. L’aéroport de Toulouse-Blagnac peut devenir le pilote de cette transformation et j’y apporterai ma contribution en m’appuyant sur mon expérience personnelle.

 

Quelle est votre vision de la plateforme aéroportuaire comme outil de développement économique d’un territoire ?

CC : L’aéroport de Toulouse-Blagnac est fortement ancré dans son territoire régional. On le constate au travers de l’évolution du nombre de passagers mais aussi de leur origine : certains habitent à plus de 300 km de l’aéroport ! C’est un outil d’ouverture sur le monde, mais également un levier de développement pour notre économie régionale, grâce aux nombreux visiteurs français et étrangers que nous accueillons chaque jour. À ce titre, la capacité de l’aéroport à se connecter à l’ensemble de moyens de transport collectifs de la région est un enjeu stratégique pour l’Occitanie.

 

L’aéroport a dépassé le cap des 9 millions de passagers en 2017. Par-delà l’augmentation du trafic, certaines lignes génèrent plus de développement que d’autres, comment considérez-vous la perspective d’une ligne directe vers la Chine ?

CC : Les deux tiers des passagers qui fréquentent l’aéroport sont issus de notre région. Il est essentiel, pour renforcer le développement d’Occitanie, de travailler sur son attractivité. Les lignes internationales sont un outil puissant, mais Toulouse et sa région doivent devenir une destination recherchée par les voyageurs internationaux. À ce stade, nous avons une ligne régulière vers le Canada, et des discussions sont effectivement en cours avec la Chine, mais également les États-Unis et le Proche-Orient. On peut aussi saluer l’annonce d’un premier vol direct de Tokyo vers Toulouse, le 14 mai 2019, en espérant qu’il soit précurseur d’une ligne entre Toulouse et le Japon.

 

 

L’aéroport du futur sera plus connecté, proposera encore plus de services innovants, s’attachera à la qualité de « l’expérience voyageur » autant de domaines où notre région regorge de pépites et de talents. Comment faciliter leur association à la co-construction de cet aéroport 4.0 « made in Occitanie » ?

CC : L’aéroport de Toulouse est composé d’équipes qui peuvent travailler en mode agile, selon la nature des projets qu’elles mènent, en particulier avec les start-ups régionales. En 2013, l’aéroport a développé ses sites internet et intranet avec une entreprise toulousaine, X Prime (devenue depuis Mirum). Deux ans plus tard, ATB a été le premier client de la start-up AppStud, à qui il a confié le développement de son application mobile. Notre aéroport est en contact permanent avec des acteurs tels que la Mêlée Numérique, IOT Valley et bien sûr Aerospace Valley, pour l’environnement aéronautique. Nous souhaitons ainsi continuer à échanger de manière informelle et lancer une expérimentation « proof of concept » pour tester et recueillir les retours des utilisateurs. L’expérience client est au cœur de nos préoccupations et si une idée qui émerge a un sens, nous la mettons en œuvre, comme par exemple avec la géolocalisation des parkings, élaborée dès le lancement de l’application mobile en 2015, avec la société Insiteo.