PORTRAITS
Rencontre avec PASCAL LAFONT, directeur des Vergers de Gascogne

Vergers de Gascogne, durablement bocal

 

Ils ont pris le virage du Bio en 2005 et adhèrent à l’association « Demain la Terre » et au label « Bio Équitable » qui soutient les filières agricoles françaises. Implantés dans le Gers depuis 1946, les Vergers de Gascogne sont la seule entreprise de l’Hexagone à produire une gamme bio 100% française. Cette année, l’entreprise compte bien remettre dans les assiettes le cornichon made in Gers.

 

Éditeur de logiciels pendant 25 ans, Pascal Lafont a construit la première partie de sa carrière loin des champs de petits pois. Mais le dirigeant a toujours eu le goût de la production et de la fabrication. En 2013, il décide de se lancer dans le rachat d’une entreprise. Et même s’il avoue d’emblée une méconnaissance du secteur agroalimentaire, il éprouve un véritable coup de cœur pour les Vergers de Gascogne. « À l’époque, l’entreprise végétait au niveau de son développement, mais elle avait une histoire et une équipe investie. J’ai senti le potentiel », explique-t-il. Créés en 1946, les Vergers de Gascogne forgent leur notoriété sur la pêche blanche au sirop, un produit gersois par excellence, qui séduit toujours aujourd’hui les tables étoilées. Si l’entreprise prend le virage du bio dès 2005, elle ne profite pas vraiment de l’expansion de ce marché. « Très vite, nous avons donc réorienté notre R&D à la fois vers le bio, mais aussi vers les légumes. Nous avons lancé un vaste travail de sourcing pour identifier les producteurs locaux d’Occitanie et du grand Sud-Ouest et nous avons déménagé à Fleurance dans une nouvelle usine pour multiplier par quatre notre capacité de production ».

 

Nous avons lancé un vaste travail de sourcing pour identifier les producteurs locaux d’Occitanie et du grand Sud-Ouest et nous avons déménagé à Fleurance dans une nouvelle usine pour multiplier par quatre notre capacité de production.

Pascal Lafont, directeur des Vergers de Gascogne

 

Le bio ne suffit pas

Aujourd’hui, les Vergers de Gascogne affichent un chiffre d’affaires de près de 4Md€, une progression annuelle de 35% et produisent 2,5 millions de bocaux par an. La recette du succès ? Des innovations, comme la nouvelle gamme de légumes lacto-fermentés, en passe de séduire les consommateurs d’Europe du Nord, mais aussi une éthique forte, basée sur une alliance sans faille avec les producteurs. Les Vergers de Gascogne ont ainsi mis au point une gamme de 50 produits bio 100 % française, vendus sous la marque « Cap bio ». Ils sont les seuls en France. « Si un produit ne pousse pas sur nos terroirs, nous nous interdisons de le travailler, même si la demande est forte », assure Pascal Lafont. Mais le dirigeant en est convaincu : le bio ne suffit pas. Pour aller plus loin, il a aussi adhéré à l’association « Demain la terre » et est en train de nouer un partenariat avec le label « Bio équitable » qui favorise les relations avec les producteurs français. Dans la foulée, l’entreprise gersoise lance la marque « Vertueux ». Ses objectifs ? Mettre en avant les valeurs de l’économie circulaire et relancer le cornichon gersois. Délocalisé en Inde à l’aube des années 2000, le cornichon revient ainsi dans nos campagnes et dans nos assiettes. Les premiers bocaux devraient être prêts à déguster dès cet été.

 

 

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PORTRAITS
Rencontre avec THOMAS MARTIN, directeur de l’entreprise Papeteries Martin

Les Papeteries Martin dans les petits papiers de l’Élysée

 

Il représente la quatrième génération à la tête de la papeterie familiale fondée par son arrière-grand-père dans la vallée du Couserans. En janvier dernier, Thomas Martin était présent au palais de l’Élysée pour représenter le savoir-faire ariégeois et présenter la dernière création de l’entreprise : une gamme unique au monde de papiers de soie, composés exclusivement de matières recyclées.

 

Son enfance a été bercée par le frou-frou des papiers froissés et les aléas de la vie des employés. Pourtant, Thomas Martin, directeur de l’entreprise Papeteries Martin, ne s’est jamais senti prédestiné à diriger la société fondée par son arrière-grand-père Léon il y a presque 130 ans. Le bac en poche, il part à Barcelone faire des études de commerce, puis il passera de nombreuses années à sillonner les continents, de l’Afrique à l’Asie, avant de revenir en Europe. « J’ai eu la chance de grandir dans une famille ouverte sur le monde. Pendant longtemps, mon travail dans la grande distribution a été un moyen pour moi de m’immerger dans des cultures différentes. Ce n’est qu’au moment de mon mariage et à la naissance de mon premier enfant, que mon épouse et moi, avons eu envie de revenir dans notre berceau d’Ariège », raconte-t-il. Mais l’héritage n’allait pas de soi et Thomas Martin a dû, comme les autres, déposer son CV. « La reprise n’a jamais été tracée. Non seulement, je trouve ça honnête par rapport aux employés mais cela explique aussi notre longévité ».

