PORTRAITS
Rencontre avec Nicolas Vento, dirigeant de Vento-Sol

Ecobang-Navy, le premier bateau à remplir d’eau

 

En mars 2020, Nicolas Vento, dirigeant de la société Vento-Sol, a eu l’idée de recycler des bateaux en les transformant en cuves de traitement des effluents phytosanitaires. Un concept valorisant l’économie circulaire et soutenu par l’Aper, un éco-organisme agréé par le Ministère de la Transition Écologique et Solidaire.

 

C’est en cherchant une remorque plateau sur Le Bon Coin, lors du premier confinement, que Nicolas Vento remarque que beaucoup de vendeurs donnent leur bateau. Surpris, mais curieux, il veut en savoir plus et se demande s’il ne pourrait pas utiliser ces bateaux pour sa propre société.
En effet, Vento-Sol développe depuis plus de dix ans des cuves de stockage équipées d’Ecobang, afin d’y traiter les effluents phytosanitaires à moindre coût. Après traitement, les agriculteurs doivent nettoyer le pulvérisateur, ce qui génère des eaux usées appelées effluents phytosanitaires. Tout l’enjeu est donc de les gérer de façon responsable. Avec Ecobang, la société Vento-Sol propose aux agriculteurs d’évaporer les effluents phytosanitaires directement dans la cuve de stockage. Un système ingénieux, basé sur une ventilation forcée dans la cuve favorisant l’évaporation, qui permet une adaptabilité à presque toutes les cuves (acier, plastique, béton). « Nous sommes les seuls à être capables de réutiliser des cuves pour y adapter Ecobang, ce qui nous permet de proposer une des gammes les plus larges et les plus économiques pour gérer les effluents phytosanitaires », décrit-il.
Mais Nicolas Veto souhaite aller plus loin en récupérant les anciens bateaux, ce qui permettrait un coût financier conséquent pour ses futurs clients. Il contacte donc la société Batho, basée à Nantes, dont le métier est la transformation de bateaux en logements de loisirs, pour des études techniques. « La société a trouvé un bateau adapté, j’ai donc lancé l’opération », se rappelle-t-il.

 

Soutenu par l’Aper

Il prend alors contact avec l’Aper (Association pour la Plaisance Eco-Responsable), créée avec l’agrément du Ministère de la Transition Écologique et Solidaire, pour gérer la filière de déconstruction de ces bateaux en fin de vie. Son objectif : récupérer et détruire plus de 5 000 bateaux par an. « Je me suis rapproché d’eux. Tout de suite, l’APER a été séduite par le projet. Elle nous aide dans notre développement encore aujourd’hui. »
Fin septembre 2020, le prototype est prêt : un ancien voilier, de 6,2 mètres de long, de 2,3 mètres de large et d’une capacité de stockage de 4000 litres, a été reconditionné pour être transformé en cuve. Ensuite, durant quinze mois, Vento-Sol a mené des essais pour vérifier le bon fonctionnement du dispositif et apporter les améliorations nécessaires.
Désormais, le dispositif Ecobang-Navy est prêt à être proposé. Vento-Sol ambitionne de faire construire des Ecobang-Navy à Nantes chez Batho. Par la suite, si les volumes augmentent, les bateaux seront transformés par des prestataires à proximité des clients. « Pour la région Grand Ouest et le Nord, les bateaux seront transformés par la société Batho. Et pour le Grand Sud et Sud Est, nous les transformerons à Lautrec car nous avons un local. Ce sera un marché de niche, nous en avons conscience. Il faut convaincre les agriculteurs », assure le dirigeant. Et d’ajouter : « Je suis à la pépinière Castres-Mazamet qui m’accompagne et m’a mis en contact avec des personnes de la région. Nous avons présenté le projet lors du forum de l’économie circulaire. Suite à cela, Ecobang-Navy a été cité dans le récent avis du CESER (Conseil Économique Social et Environnemental) », explique-t-il.

 

Tout de suite, l’APER a été séduite par le projet. Elle va aider Vento-Sol à trouver les bateaux adaptés aux besoins spécifiques des clients.

Nicolas Vento, dirigeant de Vento-Sol

 

Un contexte porteur

Car ce concept est une véritable solution d’avenir pour les agriculteurs. Alors que le GIEC alerte sur l’accélération du réchauffement climatique, les experts scientifiques préconisent plusieurs solutions pour sortir de l’impasse et réussir une transition vers la sobriété.
À commencer par la valorisation de l’économie circulaire, qui était déjà considérée comme un des leviers pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris. Avec, à la clé, des bénéfices tangibles pour l’ensemble de la société puisqu’elle pourrait permettre d’économiser 380 milliards de dollars en Europe, créer plus de 800 000 emplois et rapporter 1 800 milliards d’euros d’ici à 2030. La bonne nouvelle, c’est que les acteurs français font figure de pionniers de l’économie circulaire, avec plus de 1 500 initiatives lancées dans ce domaine.
Et Ecobang-Navy permet une économie circulaire, en réutilisant d’anciens bateaux. « Cela réduit l’impact sur l’environnement », souligne Nicolas Vento. Mais il permet aussi une économie des coûts pour le client. « Cette économie peut atteindre de 30 à 60 % par rapport à l’achat d’un Ecobang équivalent avec une cuve en acier inox. Donc cela reste très attractif », poursuit-il.
Plus de 5 000 bateaux doivent être déconstruits par an, afin d’atteindre un objectif de 20 000 à 25 000 bateaux détruits d’ici à 5 ans. « L’Aper va aider Vento-Sol à trouver les bateaux adaptés aux besoins spécifiques des clients. »
Et pour ceux qui redouteraient que le bateau ne vienne altérer l’esthétisme de leur ferme, Nicolas Veto se veut rassurant : « On peut très bien imaginer enterrer le bateau. Par la suite, les bateaux Ecobang-Navy pourront avoir d’autres utilisations, comme par exemple le stockage d’eaux de pluie pour l’irrigation chez les particuliers. »
 
> www.vento-sol.com
 

 

 

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