INTERVIEW
 

Christine Bardinet, directrice régionale Occitanie de la Banque de France

 

Diplômée de l’université Paris Dauphine, de l’école supérieure de commerce de Tours et de l’Institut des Hautes Études de Défense Nationale, Christine Bardinet a rejoint la Banque de France en 1998. Elle en est, depuis le printemps 2023, la directrice régionale Occitanie. Pur produit de cette grande Maison, elle était auparavant Directrice générale adjointe des ressources humaines de la Banque de France à Paris.

 

Vous avez découvert notre (grande) région lors de votre prise de fonction officielle au printemps. Quel regard portez-vous sur l’économie de celle-ci, ses forces et ses faiblesses ?

Christine Bardinet : En un peu plus de six mois de présence sur le territoire au contact des représentants de l’écosystème mais aussi des élus, représentants de l’État et de ses services, j’ai effectivement découvert une grande région, forte de nombreux atouts qui sont le fruit de sa diversité. À la diversité géographique et sectorielle s’ajoute celle des typologies d’entreprises, avec notamment une forte représentation de PME. J’ai relevé la grande solidarité des chefs d’entreprise de notre région, la forte attractivité des deux métropoles et la jeunesse de la population d’Occitanie, bien servie par l’offre de formations disponible sur l’ensemble du territoire. Parmi les axes d’amélioration, je citerai l’accessibilité avec Paris et les grandes villes de France notamment, moins aisée que pour d’autres régions françaises. La région compte deux French Tech et les brevets déposés en Occitanie sont nombreux. Il convient de les valoriser à leur juste valeur en travaillant sur le « faire savoir ». D’un point de vue structurel, il me semble qu’il y a un fort enjeu de transformation du tissu économique pour aider les PME à devenir des Entreprises de Taille Intermédiaire (ETI), qui font la force des territoires vis à vis de la concurrence européenne et internationale. Enfin, je note que la région illustre le paradoxe français et conjugue un grand nombre d’emplois vacants et un taux de chômage supérieur de 1,5 à 1,6% à la moyenne nationale, posant la question des compétences, de la formation initiale et professionnelle pour répondre aux enjeux de demain. En résumé, l’Occitanie est, à juste titre, reconnue pour ses vitrines et ses locomotives et peut-être méconnue pour la force que lui confère sa diversité.

 

La Banque de France est une institution à laquelle les entreprises ne pensent pas toujours spontanément. Quels messages souhaitez-vous adresser aux dirigeants d’Occitanie ?

CB : La Banque de France a trois missions fondamentales : la stratégie monétaire (elle consiste actuellement à ramener l’inflation à 2%), la stabilité financière (c’est la capacité du système dans son ensemble -banques, assurances, investissement…- à être résilient et à susciter la confiance) et, enfin, les services à l’économie, principalement connus par la cotation Banque de France. Il s’agit, via l’attribution d’une note, d’analyser le risque, notamment concernant le défaut de remboursement de crédit. Pour les entreprises, cette notation conditionne l’accès au crédit dans les meilleures conditions. Nous assurons également le rôle de médiation du crédit en région et je rappelle que, à ce titre, l’instruction de médiation du crédit est totalement gratuite pour les entreprises. La Banque de France fait également partie de l’écosystème mobilisé auprès des entreprises en difficulté au titre de notre expertise sur les entreprises. Enfin, nous sommes très attentif à l’évolution des délais de paiement. Le message à adresser, ou à rappeler, aux dirigeants est simple. La Banque de France Occitanie avec son réseau départemental est un interlocuteur fort des entrepreneurs durant toutes les étapes de vie de leur entreprise (création, développement, difficultés, transmission).

 

La Banque de France Occitanie est, avec son réseau départemental, un interlocuteur fort des entrepreneurs durant toutes les étapes de vie de leur entreprise (création, développement, difficultés, transmission).

Christine Bardinet, directrice régionale Occitanie de la Banque de France

 

Quels sont les éléments à retenir de votre dernière enquête régionale de conjoncture. Que disent-ils de la dynamique économique de l’Occitanie et des perspectives pour 2024 ?