 

Une fabrication « sur mesure »

Car depuis 1895, les papeteries Martin sont restées une entreprise indépendante, avec un actionnariat familial. Une gageure dans ce secteur fortement mondialisé et capitalistique. « Nous sommes une entreprise atypique, implantée sur un territoire classé en Parc Naturel Régional. Ici, nous fabriquons des produits haut de gamme, mondialement connus », sourit Thomas Martin. Fortes d’un savoir-faire centenaire et classées Entreprise du patrimoine vivant (EPV), les papeteries Léon Martin produisent des papiers destinés à l’emballage, à l’hygiène et à l’industrie. Et si le fer de lance reste l’emballage, avec les papiers de soie, les papeteries produisent aussi des papiers techniques pour le secteur pharmaceutique, des papiers intercalaires utilisés dans la verrerie, la métallurgie, la plasturgie, le textile et l’industrie avicole. « Depuis vingt ans, nous nous sommes recentrés sur la qualité et la valeur ajoutée. Notre stratégie ne consiste pas à produire de gros volumes mais, plutôt, à nous adapter à la demande. Le marché est morcelé et notre expertise nous permet de fabriquer du « sur-mesure » et de faire des petites séries », détaille encore le papetier. Avec un chiffre d’affaires stable et médian de 4,50 M€ par an, l’entreprise mise aussi sur les ventes à l’export. Celles-ci représentent 30 % du CA et permettent de défendre le savoir-faire local à l’étranger tout en participant à l’équilibre de la société.

 

Depuis vingt ans, nous nous sommes recentrés sur la qualité et la valeur ajoutée. Notre stratégie ne consiste pas à produire de gros volumes mais, plutôt, à nous adapter à la demande. Le marché est morcelé et notre expertise nous permet de fabriquer du « sur-mesure » et de faire des petites séries.

Thomas Martin, directeur de l’entreprise Papeteries Martin

 

Le coup de projecteur de l’Élysée

Sélectionnées parmi 1 750 candidatures, les papeteries ont été reçues au Palais de l’Élysée en janvier dernier dans le cadre du « Fabriqué en France ». Thomas Martin est allé y présenter en avant-première une nouvelle gamme unique au monde de papiers de soie, exclusivement composés de matière recyclée. Le papetier a ainsi eu le plaisir de défendre le savoir-faire de son petit bout de Couserans. Et se réjouit de ce coup de projecteur qui met en lumière les valeurs environnementales et de proximité de l’entreprise.

 

 

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Rencontre avec MICHAËL LADET, créateur et dirigeant de Voilensac

Voilensac, l’Aveyron en point zigzag

 

On le sait, l’Occitanie regarde de plus en plus vers la mer, comme l’ont démontré les dernières Assises de l’économie de la mer qui se sont tenues pour la première fois sur notre territoire en décembre. Et parfois même depuis très loin des côtes. C’est ainsi que, à Millau, Voilensac offre un nouveau souffle aux voiles qui ont aimé sans compter tous les vents marins qui animent notre littoral. Et Michaël Ladet, le fondateur, y associe un autre savoir-faire patrimonial de notre région : le cuir.

 

Pour tous les passionnés de voile, le point zigzag a la puissance d’évocation de la madeleine chez Marcel Proust. Ce type de point est, en effet, celui utilisé pour toutes les coutures des voiles de bateaux, des plus petits aux plus grands, des dériveurs côtiers aux bateaux de course au large. Généralisé dans les années 1930, il vise à éviter que, lorsque le tissu s’use, la voile ne se déchire le long des points. Michaël Ladet semble en avoir retenu l’intérêt et a lui-même opéré un zigzag lorsque, sentant une forme d’usure intellectuelle le gagner, il a quitté le littoral et mis le cap vers le Nord de l’Occitanie. Maître voilier pendant 10 ans sur le célèbre parquet de la voilerie Ettore Yachting de Port Camargue, il a eu peur de « faire des ronds dans l’eau » en n’apprenant plus. Une vraie crainte pour cet autodidacte arrivé à la voilerie par un BTS Informatique-Gestion dont il ne s’est jamais servi. « Je suis rentré chez le célèbre sellier Gaston Mercier à Saint-Léons pour apprendre le travail du cuir. Chez lui, je me suis formé à la sellerie et la maroquinerie de luxe avec la perspective de reprendre la gestion de l’atelier. Mais cela ne s’est finalement pas fait. Je suis alors parti travailler avec Jean-Pierre Romiguier, au Sac du Berger, où j’ai pris la direction de l’atelier de ganterie qu’il avait à Lapeyre, dans la vallée de La Sorgue. Suite à la vente de l’atelier, dont le nouveau responsable ne pouvait me garder, j’ai été licencié. J’ai alors créé Voilensac, pour faire se rencontrer les matières : le tissu à voile et le cuir » explique Michaël Ladet.

