ON EN PARLE - juillet 2020

Golfech : grand carénage, grandes opportunités

 

Le CNPE (Centre Nucléaire de Production d’Électricité) de Golfech est la seule centrale d’EDF en Occitanie. Acteur économique majeur de notre territoire, Golfech a vu en 2020 lancé le chantier du Grand Carénage qui vise à réaliser de lourds investissements pour optimiser la sécurité de la centrale. Un calendrier favorable à un moment où plusieurs anomalies ont été relevées depuis 2019. Une opportunité de business pour nombre d’entreprises hautement qualifiées possédant des compétences spécifiques. Interview de Nicolas Brouzeng, directeur du CNPE.*

 

Quels sont les détails des principaux postes du grand carénage (corps de métier, budgets, nombre d’emplois créés directs et induits, nombre d’entreprises participantes…) et tous les grands chiffres ?

Nicolas Brouzeng : « Le Grand Carénage est un programme d’investissements d’environ 1 milliard d’euros visant à permettre la poursuite d’exploitation, en toute sûreté, des réacteurs nucléaires de la centrale nucléaire de Golfech, au-delà de 40 ans. Il est engagé depuis 3 ans et se poursuit jusqu’à 2025. Les principales opérations portent sur la rénovation ou le remplacement des gros composants (rotor du groupe turboalternateur…), et la réalisation des modifications nécessaires à l’amélioration de la sûreté, dans le cadre de la prise en compte du retour d’expérience de Fukushima. Après la mise en exploitation des deux groupes électrogènes d’ultime secours, les équipes finaliseront la construction de l’appoint ultime en eau. Cet ouvrage est un réservoir de 6 500 m3 d’eau. Ces deux équipements ont pour fonction d’assurer le refroidissement en cas de perte des alimentations électriques et de la source froide de la centrale. Bien d’autres modifications de l’installation seront menées pour améliorer la sûreté de nos installations. Il s’agit par exemple du remplacement du système de détection incendie pour l’ensemble des locaux industriels et tertiaires, de la rénovation des parcs à gaz, de l’installation de nouveaux chemins de câbles dans les locaux industriels des deux unités ou encore le déploiement de mesures pour protéger des équipements contre les vents extrêmes. Environ 2 300 salariés seront nécessaires pour mener à bien le Grand carénage de la centrale et de nombreux corps de métiers seront mobilisés : tuyauteurs, chaudronnier, calorifugeurs, soudeurs, automaticiens, électriciens, etc. Au total, avec les sociétés partenaires, ce sont près de 200 entreprises qui travailleront pour notre Grand carénage. »

 

Détails du calendrier et de l’organisation ?

NB : « Pour mener à bien le Grand carénage de la centrale, une organisation spécifique, avec un comité de pilotage dédié, a été mise en place par le préfet de Tarn-et-Garonne, en collaboration avec les services de la Préfecture du Lot-et-Garonne. Il a pour but de faire profiter l’économie du territoire de ce programme industriel et des opportunités qu’il va créer pour les acteurs locaux. À ce comité de pilotage viennent s’ajouter trois commissions opérationnelles. La première, consacrée à l’emploi et la formation, est animée par Pôle Emploi. La deuxième, chargée du développement économique, est animée par la CCI 82. Enfin, la troisième est chargée de la gestion de toute la logistique (hébergement, transport, …). Elle a été confiée à la centrale de Golfech. »

 

Avez-vous de la visibilité sur la contribution économique de ce chantier à l’activité des entreprises du territoire d’Occitanie ?

NB : « Notre objectif est de faire bénéficier le territoire d’au moins 30% de l’investissement total que représente le Grand carénage, soit environ 300 millions d’euros. Cet objectif, nous l’avons affiché très tôt pour que les entreprises puissent rapidement s’organiser et ainsi profiter de ces marchés. Je tiens d’ailleurs à remercier les CCI 82 et 47 qui nous ont aidés dans ce travail d’identification des entreprises en capacité de répondre à nos besoins. »

 

Quelles ont été les grandes dates clés des chantiers de maintenance de Golfech ?

NB : « Les deux unités de production de la centrale ont été mises en service entre 1991 et 1994, après plusieurs années de chantier. Tous les 16 mois environ, les unités de production sont arrêtées pour procéder au renouvellement de son combustible et à des opérations de maintenance, dont certaines d’envergure. Selon la durée de ces arrêts, ce sont entre 1 000 à 2 500 salariés supplémentaires qui viennent renforcer le travail des 760 salariés déjà présents sur le site.
Au début des années 2000, la centrale a connu ses visites décennales n°1. Cette période industrielle importante dans la vie d’un site a permis de réaliser des opérations de maintenance et de contrôle, de mener trois examens réglementaires (inspection de la cuve, épreuve hydraulique du circuit primaire et épreuve enceinte) et de réaliser des modifications de l’installation. À son issu, l’ASN a autorisé la poursuite d’exploitation des deux réacteurs pour 10 années supplémentaires. Les deuxièmes visites décennales, réalisées en 2012 et 2014 pour chaque unité de production, ont-elles aussi été des étapes industrielles importantes dans la vie de la centrale. »

 

Y a-t-il certaines opérations sur lesquelles vous travaillerez spécifiquement avec des acteurs de notre région ?

NB : « Les opérations du grand carénage sont majoritairement confiées aux partenaires historiques d’EDF, constructeurs et mainteneurs hautement spécialisés sur un équipement ou un domaine. Cependant, ces entreprises recherchent souvent des entreprises sous-traitantes sur le territoire pour réaliser une partie du travail qui leur a été confiée. Ainsi, par exemple, la construction des groupes électrogènes de secours (chantier de 3 ans avec un effectif maximum allant jusqu’à 200 personnes) a été confié à une société nationale, mais l’ensemble du lot « voirie et réseaux de distribution » a été confié à une entreprise de Pommevic, dans le Tarn-et-Garonne. De même, le banc de charge des groupes électrogènes et leur raccordement électrique ont été confiés à une entreprise de Valence d’Agen. De plus, les entreprises qui font le grand carénage font très souvent appel à des intervenants qualifiés travaillant dans les agences d’intérim du territoire. Tout cela contribue donc à dynamiser directement l’économie locale. »

* Cette interview de Nicolas Brouzeng a été réalisée avant l’annonce de son départ à Paris début juillet pour une mission d’expertise d’EDF sur l’avenir du nucléaire et avant qu’il ne s’exprime en début d’année devant l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN).

 

 

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