CB : 2023 sera une meilleure année qu’initialement prévu pour l’économie française puisque nous avons revu à la hausse notre prévision de croissance en la passant de 0,3% fin décembre à 0,6, puis 0,7% et enfin 0,9% en septembre 2023. Cette année succède à une très belle année 2022, bien que déjà marquée par le démarrage de l’inflation consécutive à la sortie de la crise Covid. En termes de croissance, 2024 devrait être au niveau de 2023, soit 0,9%. Ce n’est qu’en 2025 que nous devrions renouer avec un niveau plus soutenu, à 1,3% de hausse de PIB. Notre enquête présentée en octobre indique que tous les secteurs de l’économie régionale -industrie, services marchands et bâtiment- ont connu une progression de leur activité en septembre. Les prix sont restés globalement stables avec, cependant, un fléchissement sur les matières premières dans l’agroalimentaire et une légère hausse des prix des devis dans les travaux publics. Concernant les trésoreries, le mouvement de repli engagé depuis plusieurs mois -avec notamment des tensions dans les équipements électroniques, les services administratifs et l’hébergement- se poursuit. En termes d’emploi, les dirigeants ont réussi à recruter dans l’industrie et les travaux publics, alors que les effectifs ont globalement peu évolué dans les services marchands. Ils ont, en revanche, reculé dans le bâtiment. Les semaines à venir seront généralement favorables à l’ensemble des secteurs, même si l’incertitude est souvent évoquée pour 2024 suite au raccourcissement des carnets de commandes dans l’industrie et le bâtiment. Comme évoqué précédemment, 2024 devrait être une année de transition et non dénuée de complexité, a fortiori compte tenu des inconnues liées aux différentes tensions géopolitiques. Parallèlement, nous mettons tout en œuvre pour ramener l’inflation vers 2% d’ici début 2025, le conseil des Gouverneurs du 25 octobre ayant, pour la première fois depuis plus d’un an, maintenu les taux d’intérêt stables.

 

Dans un contexte qui demeure compliqué pour les entreprises, où en sont les remboursements de PGE (Prêt garanti par l’État) et quel regard portez-vous sur l’augmentation -récente- des retards de paiement ?

CB : Sur le sujet des PGE, le taux de remboursement national est actuellement de près de 50%, ce qui est conforme aux prévisions, c’est-à-dire pas supérieur à date au taux de défaut prévu. Concernant le sujet de l’augmentation des délais de paiement, à ce jour, ils n’ont en fait pas augmenté si significativement au plan macroéconomique et ne sont majoritairement pas le fait des petites entreprises. Certaines TPE-PME en difficulté -notamment du bâtiment, du commerce ou de la restauration/hôtellerie- ayant des difficultés de trésorerie ont tendance, effectivement, à décaler leurs paiements mais ce n’est pas généralisé. La concomitance de l’inflation, des tensions sur les trésoreries, des remboursements de PGE -voire le paiement d’arriérés d’Urssaf- et de la baisse des carnets de commandes peut rendre la situation de certaines entreprises délicates et fera l’objet de toute notre attention en 2024.

 

 

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INTERVIEW
 

Nicolas Hazard, fondateur et Président d’INCO

 

Nicolas Hazard est fondateur et Président d’INCO, fonds d’investissement socialement responsable créé en 2010. Conseiller spécial de la Commission européenne pour l’économie sociale et solidaire depuis 2020, il est convaincu que l’avenir s’écrira dans les territoires et vient d’inaugurer « La Résidence », l’incubateur des start-ups de la ruralité, à Saint-Bertrand-de-Comminges.

 

Pouvez-vous présenter en quelques mots votre groupe, le concept, la genèse, les grandes dates ?

Nicolas Hazard  : Fondé en 2010, INCO est un groupe présent dans 140 pays qui œuvre pour une nouvelle économie plus inclusive et plus durable : un leader mondial de l’économie sociale et environnementale. Concrètement, nous accompagnons à la fois les entreprises dans leur développement, à travers des fonds d’investissement, mais aussi dans leur phase de décollage, via des incubateurs. Nous avons à cœur de démontrer qu’il est possible d’allier rentabilité économique et impact social et environnemental important. Ainsi, ce sont plus de 700 entrepreneurs que nous accompagnons chaque année dans des domaines aussi variés que l’écologie, l’accès au logement, la santé, l’accès à l’emploi… Nous gérons ou conseillons en parallèle plus de 600 millions d’euros d’investissements. Mais ce n’est pas tout. L’économie de demain, ce n’est pas que des entrepreneurs mais aussi des salariés ! Or, inventer ce nouveau paradigme nécessite de former aux métiers de demain le plus grand nombre, en particulier les personnes éloignées de l’emploi. Ce sont près de 200 000 personnes que nous avons formées l’année dernière sur tous les continents. Enfin, pour que phosphore l’innovation, nous avons récemment développé une activité de tiers lieux, des espaces hybrides répondant aux besoins d’espaces de travail et de mise en réseaux d’acteurs économiques locaux. Et c’est en Haute-Garonne, et plus précisément à Saint-Bertrand-de-Comminges, que nous avons développé notre premier pilote mondial.