 

Une diversification payante

Après un démarrage d’activité centré autour des sacs et bagages en voiles recyclées, Voilensac va rapidement se diversifier, notamment sur des marchés de niche professionnels cette fois. « Une partie de mon activité est désormais consacrée à la production de sacs pour les cordistes, ces gens qui réalisent des travaux acrobatiques. Suspendus au bout d’une corde, ils ont des contraintes très spécifiques. J’ai la chance de bien connaître Sakti Cano, de la société « Hauteur et Sécurité », l’un des plus gros centres de formation pour cordistes. C’est pour lui que nous avons mis au point ces sacs qui me permettent aujourd’hui de travailler beaucoup dans l’éolien, avec EDF… Des clients pour qui j’ai pu montrer ma capacité d’adaptation pour faire à la fois de la très petite et de la moyenne série, entre 10 et 750 pièces. » Des volumes qui sont aussi ceux traités par Voilensac sur le marché, en forte croissance, des cadeaux d’entreprise. Car à l’opposé de ces marchés BtoB, Michaël Ladet a, dans un autre zigzag motivé autant par l’envie que par l’intuition et la réflexion, développé une gamme d’objets de décoration et de bijoux.

 

Mes clients ne sont pas tous des voileux ou des plaisanciers mais des gens qui aiment la mer. Ils sont, également, sensibles à l’aspect recyclage, économie circulaire, circuits courts, artisanat, fait main, personnalisation, pièces uniques…

Michaël Ladet, créateur et dirigeant de Voilensac

 

Des clients d’horizons très divers

Une stratégie qui permet à Voilensac d’élargir son marché. « Mes clients ne sont pas tous des voileux ou des plaisanciers mais des gens qui aiment la mer. Ils sont, également, sensibles à l’aspect recyclage, économie circulaire, circuits courts, artisanat, fait main, personnalisation, pièces uniques… L’échange pour répondre exactement à leurs demandes n’est pas uniquement un plaisir et un enrichissement. C’est un positionnement à l’opposé des « gros » du marché. » Géographiquement, Voilensac réalise 5 à 10% de son chiffre d’affaires à Millau, 25% en Occitanie, 50% sur le Grand Sud et le reste en France, en Suède, aux USA, à Saint Barth… L’entreprise a réalisé en 2019 un chiffre d’affaires de presque 70 000 €, en croissance ininterrompue depuis plusieurs années. Un chiffre qui peut évoluer très significativement lorsque Voilensac participe à des salons comme Escale à Sète, le Salon du Multicoque à La Grande Motte, la Grande Armada à Rouen… À ces occasions, 10 à 15 000 € de commandes peuvent être prises en une fois. Et l’autre raison des perspectives de développement tient à la notoriété acquise par la marque en 10 ans et son positionnement à part sur le marché. Avant le déconfinement, Voilensac a produit des masques gratuitement pour les personnels soignants millavois se trouvant en manque de protection. Pour préparer la relance, Michaël Ladet investit : brodeuse, imprimante à sublimation, logiciels de dessin et de broderie…

 

 

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Rencontre avec OLIVIER FABRE, président de Maison Fabre

Maison Fabre relève le gant

 

Grace Kelly dans les années cinquante, Madonna, Lady Gaga ou Jennifer Lopez aujourd’hui … Si Maison Fabre a toujours flirté avec les stars du show-biz, elle a traversé l’histoire du XXe siècle et surmonté les turbulences avec élégance. Olivier Fabre, arrière-petit-fils du fondateur, a su imposer son savoir-faire dans le secteur de la mode. Et il se démène pour inscrire les savoir-faire liés à la ganterie de Millau au Patrimoine Culturel Immatériel de l’Unesco.

