Le Gers est plus connu pour son canard et ses oies que pour ses poissons (même si le département compte de très bonnes entreprises de fumaison). Créée en 1983, Gimbert Surgelés est pourtant spécialisée dans la transformation du poisson. L’entreprise gersoise finalise actuellement la construction d’un site de production pour faire en France ce qu’elle sous-traitait auparavant en Chine. Un investissement de 13 M€ qui doit lui permettre d’attaquer de nouveaux marchés avec ses poissons sauvages surgelés.
On prête à la crise de la quarantaine la responsabilité d’importantes remises en question. Dans le cas de Gimbert Océan, cet anniversaire est effectivement marqué par des changements significatifs. L’entreprise fondée à Fleurance s’est développée autour de trois activités. Deux en lien avec la vente aux particuliers, à travers ses neuf magasins Gel 2000 qui proposent des produits surgelés de l’entrée au dessert dans tout le Grand Sud-Ouest, mais aussi via la marque Bonhomme de neige, spécialisée dans la vente à domicile de cette même gamme de produits. Enfin, depuis 1997, la marque nationale Gimbert Océan commercialise en grande distribution des produits de la mer surgelés. Cette activité d’importation, de stockage et de négoce, avec des partenaires aux cahiers des charges précis, permet ainsi à la PME gersoise de proposer des produits prêts à la vente. « Mais depuis deux ans, nous avons le gros projet de construction d’une usine de transformation des produits de la mer », explique Stéphanie Pistre, présidente de Gimbert Surgelés.
Nous sommes aujourd’hui une soixantaine et notre nouvelle usine nécessitera, dans un premier temps, l’embauche d’une équipe de 15 personnes. À plus ou moins long terme, avec le développement des cadences, on pourrait presque doubler les effectifs.
Stéphanie Pistre, Présidente de Gimbert Océan
Un changement de stratégie rendu nécessaire par l’encadrement des promotions contenu dans la loi EGalim, une « catastrophe » pour le modèle économique de la société. En quatre ans, le chiffre d’affaires est ainsi passé de 23 M€ à 10 M€ aujourd’hui. « Nous étions déjà en train de changer de modèle. Pour éviter la descente aux enfers, nous avons décidé de rajouter une casquette industrielle et redonner un nouvel élan à l’entreprise. La crise Covid nous a conforté dans cette décision. » En clair, Gimbert Surgelés souhaite désormais faire dans le Gers ce qu’elle faisait faire en Chine. « Ce n’est même pas une relocalisation », souligne avec malice Stéphanie Pistre. Un projet ambitieux, qui représente un investissement de 13 M€, soutenu par l’État à hauteur de 1,40 M€ dans le cadre de France Relance. « Nous avons opté pour un outil de production polyvalent et complet, afin de valoriser le produit dans sa globalité et de minimiser les déchets », développe la présidente. La PME disposera ainsi d’une fileteuse pour les salmonidés, sauvages ou d’élevage, d’une fileteuse pour les poissons blancs, d’une ligne de cuisson, enrobage et panure et d’une ligne de valorisation des coproduits.
Selon Stéphanie Pistre, cette nouvelle usine de 1 800 m2 doit être opérationnelle d’ici la fin du premier trimestre 2024. Elle permettra à Gimbert Surgelés d’attaquer le marché des marques distributeur ainsi que la restauration collective et commerciale tout en confortant la marque propre Gimbert Océan. Ainsi, l’entreprise recevra à Fleurance, dans ce nouveau bâtiment accolé à ses entrepôts de stockage, des produits importés d’Alaska qu’elle pourra transformer et conditionner elle-même. « Nous sommes aujourd’hui une soixantaine et cela nécessitera dans un premier temps l’embauche d’une équipe de 15 personnes. À plus ou moins long terme, avec le développement des cadences, on pourrait presque doubler les effectifs », affirme Stéphanie Pistre, alors que le nouvel outil est dimensionné pour 4 000 tonnes de produits finis par an. Pour répondre aux nouveaux objectifs, les équipes se forment en interne et Gimbert Surgelés cherche des profils motivés. « On sait que le Gers n’est pas forcément attractif, notamment dans ce type de poste, dans des conditions difficiles », reconnaît Stéphanie Pistre.