 

L’Occitanie est un territoire composé à 60 % de zones de hautes et moyennes montagnes où 4 087 communes composent les espaces ruraux (soit 92% des communes de la région) ET, en même temps, un territoire d’innovation. Est-ce cela qui vous a conduit à « INCOccitaniser » votre projet avec l’accélérateur Incoplex et « La Résidence » ?

NH : L’Occitanie est un véritable territoire d’innovation, reconnu dans le monde entier. C’est pour cette raison que nous avons décidé il y a quelques années d’installer notre siège français sur ce territoire. INCO a implanté ses racines et puise son inspiration en Haute-Garonne. Nous en sommes très fiers. Ce que nous sommes en train d’expérimenter ici est à la fois passionnant et très innovant. Notre but est d’exporter partout sur la planète ce que nous avons testé ici : les enseignements que nous en avons tirés et le formidable potentiel que cela représente. À Saint-Bertrand-de-Comminges, nous souhaitons créer une vitrine avec l’ensemble des acteurs du territoire pour accélérer une vraie dynamique régionale, qui démontre que l’innovation n’est pas seulement l’apanage des grandes métropoles, mais que les territoires ruraux ont une place de choix dans la construction d’un monde meilleur. Notre tiers lieu est ouvert à toutes et tous et se tourne résolument vers les générations futures. En tant qu’investisseur, INCO a déjà investi près de 30 millions d’euros en Occitanie et nous ne souhaitons pas nous arrêter là. Notre incubateur, situé dans le vieux Toulouse, est là aussi pour aider tous ces néo-entrepreneurs qui inventent les solutions pour répondre au défi écologique et social auquel nous sommes confrontés. Contrairement à ce que certains pensent, il n’y a pas que l’aéronautique à Toulouse ! Il est surprenant de voir la très forte vitalité et la créativité présentes dans tous les domaines.

 

La Résidence de Saint-Bertrand-de-Comminges est le premier tiers lieu en zone rurale dédié aux solutions innovantes, en réponse aux défis des territoires ruraux et de ceux qui y vivent. D’autres projets sont déjà en cours de discussion dans la région, notamment dans des lieux pyrénéens emblématiques.

Nicolas Hazard, fondateur et Président d’INCO

 

Pouvez-vous présenter votre incubateur des start-ups de la ruralité, inauguré le 26 juin, et revenir sur la vision que vous portez des territoires, avenir de l’économie de demain ?

NH : La Résidence de Saint-Bertrand-de-Comminges est le premier tiers lieu en zone rurale dédié aux solutions innovantes en réponse aux défis des territoires ruraux et de ceux qui y vivent. Une sorte de Villa Medicis de la ruralité. L’idée est née d’ateliers avec les habitants du village, afin de créer un lieu pour faire éclore des solutions aux grands besoins du territoire. Que ce soit en termes d’alimentation, de redynamisation de l’économie locale, de mobilités ou de production d’énergies renouvelables. Une promotion pilote avait déjà été lancée pour définir l’ADN du projet et les services que La Résidence pouvait assurer. Fort de son succès et de l’engouement que cela a généré, la Résidence proposera à la fois d’accompagner des entrepreneurs de la ruralité (à travers des dispositifs d’hébergement, de partage d’espace de travail, de mentoring et de mise en réseau), mais aussi de former les jeunes du Comminges aux métiers de demain, et offrira des services de proximité aux habitants du village et des alentours. Car cette magnifique aventure collective a été conçue à la fois par et pour les habitants du massif pyrénéen.

 

L’Occitanie est la 2e plus grande région de France : pourrait-il y avoir un essaimage de « Résidences » dans l’Aveyron, le Gers, le Lot, la Lozère et l’Ariège, qui comptent parmi les départements les moins peuplés de France et où l’invention d’un nouveau modèle de développement économique prendrait tout son sens et tout son intérêt ?

NH : Absolument ! Chez INCO, nous sommes convaincus qu’en matière d’énergie, de santé, de mobilité, de lutte contre les inégalités, de relocalisation, d’éducation, d’agriculture, c’est à l’échelle locale que les alternatives s’élaborent. Que les individus, les entreprises et les institutions peuvent transformer le monde pour le rendre plus juste et plus respectueux de l’environnement. Il est impératif aujourd’hui d’agir local pour avoir un impact global. Et la crise économique, écologique et sanitaire est une opportunité exceptionnelle pour réinventer nos territoires, les placer au cœur de cette nouvelle économie qu’il est urgent de développer. Nous irons partout où nous pouvons être utiles pour relancer des dynamiques territoriales. D’autres projets sont déjà en cours de discussion dans la région, notamment dans des lieux pyrénéens emblématiques. Nous souhaitons faire la preuve que notre modèle peut fonctionner partout, car je suis convaincu qu’il n’y a pas de fatalité économique. En mettant les acteurs privés, publics et la société civile autour de la table, on peut recréer de l’activité et endiguer les criantes inégalités territoriales.