 

Difficile d’échapper à une passion familiale. Dans sa jeunesse, Olivier Fabre se destinait à une carrière de journaliste. Une carrière qu’il a abandonnée sans regret pour écrire une autre histoire : celle entamée en 1924 par Étienne, son arrière-grand-père, gendarme à cheval et fondateur de la célèbre ganterie. À la fin des années quatre-vingt-dix, Maison Fabre connaît des difficultés, la famille cherche des solutions. « Mon père Louis avait repris l’entreprise dans les années soixante-dix. Il a réussi à la sauver à une époque où les ganteries de Millau fermaient les unes après les autres. Maison Fabre confectionnait alors des gants pour toute l’administration française : l’armée de terre, la gendarmerie, la police… Nous fabriquions 200 000 paires de gants par an. Mais, en 1994, nous avons perdu le marché de l’armée. Nous avons dû fermer pendant quelques mois. Cela a été une vraie déchirure », raconte-t-il.

Olivier Fabre retient la leçon de ce danger de dépendance aux gros clients. Épaulé par son frère Jean-Marc, il paie les banques et les fournisseurs et part à la conquête de nouveaux clients. C’est le début des premières collaborations avec des créateurs comme Claudie Pierlot ou Polder. L’entreprise lance de nouvelles collections chaque année et se taille, sur mesure, un costume de maison de mode, de ganterie créative.

 

Des métiers rares

Les commandes reviennent et affluent de Corée, du Japon, des États-Unis. Pour les honorer l’entreprise rénove son atelier et lance un plan de formation. « Car notre savoir-faire exige des métiers spécialisés, rares, pour lesquels il n’existe pas d’école. Chez nous, il y a une notion essentielle de transmission. Les anciens apprennent aux nouveaux, la transmission est très personnelle, sans guide pédagogique », détaille encore Olivier Fabre. En 2008, Maison Fabre ouvre une boutique dans le Jardin du Palais Royal au cœur de Paris et signe des réalisations pour les plateaux de cinéma, le théâtre, la mode. Si l’équilibre reste fragile car l’activité est saisonnière, la ganterie poursuit son chemin. De fil en aiguille, elle développe des collaborations techniques – avec les marques Fusalp et Weston l’an dernier – installe des points de vente dans les enseignes parisiennes du Bon Marché, du Printemps ou des Galeries Lafayette et renoue avec la Garde Républicaine, équipée cette année de 1 400 paires de gants en agneau blancs lavables avec manchettes. « Une réalisation dont je suis particulièrement fier car elle souligne la confiance de l’État pour notre Maison et notre savoir-faire », souligne encore le dirigeant.

 

La filière cuir en Aveyron représente 18 entreprises, 350 emplois et 40 millions de chiffre d’affaire. Elle est composée de tanneurs, bottiers, maroquiniers, selliers et gantiers. L’association développe l’attractivité du territoire pour renouveler et créer de l’emploi et mettre en avant nos pépites aveyronnaises.

Olivier Fabre, Président de Maison Fabre

 

Les pépites aveyronnaises

Olivier Fabre en a conscience, la mode est à Paris. Mais le gantier reste viscéralement attaché à son berceau aveyronnais et n’a de cesse de défendre le savoir-faire ancestral de son territoire et l’excellence du made in France. Après avoir relevé la croissance de sa maison – + 33% cette année –, il s’est engagé dans un autre combat : celui de retisser les liens de la filière agropastorale avec la ganterie du Pays de Millau pour l’inscrire au Patrimoine Culturel Immatériel à l’Unesco. En 2015, avec la CCI Aveyron et la Communauté de Communes de Millau, l’association Pole Cuir Aveyron a vu le jour sous sa présidence. « La filière cuir en Aveyron représente 18 entreprises, 350 emplois et 40 millions de chiffre d’affaires. Elle est composée de tanneurs, bottiers, maroquiniers, selliers et gantiers. L’association développe l’attractivité du territoire pour renouveler et créer de l’emploi et mettre en avant nos pépites aveyronnaises », assure-t-il. Car Olivier Fabre en est convaincu : de l’agropastoralisme – 1 780 éleveurs sur 6 départements, 1,5 million de moutons – à la transformation des matières naturelles et à l’art de confectionner le gant, le Pays de Millau détient une filière unique au monde.

 

 

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PORTRAITS
Rencontre avec ANTOINE CANDEIAS, fondateur et dirigeant de NewTech Scientific

NewTec Scientific,
le « matériaux sciencist » made in Occitanie

 

Implanté à Nîmes, NewTec Scientific fabrique des équipements scientifiques dédiés à la microscopie. En quelques années, cette TPE a su s’imposer en élaborant des produits très innovants. Elle collabore ainsi avec des industriels comme Rolls-Royce et des grands centres de recherche.

