INTERVIEW - avril 2019

NICOLAS SILLON

Responsable du CEA Tech Occitanie

 

Le CEA Tech est une émanation du CEA, référent du nucléaire civil et militaire en France depuis 1945. Le CEA Tech Occitanie est l’une des premières implantations créées en province. Sa force de frappe en R & D permet de fournir des briques technologiques transverses aux entreprises innovantes de notre territoire.

 

À l’occasion de l’implantation du CEA Tech en Occitanie pouvez-vous revenir sur les missions, la vocation et les grandes dates du CEA ?

Nicolas Sillon : Le CEA a, depuis sa création en 1945, une mission régalienne sur le nucléaire civil et militaire. Ces deux thématiques sont historiquement représentées sur le territoire de Marcoule dans le Gard et de Gramat dans le Lot, deux sites importants pour l’économie en Occitanie. Au fil des ans, il a parallèlement développé d’autres activités dans le champ de la recherche fondamentale et de la recherche technologique. Acteur majeur de la recherche, du développement et de l’innovation, le CEA intervient donc aujourd’hui dans quatre domaines : la défense et la sécurité, les énergies bas carbone (nucléaires et renouvelables), la recherche technologique pour l’industrie et la recherche fondamentale comme les sciences de la matière et les sciences de la vie. Depuis les années soixante, une mission de diffusion technologique a été confiée à la direction de la recherche technologique du CEA, plus connue sous sa marque CEA Tech. CEA Tech regroupe 4 500 chercheurs essentiellement sur les centres de Grenoble et Saclay, avec une mission aujourd’hui décorrélée de l’atome : développer des technologies pour les transférer au tissu industriel national, et ce dans de nombreux domaines liés à l’électronique, l’énergie ou le numérique. CEA Tech a développé une culture du transfert technologique unique en France. Parce que la proximité est un facteur clé dans le domaine de l’innovation, il a été décidé en 2013 de lancer de nouvelles implantations régionales, qui ont pour mission de diffuser tout ce savoir-faire technologique dans les régions, en particulier vers les PME et ETI. C’est ainsi qu’est né CEA Tech en Occitanie.

 

L’Occitanie est forte des écosystèmes de ses deux métropoles dans les domaines de la recherche, de l’innovation et de l’enseignement. Quelle est votre vision de ce potentiel ? CEA Tech en Occitanie présente-t-il de ce fait des spécificités par rapport aux autres implantations ?

NS : L’Occitanie dispose effectivement d’un potentiel de R & D exceptionnel, avec des laboratoires de rang mondial et des industriels qui consacrent une part conséquente de leurs chiffres d’affaires à l’innovation. Bien sûr l’aéronautique et le spatial sont omniprésents, mais la richesse du territoire est beaucoup plus large en termes de thématiques. Nous sommes ici pour compléter ce potentiel grâce aux compétences technologiques du CEA qui deviennent, par notre présence, accessibles aux entreprises de la région. Autre élément notable, si l’essentiel des forces de R & D est concentré sur les deux grandes métropoles, le besoin en innovation des entreprises est lui réparti sur l’ensemble de la région. C’est un de nos moteurs depuis notre arrivée : aller à la rencontre des entreprises sur tout le territoire, et pas uniquement à Toulouse et Montpellier. 40 % de nos partenaires sont aujourd’hui en dehors des grandes agglomérations. Les trois premières implantations créées depuis 2013 dans d’autres régions (à Nantes, Bordeaux et Toulouse) ont des développements similaires, mais, en Occitanie, le dynamisme régional nous a permis d’avancer rapidement vers une installation dans des locaux à la hauteur des ambitions du CEA régional.

 

Aéronautique et spatial sont omniprésents en Occitanie. Mais la richesse du territoire est beaucoup plus large en termes de thématiques. Nous sommes ici pour compléter ce potentiel grâce aux compétences technologiques du CEA qui deviennent, par notre présence, accessibles aux entreprises de la région.

Nicolas Sillon, responsable du CEA Tech Occitanie

 

En quoi consiste la centaine de partenariats noués avec les entreprises et qu’en retirent-elles ? Le ratio par typologie et taille d’entreprises (start-ups, PME, ETI…) est-il le même que sur vos autres territoires d’implantation ?

NS : Nous avons créé une équipe « bilingue Entreprise/laboratoire », capable à la fois de comprendre les problématiques d’une entreprise et de discuter avec les chercheurs. Lorsque nous rencontrons une entreprise, nous commençons par l’écouter pour identifier des axes d’innovation que le CEA peut développer. Il s’ensuit des discussions avec nos chercheurs au sein de l’ensemble de la maison CEA, et pour la centaine de partenaires que vous évoquez, cela a débouché sur un (ou plusieurs) contrats de R & D : l’entreprise finance un programme de R & D qui doit conduire à un transfert de technologie. Dans la majorité des cas nous accompagnons l’entreprise dans la recherche de financements régionaux, nationaux ou européens pour permettre le financement. Mais dans tous les cas, travailler avec le CEA reste un investissement, et la notion de retour sur investissement est bien sûr primordiale et abordée dès le début des discussions. Pour les PME, la création de l’implantation régionale a levé un verrou en créant un accès direct vers les technologies du CEA. Les grands groupes régionaux connaissent et travaillent déjà avec le CEA mais la présence d’une équipe locale joue et jouera à l’avenir un rôle de catalyseur pour amplifier les histoires déjà lancées.

 

Vous avez récemment emménagé dans des locaux qui traduisent vos ambitions.
Quelles sont les perspectives de développement de CEA Tech en Occitanie et les projets à venir ?

NS : Nous venons effectivement de nous implanter dans des locaux construits par le Conseil Régional à Labège. Ces bâtiments de 7 500 m2 ont vocation à devenir un véritable campus d’innovation, accueillant les équipes du CEA, nos plateformes technologiques mais également des partenaires industriels (3 entreprises sont déjà dans les locaux), et je l’espère, à moyen terme, des laboratoires partenaires. Mélanger les cultures et les métiers sur un même site est une source d’innovation évidente. Trois plateformes sont aujourd’hui opérationnelles et deux autres le seront en fin d’année dans le domaine de la santé et de la transition énergétique (plateforme Totem). Par son histoire et son approche, nous sommes convaincus que le CEA peut apporter beaucoup aux entreprises de la région à travers ces deux derniers axes.