 

 

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INTERVIEW
 

Bruno Darboux, Président d’Aerospace Valley

 

Présent sur l’Occitanie et la Nouvelle Aquitaine, le pôle de compétitivité aéronautique et spatial est un animateur majeur du développement économique de notre région. Créé en 2005, il s’apprête à entrer dans la phase 5 de son développement. L’occasion de faire le point sur son activité, ses ambitions et les filières régionales avec son Président Bruno Darboux.

 

Comment se portent aujourd’hui les filières aéronautique et spatiale au niveau régional ?

Bruno Darboux : L’aéronautique est sortie de la crise Covid sur le plan du transport aérien, avec un retour aux chiffres de 2019 au niveau mondial, ce qui est une bonne nouvelle. Cela se répercute sur les prises de commande et la volonté de monter en cadence des avionneurs. En revanche, la crise Covid a profondément désorganisé les chaînes logistiques, l’approvisionnement et la production et les conséquences se font toujours sentir, entraînant des difficultés pour atteindre les objectifs de montée en cadence ambitieux. Enfin, il y a aussi des problématiques de recrutements. Pour le spatial, il existe des perspectives de croissance à concrétiser. Si l’Europe en général a un temps de retard sur les États-Unis dans le domaine des lanceurs, avec les difficultés de Vega C et le retard d’Ariane 6, nous avons une capacité évidente en ce qui concerne les satellites, notamment avec des acteurs comme Airbus D&S et Thales Alenia Space, mais aussi des entreprises positionnées sur les nanosatellites ou des fournisseurs. Nous avons en région une force de frappe importante. Le marché des constellations en orbite basse est en plein boom, de même que celui de la défense, pour lequel la présence du Commandement de l’espace à Toulouse est un atout formidable. Leur laboratoire d’innovation est d’ailleurs hébergé par Aerospace Valley. Et puis, il faut se positionner sur l’exploitation des données spatiales, notamment autour du climat. C’est le sens de notre initiative Scale.

 

Quel bilan tirez-vous de l’action d’Aerospace Valley en 2021-2022 ?

BD : Nous sommes sortis d’un exercice qui correspondait à la fin de la crise Covid. Cela nous a permis de rebondir en termes d’événements en présentiel. La mise en relation entre les acteurs demeure l’une des valeurs ajoutées du pôle et les événements ont eu beaucoup de succès. Nous avons également observé une remontée des volumes de projets labellisés. Entre le 1er avril 2021 et le 31 mars 2022, 144 projets ont ainsi été soutenus, et 64 projets financés à hauteur de 30,50 M€. Nous sommes vraiment sur une dynamique positive, avec également une croissance du nombre de membres, aujourd’hui à 860, dont 600 PME.

 

Nos événements sont un creuset pour faire jaillir des innovations. Mais, à côté de ça, Aerospace Valley mène un travail de fond, avec des ateliers, des visites aux entreprises, la labellisation ou le développement de start-ups, d’autant que notre accélérateur, District, s’est élargi aux filières aéronautiques, drones et numériques.

Bruno Darboux, Président d’Aerospace Valley

 

Vous parliez des événements. Est-ce essentiel pour créer une dynamique d’innovation et attirer de nouveaux talents au niveau local ?

BD : L’attractivité vers l’industrie, et l’industrie aéronautique et spatiale, est une des actions que nous devons mener. Les événements comme les hackathons pour le compte du Cnes ou du Commandement de l’espace participent, je pense, à cette attractivité. Nous organisons de nombreux événements en présentiel, axés sur des filières ou des thématiques, comme l’intelligence artificielle ou la mobilité durable. C’est aussi un creuset pour faire jaillir des innovations. Mais, à côté de ça, Aerospace Valley mène un travail de fond, avec des ateliers, des visites aux entreprises, la labellisation ou le développement de start-ups, d’autant que notre accélérateur, District, s’est élargi aux filières aéronautiques, drones et numériques.

 

L’un des enjeux majeurs de l’aéronautique est la décarbonation du secteur. Comment Aerospace Valley accompagne-t-il cette évolution nécessaire ?