 

Physicien de formation, Antoine Candeias a fait de l’infiniment petit son domaine de prédilection. En 2012, il fonde NewTec Scientific, rachète une société nîmoise spécialisée dans l’acquisition et le traitement des images liées à la microscopie. Trois ans plus tard, la start-up est sélectionnée par le programme « Horizon 2020 » qui associe l’Agence Régionale de l’innovation et l’Union Européenne. Cette distinction marquera le début de son partenariat de recherche avec l’Institut de chimie comparative de Marcoule (Gard) et l’université de Montpellier. En 6 ans, NewTec Scientific a investi 1 million d’euros en R&D et conçu 7 produits destinés aux microscopes optiques et électroniques à balayage. Des produits utilisés pour la qualification des matériaux dans le cadre de la caractérisation de nouveaux matériaux, la certification de pièces métalliques et le diagnostic de pièces défectueuses. L’industrie nucléaire (EDF), les transports (SNCF, Airbus, Renault…) et les laboratoires de recherche (ONERA, CEA, CNRS et les universités) comptent parmi ses principaux clients.

Un marché de niche mais un marché porteur

« Avec 30 000 microscopes scientifiques dans le monde et 2 à 3 000 microscopes électroniques installés chaque année, c’est un marché de niche mais, les dépenses de recherche sur les nouveaux matériaux étant en hausse, c’est un marché porteur », souligne le fondateur. Seul Français du secteur, NewTec Scientific a su développer des produits très pointus : un système de contrôle de soudure pour l’industrie automobile, une cathodyne (dispositif de cathodoluminescence) révélant les impuretés dans les roches ou, encore, des instruments pour analyser le comportement des matériaux soumis à des stress mécaniques et thermiques intenses. En collaboration avec l’Institut de chimie séparative de Marcoule, elle vient de mettre au point un microfour permettant d’observer les métaux à des températures supérieures à 1 000 °C. « Notre seul concurrent sur ce type de machine est le géant américain FEI qui pèse des milliards de dollars. »

 

 

Avec 30 000 microscopes scientifiques dans le monde et 2 à 3 000 microscopes électroniques installés chaque année, c’est un marché de niche, mais les dépenses de recherche sur les nouveaux matériaux étant partout à la hausse, c’est un marché porteur.

Antoine Candeias, fondateur et dirigeant de NewTech Scientific

 

Avec l’industriel Rolls-Royce

En 2018, la société a remporté un appel d’offres mondial associant l’université de Manchester et l’institut de recherche de l’industriel Rolls-Royce pour équiper une nouvelle plateforme de tests thermomécaniques sur des nouveaux matériaux pour l’aéronautique. Ce contrat d’une durée de 5 ans lui a permis de gagner en visibilité nationale et internationale. « De grands laboratoires de recherche publics et privés viennent aujourd’hui s’équiper chez nous avant d’acheter leur microscope », se félicite Antoine Candeias. La TPE vient de recruter 2 salariés. En 2018, la société a réalisé un chiffre d’affaires de 670 000 euros et prévoit 800 000 euros pour 2019. « Nous sommes dans une logique de croissance maîtrisée. Avec tout ce que l’on a développé, on peut raisonnablement miser sur un chiffre d’affaires autour de 10 à 15 millions, d’ici quelques années. »

 

 

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PORTRAITS
Rencontre avec GILLES BELZONS, fondateur et dirigeant de Chez Bébelle

« Chez Bébelle »,
le sens de l’essai et le goût de la transformation

 

Gilles Belzons a le discours aussi carré que le physique. Cet ancien troisième ligne du RC Narbonne est entré en 2003 dans les halles de Narbonne comme il le faisait dans les mêlées : sans état d’âme et avec l’envie de pousser. Et pousser, il n’en finit pas : après avoir poussé comme restaurateur à la halle de Narbonne, il pousse les murs dans cette même ville en créant un nouveau restaurant de 750 m2, avant de pousser jusqu’à Montpellier pour y déployer le concept Bébelle… Portrait d’un homme d’affaires qui a le sens de l’essai et le goût de la transformation.

 

« Je suis arrivé en vieux rugbyman, et j’ai commencé en jeune commerçant », dit Gilles Belzon en expliquant que, en fin de carrière sportive, il a racheté « un petit coin de bar » dans la halle avec l’intention « d’en faire quelque chose ». Se souvenant que, sous le maillot, ses coéquipiers l’appelaient « Bébelle », il inscrit « Chez Bébelle » sur l’enseigne.
Prolixe, il raconte comment il a débuté, avec sa sœur, en lustrant 13 petits mètres de zinc. Il s’ennuie vite et décide alors « d’essayer un peu de restauration, quelques plats au comptoir ». Il n’en fallait pas davantage pour que son tempérament reprenne le dessus : il transforme cet essai en une véritable aventure. Plus encore : un concept. « J’ai gardé l’esprit rugby : l’équipe, la famille, la convivialité ». Il secoue la torpeur du marché couvert. D’abord, tout ce qui se consomme vient de la halle. Ensuite, on évite les chichis et, clients ou voisins de loge, tout le monde participe. Plus qu’un restaurant « Chez Bébelle » devient un théâtre où les commandes sont passées… par mégaphone !