BD : C’est évidemment une transformation impérative mais qui ne doit pas être vécue comme une contrainte. Elle nécessite une forte collaboration entre industriels et institutionnels, qui dépasse le cadre local. La décarbonation représente cependant une double opportunité pour le territoire. Une opportunité de développement économique, puisque le Sud-Ouest de la France se positionne comme le fer de lance en matière technologique. Cela doit nous permettre de prendre de l’avance et, à moyen-long terme, des parts de marché. Encourager cela est aussi la vocation d’Aerospace Valley. La deuxième opportunité concerne les carburants alternatifs, alors que la France a montré une intention claire de production sur le territoire, qui offrirait une souveraineté dans le domaine. Sur ce sujet, le pôle fait partie de l’initiative conjointe menée avec Airbus, ATR, la Région, l’État et l’aéroport Toulouse-Blagnac pour déployer la production et l’utilisation des SAF au-delà des minimums demandés. Par ailleurs, nous poussons les entreprises à participer au projet Corac sur les technologies pour l’avion vert et nous sourçons les idées innovantes des PME locales pour la DGAC. L’initiative Maele (Mobilité Aérienne Légère et Environnementalement responsable) a fait émerger des acteurs comme Aura Aéro ou Ascendance Flight Technology et l’aviation légère un formidable laboratoire d’expérimentation qui peut profiter à toute la filière. Ces petits avionneurs se sont d’ailleurs associés pour avancer plus vite dans certains segments.

 

Au niveau national, le gouvernement affiche une volonté de réindustrialisation. Si des exemples comme Aura Aéro ou la nouvelle chaîne d’assemblage d’Airbus vont dans le bon sens, les annonces de Latécoère peuvent inquiéter. Comment se positionne Aerospace Valley à ce sujet ?

BD : Nous sommes convaincus qu’il existe de vraies opportunités de maintien et de développement des emplois industriels sur le territoire. Nous avons les compétences, la capacité à innover dans les façons de produire pour être compétitifs en matière de coût et des atouts forts en matière de vertus environnementales et RSE. La nouvelle chaîne d’assemblage d’Airbus est un bel exemple et plusieurs groupes modernisent leurs usines, comme Mecachrome ou Liebherr. Le pôle est d’ailleurs partenaire de la plateforme Pad’Occ, sorte d’usine école pour former les étudiants à l’industrie du futur. Aerospace Valley encourage les PME à y mener des expérimentations avant d’éventuels investissements.

 

On oublie souvent la filière drones. Quel regard portez-vous sur ce secteur au niveau régional ?

BD : Il n’est pas encore bien structuré mais les applications utilisant des drones se multiplient, avec un marché en croissance de 10 % par an. Nous devons mieux mettre en relation les besoins et les entreprises pouvant apporter des solutions, notamment pour les groupes qui gèrent des réseaux d’énergie ou de transport. La surveillance des parcs éoliens en mer est aussi une opportunité. Nous avons des pépites, comme Delair, et les entreprises se structurent petit à petit au sein de l’Association du drone de l’industrie française (Adif)

 

Pour finir, quelles sont les priorités du pôle pour les années à venir ?

BD : Nous allons entrer dans la phase 5 des pôles de compétitivité, pour la période 2023-2026. C’était l’occasion de réviser notre stratégie et d’afficher nos ambitions. Nous avons défini 6 priorités : dynamiser l’innovation ; favoriser la transition écologique des filières aérospatiales ; accélérer la transition numérique ; contribuer à la disponibilité des compétences émergentes nécessaires à nos filières ; contribuer à la croissance et à la sécurisation des effectifs pour assurer le futur de nos filières ; se positionner comme un acteur reconnu à l’échelle nationale, européenne et mondiale.

 

 

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INTERVIEW
 

Benoit Chambon, cofondateur de La Côte et l’Arête

 

Et si La Côte et l’Arête était la prochaine success story des enseignes occitanes ? Le nombre de restaurants en France devrait en effet doubler d’ici à fin 2024. Loin de ces considérations, Benoit Chambon, qui a fondé l’entreprise avec son frère Ivan en 2009, cultive le goût d’une cuisine simple, gourmande, à base de produits frais. Les ingrédients d’un succès qui ne demande qu’à se confirmer.

 

Pourquoi vous être lancés dans la restauration avec votre frère ?

Benoit Chambon : Nous travaillions tous les deux dans les salles de sport Scandia de nos parents et nous avions vocation à reprendre l’affaire. Mais une opportunité s’est présentée avec un restaurateur indépendant qui avait un club house à proximité d’une de nos salles. Nous avons récupéré le restaurant et on s’est lancé, à 27 ans, même si on ne connaissait rien à ce milieu. Tout ça s’est fait en fonction de nos goûts, de nos convictions, par passion.

 

Depuis 2009, l’enseigne s’est largement développée. Comment expliquez-vous ce succès ?

BC : Je ne sais pas si on peut parler de succès, mais, en effet, nous avons ouvert de nombreux restaurants, avec notamment un bond depuis 2 ou 3 ans. Nous comptons aujourd’hui 11 restaurants en propre et 5 franchises La Côte et l’Arête. Notre réputation s’est faite autour du fait maison et des produits frais. Nous ne faisons pas de surgelé ou de sous vide, car ce n’est pas la rentabilité qui nous anime. Notre cuisine est simple, sans prétention, mais gourmande, car c’est ce que nous aimons, avec une vraie attention à nos clients. Nous proposons la même offre partout. Nous enregistrons en moyenne 5 000 à 6 000 couverts par mois par restaurant. Nos franchisés affichent un chiffre d’affaires moyen de 2M€ HT, avec un retour sur investissement entre 3 et 5 ans. Notre chiffre d’affaires est d’environ 25M€ et nous comptons aujourd’hui 250 à 300 collaborateurs. À cette enseigne, il faut ajouter trois restaurants Il Popolo, en propre. Nous avons lancé ce concept italien et convivial il y a 5 ans, et le modèle économique est encore à trouver.

 

D’ici environ cinq mois, nous allons ouvrir une franchise à Issy-les-Moulineaux, en région parisienne. Et quatre autres sont dans les tuyaux, au deuxième semestre 2023, à Brest, Lille et en Ile-de-France. Il est important de consolider le groupe même s’il est envisageable de doubler le nombre de nos restaurants d’ici à fin 2024.

Benoit Chambon, co-fondateur du restaurant La Côte et l’Arête

 

Comment voyez-vous évoluer votre groupe ?

BC : Nous sommes toujours en train d’innover, de faire évoluer notre concept. Et la croissance rapide de La Côte et l’Arête nécessite une vraie réorganisation. Pour l’instant, le développement se fera principalement par le biais de franchises, même si on n’exclut pas d’ouvrir d’autres établissements en propre si les opportunités se présentent. D’ici environ cinq mois, nous allons ouvrir une franchise à Issy-les-Moulineaux, en région parisienne. Et quatre autres sont dans les tuyaux, au deuxième semestre 2023, à Brest, Lille et en Ile-de-France. Mais nous sommes plutôt prudents dans notre développement. Il est important de consolider le groupe même s’il est envisageable de doubler le nombre de nos restaurants d’ici à fin 2024. Ensuite, il faut aussi faire face à une évolution des attentes du personnel dans le secteur de la restauration depuis la crise Covid. Les employés veulent moins de coupure dans leurs heures de travail. C’est notamment pour cela que nous avons lancé le concept d’afterwork l’été dernier.
 
> www.lacoteetlarete.fr
 

 

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INTERVIEW
 

Olivier Rondolotto, PDG de Centrakor

 

À l’image de la société aveyronnaise La Panetière ou des haut-garonnais Irrijardin et, à un échelon moindre, Tutti Pizza, l’Occitanie sait développer des enseignes à succès. Le Toulousain Centrakor, spécialisé dans la décoration et l’équipement de la maison, fête ses quinze ans en 2022. Et son PDG Olivier Rondolotto se montre résolument optimiste alors que le groupe approche le milliard d’euros de chiffre d’affaires.

 

L’enseigne Centrakor fête ses quinze ans cette année. Pouvez-vous revenir sur les grandes dates du développement de la société ?

Olivier Rondolotto : En 2004, j’ai racheté la société Centrakor, basée à Toulouse, qui était à l’époque une centrale de référencement, qui alimentait une quarantaine de magasins aux noms différents, devenus adhérents pour bénéficier des négociations tarifaires. Très rapidement, le nombre de magasins a augmenté mais nous n’avions aucun point de vente en propre, hormis un petit magasin à Limoux. Pour progresser et légitimer notre discours auprès de nos adhérents, nous avons voulu avoir nos propres magasins et, fin 2006, s’est présentée l’opportunité de racheter la chaîne Malin Plaisir, originaire d’Occitanie, et ses 38 magasins. En un an, nous avons pu rétablir les comptes et valider notre discours. Cela nous a confortés dans l’idée que, pour être reconnus, il fallait que tout le monde soit sous une même bannière et c’est le nom de la centrale, Centrakor, qui a été retenu en 2007 avec la création de l’enseigne. Depuis, en 15 ans, nous avons connu un développement incroyable, avec 450 magasins fin 2021 et près d’un milliard d’euros de chiffres d’affaires.

 

Comment expliquez-vous justement ce succès ?

OR : Je ne me suis jamais fixé d’objectif mais j’ai toujours été passionné. Je vis Centrakor et je pense que cela est une des raisons du succès. Mais les causes sont multiples et la réussite tient beaucoup au savoir-faire de nos adhérents et de notre centrale, et au dynamisme impulsé par les adhérents, qui ont chaque jour des nouvelles idées, l’envie de se différencier. Centrakor a bousculé les codes de ce secteur du bazar ou de la solderie en redonnant ses lettres de noblesse au métier, sur un créneau où personne n’était et où nos concurrents veulent nous rejoindre aujourd’hui. Nous avons voulu vendre nos produits dans un bel environnement, pour ne pas dénaturer ces produits, qui sont de plus en plus beaux et de plus en plus qualitatifs. Pour cela, nous avons beaucoup investi dans l’aménagement de nos magasins, l’éclairage, la climatisation, les sols… Ce n’est pas parce que nos clients n’ont pas beaucoup d’argent qu’ils doivent aller dans un magasin de pauvre. Voilà ma position.