 

 

Une équipe, les produits du terroir, les gens d’ici : j’ai mis tout ça au shaker… et voilà ! De toute façon, si on ne crée pas d’esprit, on ne crée pas de volonté.

Gilles Belzons, fondateur et dirigeant de Chez Bébelle

 

Toutefois, derrière le folklore se cache désormais une grosse affaire. « Chez Bébelle » c’est maintenant 65 mètres de comptoir, une centaine de couverts « en moyenne » par jour, 14 salariés en haute saison et 400 000 euros de chiffre d’affaires annuel. Voilà pour le « Bébelle » historique car, en 2019, Gilles Belzons entre sur un autre terrain. Il a racheté, toujours à Narbonne, un ancien supermarché de 750 m2 qu’il a transformé… en restaurant. Ce sera « La Maison Bébelle » qui ouvrira en août avec 15 salariés. Il récidive à Montpellier, où il investit en juin le marché couvert du Lez pour y reconduire, avec 10 salariés supplémentaires, la formule qui a fait son succès à Narbonne. Et, pour finir, il vient d’ouvrir deux boutiques et créer deux autres emplois pour lancer une marque de vêtements et accessoires de mode pour femmes, « 15 août ». « Simples et sans chichis, dans l’esprit famille et région », plaide-t-il une fois encore.

 

 

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PORTRAITS
Rencontre avec ALEXANDRE TISSERANT, directeur général de Kinéis

Avec Kinéis, CLS se connecte avec le New Space

 

Ambitieuse, la jeune société créée par CLS avec le soutien du Cnes souhaite s’imposer comme un acteur majeur du New Space et offrir un nouveau service de connectivité basse consommation des objets par satellite autour de la technologie Argos.

 

Longtemps chasse gardée des États et des agences spatiales, le secteur de l’espace est depuis quelques années bouleversé par l’arrivée de centaines d’entreprises regroupées sous le terme de New Space. Dans un marché ouvert à la concurrence qui connaît une remise en cause de ses modèles économiques, l’innovation est essentielle. Filiale de CLS, la société Kinéis, qui a vu le jour à l’été 2018, fait partie de cette constellation. L’ambition est claire, lancer la première constellation de 20 nanosatellites européens dédiés à l’IoT. Pour cela, la start-up peut s’appuyer sur l’expertise régionale, tant en matière d’espace que de connectivité. Par son histoire, Kinéis bénéficie ainsi des compétences du Cnes et de l’expertise commerciale de CLS. Mais, comme l’indique son directeur général Alexandre Tisserant, la société travaille également en partenariat avec Nexeya, en charge de la plateforme des nanosatellites, et Thales Alenia Space, qui s’occupe de l’architecture du système et d’une partie des charges utiles avec l’entreprise Syrlinks.

« L’idée est d’offrir une meilleure performance à la technologie Argos et de densifier le réseau de satellites, qui n’en compte que sept à l’heure actuelle », explique Alexandre Tisserant. L’explosion de l’IoT et l’émergence du New Space ont en effet eu un impact sur cette technologie, qui était à l’origine de la création de CLS. Devenu un acteur majeur de services à partir de données spatiales, CLS va désormais se concentrer sur ce cœur de métier. « Kinéis va devenir un fournisseur de connectivité et gérer la partie infrastructures. Et cela va aussi permettre de sortir de la culture historique de CLS pour adresser de nouveaux marchés », détaille le directeur général.

 

Kinéis va devenir un fournisseur de connectivité et gérer la partie infrastructures. Et cela va aussi permettre de sortir de la culture historique de CLS pour adresser de nouveaux marchés.

Alexandre Tisserant, directeur général de Kinéis

 

D’ici la mise en orbite des satellites prévue fin 2021 début 2022, Kinéis va donc gérer les sept satellites Argos et développe une puce miniaturisée permettant d’envoyer des signaux, afin de se tourner vers des marchés comme la pêche artisanale en Afrique de l’Ouest, l’élevage d’animaux sur de grandes étendues en Australie ou en Russie. Les sports extrêmes et la logistique, où les besoins explosent, sont également dans le viseur de Kinéis. « Nous devrions enregistrer un chiffre d’affaires de quelques millions d’euros cette année, assure Alexandre Tisserant. Et nous sommes en train de finaliser une levée de fonds d’une centaine de millions d’euros. » L’objectif est donc d’aller très vite et l’entreprise devrait passer de 15 à 30 salariés d’ici à la fin de l’année pour accompagner son développement.