 

Nous voulons poursuivre cette dynamique avec l’ouverture d’un premier magasin en Espagne au premier trimestre 2023, pour tester le marché, et en Italie prochainement. Centrakor va aussi s’implanter en Nouvelle-Calédonie et à Tahiti.

Olivier Rondolotto, PDG de Centrakor

 

Quels sont aujourd’hui les projets de Centrakor ?

OR : En 2021, nous avons inauguré à Balma -banlieue toulousaine- notre 450e magasin, deux ans après avoir développé l’enseigne en Belgique et dans nos territoires d’outre-mer. Ce magasin de Balma, de 4000 m2, était une volonté de ma part d’avoir une vitrine de Centrakor, à l’image de deux autres points de vente de l’agglomération toulousaine, à Fenouillet et Portet-sur-Garonne. Nous en avons profité pour repenser le concept d’aménagement. Cela nous permet d’y amener des fournisseurs, des adhérents potentiels et d’organiser des événements. Nous voulons poursuivre cette dynamique avec l’ouverture d’un premier magasin en Espagne au premier trimestre 2023, pour tester le marché, et en Italie prochainement. Centrakor va aussi s’implanter en Nouvelle-Calédonie et à Tahiti. Enfin, j’espère pouvoir ouvrir un magasin à Blagnac -banlieue toulousaine toujours- où je cherche à m’installer depuis plus de 10 ans.

 

 

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INTERVIEW
 

Sylvia Casset, directrice régionale d’Ilon Matériel

 

Spécialisée dans la fourniture de services et de matériel pour les chantiers du BTP, l’entreprise perpignanaise a enregistré une croissance incroyable de 1111% entre 2018 et 2020. Le résultat d’un positionnement stratégique réussi pour cette jeune société.

 

La société a démarré son activité en 2017. Pouvez-vous nous expliquer son positionnement dans le secteur du BTP ?

Onur Pekgoz, notre PDG fondateur, s’est aperçu que les métiers de la construction étaient plus avancés à Paris qu’en région et s’est dit qu’on pouvait apporter quelque chose de différent en Occitanie. Au départ, nous vendions des engins de travaux publics et une opportunité s’est présentée pour acheter des banches métalliques d’occasion. Il s’agit d’éléments de coffrage que nous avons achetés, reconditionnés et proposés à la vente. Nous avons alors constaté qu’il y avait énormément de demande, et donc un marché à prendre, malgré la durée de vie assez longue de ces produits.

 

C’est ce positionnement qui explique votre taux de croissance impressionnant ?

Il y a selon moi plusieurs phénomènes. Depuis la création de l’entreprise, nous avions la volonté d’intervenir sur des beaux chantiers, avec des grands groupes comme Vinci, Bouygues ou Razel-Bec. Ceux-ci nous ont sollicités pour de la location et nous fournissons des services de qualité. Nous sommes parfaitement conscients de ce qu’est un chantier et des nombreux aléas que l’on peut rencontrer, c’est pourquoi Ilon Matériel est très vigilant sur les délais, la qualité du matériel fourni et la sécurité. Ce qui nous démarque de la concurrence, c’est le fait de fournir un service complet, avec un véritable rôle de conseil, et la capacité de faire déplacer des équipes de formation par exemple. Nous accordons également une importance au côté esthétique de nos produits. Lors de contrôles, l’aspect vétuste du matériel n’inspire pas confiance alors que nos produits reconditionnés, rouges, sont qualitatifs.

 

Quels sont aujourd’hui les projets d’Ilon Matériel ?

Nous étions, au début de notre histoire, une entreprise de négoce. Aujourd’hui, nous voulons clairement nous positionner sur de la prestation de services. Après trois années de très forte croissance pour atteindre un peu plus de 2,5 M€ de chiffre d’affaires, l’année 2021 a été consacrée à des investissements pour déménager le site de production, au Polygone Nord de Perpignan. Et 2022 devrait être une belle année. Nous voulons continuer à croitre. Après la ligne 18 du métro parisien, nous sommes en négociation pour trois gros projets, dans le cadre du Grand Paris, qui devraient être annoncés prochainement. Nous sommes là pour rendre un service aux entreprises de construction et nous sommes ouverts à toutes les opportunités. Nous avons par exemple aidé des entreprises perpignanaises à répondre à des marchés.