 

 

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Rencontre avec NAWAL OUZREN, Directrice Générale de Sensorion

Sensorion, des molécules au service de l’écoute

 

L’entreprise héraultaise développe des médicaments contre les maladies de l’oreille interne telles que la surdité ou les acouphènes. Elle vient de nouer un partenariat avec l’Institut Pasteur et confirme, ainsi, le bien fondé du concept de cette biopharma qui valide aussi la fertilité de l’écosystème autour de l’INSERM de Montpellier.

 

La voie menant les biopharmas vers l’autorisation de mise sur le marché de leurs molécules est un éprouvant chemin strictement borné. Créée en 2009, la société Sensorion est spécialisée dans le développement de molécules destinées au traitement des maladies de l’oreille interne telles que vertige, acouphènes ou surdité, que celles-ci soit lentes ou brusques. L’entreprise fonde son savoir-faire sur trois piliers : le traitement, la prévention, et la restauration. Ainsi, cette spin-off née de l’esprit de chercheurs de l’INSERM de Montpellier travaille actuellement sur deux molécules, le Séliforant et l’Arazasetron, en cours d’études cliniques de phase II. Fin novembre, l’entreprise a annoncé « avoir terminé le recrutement et le dosage des patients dans le cadre d’une étude de phase 2a visant à confirmer que le Séliforant n’affecte pas la vigilance et les fonctions cognitives des patients durant un dysfonctionnement vestibulaire. Le maintien de ces deux fonctions est très important puisque les médicaments prescrits aujourd’hui contre les vertiges sont sédatifs et empêchent le patient d’être en pleine capacité de ses moyens durant le traitement”, explique Nawel Ozran, la Directrice Générale de Sensorion. Cotée à la Bourse de Paris, l’entreprise a, comme de nombreuses biopharmas, dévissé cette année et vu sa valeur quasiment divisée par quatre depuis janvier. “Dans la perspective d’entrer sur une phase III, très coûteuse, nous sommes ouverts à toutes les options y compris un partenariat avec une Big Pharma. Il est certain que passer un cap d’études supplémentaires accélérerait les choses”, détaille la Directrice Générale de 40 ans, récemment récompensée du Prix Women for future décerné par La Tribune. À l’instar de nombreuses sociétés du secteur, Sensorion regrette la longueur imposée pour l’administration. “Il faut attendre plus de 10 ans entre les premiers stades de développement et l’éventuelle mise sur le marché d’un médicament. Évidemment, il faut garantir la sûreté entourant celle-ci.

 

 

Il faut attendre plus de 10 ans entre les premiers stades de développement et l’éventuelle mise sur le marché d’un médicament. Évidemment, il faut garantir la sûreté entourant celle-ci.

Nawal Ouzren, Directrice Générale de Sensorion

 

Cependant, des moyens techniques comme les séquençages ADN, l’analyse des données poussée et l’intelligence artificielle nous permettent aujourd’hui d’accélérer, sans pour autant faire de raccourcis”, plaide la dirigeante qui vient d’annoncer être entrée en négociation exclusive avec l’Institut Pasteur sur des programmes de thérapie génique ciblant les pertes d’audition.

 

 

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Rencontre avec OLIVIER LE LANN, CEO de l’entreprise Eva

Eva, par la voie des airs

 

Implantée il y a un an à Toulouse en raison de la dynamique de l’écosystème local et régional, l’entreprise Eva fait le pari des véhicules électriques volants. En pleine phase d’accélération, elle cherche des partenaires français pour l’industrialisation de son appareil qui suscite des convoitises, notamment en Asie.

 

« J’ai lancé Tesla en Corée. On vendait la vitesse, la liberté, mais la seconde d’après, les gens se retrouvaient dans les embouteillages », confie Olivier Le Lann, CEO de l’entreprise Eva, pour expliquer sa volonté de développer un véhicule qui emprunte la voie des airs. Après un travail de plusieurs mois sur un projet viable sur le plan technique et financier, il quitte le groupe d’Elon Musk pour lancer sa propre société avec trois associés. « Nous avons regardé les opportunités dans le monde entier : Seattle, la Californie, Singapour et même Tokyo, où j’étais basé, indique le CEO. Mais c’est à Toulouse qu’il y avait les meilleurs talents pour l’aéronautique, les fournisseurs… C’est un très bon choix que l’on ne regrette pas. »

Parti d’une feuille blanche, Eva conçoit à Francazal un appareil unique, compact (5 m x 2 m), capable de décoller verticalement et de replier ses ailes et disposant d’une autonomie de 250 km à 250 km/h. De nombreuses collectivités sont intéressées mais ce véhicule est également destiné à des marchés militaires, de sauvetage ou à des flottes de taxi. « Nous ne cherchons pas à remplacer les hélicoptères ou les petits avions. C’est un appareil silencieux et nous travaillons sur la pigmentation des ailes pour qu’elles s’adaptent à la couleur du ciel », ajoute Olivier Le Lann. Dans cette logique de limitation de tout type de pollution, la société a choisi une motorisation électrique. Elle travaille en collaboration avec le CEA Tech de Labège sur l’optimisation des batteries et « 90 % de nos fournisseurs sont régionaux », précise le fondateur. L’entreprise est aussi présente sur le Technopole de Castres-Mazamet.

 

Nous travaillons en collaboration avec le CEA Tech de Labège sur l’optimisation des batteries et 90 % de nos fournisseurs sont régionaux.

Olivier Le Lann, CEO de l’entreprise Eva

 

Un prototype au 1/5 a déjà été mis au point et Eva a, par ailleurs, développé un véhicule à l’échelle 1/2 afin de valider certains choix techniques. Seule entreprise française sur ce marché, Eva fait face à une dizaine de concurrents dans le monde et cherche désormais à accélérer. « Nous avons besoin de capitaux. Aujourd’hui, nous avons des petits investissements de Tesla et nous sommes soutenus par Capitole Angels, Initiative Tarn et Crealia. » La volonté est d’implanter l’usine de production en France mais Olivier Le Lann assure être sollicité par plusieurs investisseurs asiatiques. Il se donne quelques semaines pour tenter de convaincre les collectivités et les investisseurs potentiels de l’intérêt de faire un « champion français du secteur ». En pleine levée de fonds, Eva a signé un accord sur la mobilité urbaine avec Toulouse Métropole et assure que la R&D restera à Toulouse. « Pour le reste, nous avons deux scénarios. Nous cherchons jusqu’à 10 M€ en fonction des conditions », conclut Olivier Le Lann, conscient de la nécessité de franchir rapidement un cap.

 

 

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PORTRAITS
Rencontre avec CAROLINE KRUG, Présidente des Tanneries Pechdo

Tanneries Pechdo,
l’innovation dans la tradition

 

Héritières d’un savoir-faire plus que centenaire, les Tanneries Pechdo de Millau doivent innover pour poursuivre leur développement. La nouvelle dirigeante, Caroline Krug, qui a repris l’entreprise à 100 % il y a un an, souhaite ainsi diversifier l’activité.

 

On ne compte plus aujourd’hui que cinq tanneries dans l’Aveyron, dont 4 à Millau. Parmi elles, les Tanneries Pechdo, créées en 1900, disposent d’un outil de fabrication entièrement refait dans les années 1970 qui lui permet aujourd’hui une production totalement intégrée. Une fierté pour Caroline Krug, entrée dans le capital de l’entreprise il y a environ 5 ans et seule propriétaire depuis un an, qui privilégie par ailleurs les circuits courts. « Le travail du cuir est un vrai savoir-faire français. Il faut plus de 30 opérations pour arriver au cuir à partir des peaux que nous récupérons auprès des abattoirs. » L’entreprise accorde également une attention particulière à l’impact environnemental de son activité avec, notamment, sa propre station d’épuration pour respecter, voire aller au-delà, les normes européennes en matière d’environnement. « C’est un pré-requis, une évidence dans notre secteur », assure Caroline Krug.

 

 

Le travail du cuir est un vrai savoir-faire français. Nous avons développé des cuirs anti-feu, des cuirs hydrofuges et imperméables. Notre dernière innovation est un cuir d’agneau lavable en machine.

Caroline Krug, Présidente

 

Les Tanneries Pechdo, parmi les dernières tanneries indépendantes, se distinguent en outre par les marchés qu’elles ont pu adresser grâce à leurs compétences. En étant la seule entreprise européenne à travailler les flancs de bovins, qui fournissent un cuir souple, elle s’est en effet spécialisée dans la conception de gants, et notamment de gants techniques pour l’armée, les pompiers, la police ou certains sports. Mais les Tanneries Pechdo comptent également comme clients des maisons de mode, qu’il s’agisse de luxe ou de sportswear. « Nous avons développé des cuirs anti-feu, des cuirs hydrofuges et imperméables. Notre dernière innovation est un cuir d’agneau lavable en machine », détaille Caroline Krug, passée notamment par le groupe LVMH. Arrivée pour diversifier l’activité et conquérir de nouveaux marchés, elle est très attachée à l’innovation, comme en atteste la présence d’un laboratoire en interne, et cherche pour cela à développer les partenariats. Adepte du « Made in France », Caroline Krug multiplie les participations à des salons pour sensibiliser les grandes marques à ce savoir-faire patrimonial.

 

 

 

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