 

 

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INTERVIEW
 

Cyril Marcer, fondateur et gérant de CMultiserv

 

Créée en 2009, la société de facility management rayonne depuis Le Soler, dans les Pyrénées-Orientales. Le territoire d’origine de Cyril Marcer, qui entend contribuer au développement de son département d’origine et de cœur. Et la croissance exponentielle de CMultiserv -classé 226e dans le classement des 500 champions français de la croissance publié par Les Echos- est, en effet, un excellent moteur pour ce territoire.

 

À l’origine de CMultiserv, vous étiez deux. Aujourd’hui, l’entreprise compte 140 salariés et affiche une croissance exceptionnelle. Comment expliquer cela ?

Cyril Marcer : CMultiserv est une société de maintenance multitechnique sur les métiers de second œuvre. Nous réalisons tous les travaux liés au bâtiment, hors construction, pour les professionnels, qu’il s’agisse de dépannage électrique, de vitrerie, de serrurerie… On s’occupe également de l’aspect réglementaire, pour tout ce qui est mise aux normes handicap, incendie par exemple. Nous sommes aujourd’hui 140 collaborateurs et nous gérons plus de 82 000 sites en France pour plus de 400 clients, en nous appuyant sur des partenaires prestataires, qui connaissent notre manière de travailler. Dans un secteur où il y a de gros acteurs, je crois que nos clients recherchent des compétences spécifiques. C’est ce qui peut expliquer notre croissance continue. Sur l’exercice 2021-2022, le CA devrait atteindre 14 M€, contre 9 M€ sur l’exercice précédent. Nous serons à nouveau dans le classement des Échos des entreprises en croissance.

 

Qu’entendez-vous par compétences spécifiques ?

CM: Nos clients recherchent la réactivité, l’efficience et le sens du service. C’est ce que propose CMultiserv. Comme nous avons diversifié nos activités depuis la création, nous avons décidé de créer une holding en 2020, GATS, pour que chaque structure ait sa propre identité. En effet, on m’a toujours dit : quelqu’un qui fait tout, c’est quelqu’un qui ne fait rien. Au-delà de CMultiserv, la holding regroupe CFP 66, notre centre de formation professionnelle, mais aussi notre centrale d’achats et la société GPSC, qui fait de l’externalisation de compétence sur le gardiennage et d’autres services. Enfin, nous avons créé Dépann’heure, dédiée entièrement aux particuliers, avec la volonté de créer une trentaine d’agences en France.

 

Avec cette croissance, CMultiserv va-t-il rester dans les Pyrénées-Orientales ?

CM: Plus que jamais nous voulons essayer de développer le département, qui connaît un très fort taux de chômage. Nous recrutons régulièrement et nous recherchons actuellement 40 personnes dans l’assistanat administratif pour répondre aux appels d’offres remportés. À part Dépann’heure, qui est pour l’instant basée à Dijon où j’habite une partie du temps, toutes les autres ont leur siège au Soler ou autour de Perpignan. Nous voulons amener des compétences sur un métier qui n’existe pas encore.

 

 

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INTERVIEW
 

FILIP MERTENS,
directeur général d’ANL France

 

Cela fait désormais 30 ans qu’ANL France, l’un des plus gros thermoformeurs d’Europe, s’est installée à Cahors. Spécialiste du thermoformage sur mesure et de l’extrusion plastique, l’entreprise lotoise ne cesse de se développer. Elle fournit des emballages pour les plus grands noms de l’agroalimentaire. Interview de son directeur général et fondateur, Filip Mertens.

 

Vous êtes implantés dans le Lot depuis 30 ans. Pourquoi ce choix ?

Filip Mertens : Au début des années 1990, nous prospections pour nous installer dans le Sud-Ouest de la France, car nous avions beaucoup de clients dans la région de Bordeaux. Et nous voulions dans le même temps nous rapprocher du marché espagnol. Nous avons démarché de nombreux sites et, notamment à Toulouse, mais nous n’avons pas trouvé ce que nous cherchions. Peut-être parce que l’on ne s’appelait pas Airbus. Finalement, un bâtiment disponible à Cahors a retenu notre attention. Et nous n’avons aucune intention d’en partir puisque nous avons investi 9 M€ depuis 2018 dans de nouveaux bâtiments, pour atteindre près de 10 000 m2, et renouveler une grande partie du parc machines.

 

ANL travaille en grande partie pour le secteur agroalimentaire. Qu’est-ce qui fait votre spécificité ?

FM : En effet, nous travaillons pour les grands industriels de l’agroalimentaire comme Lindt, Mondelez, Nestlé, Martinet… Nous ne faisons que des barquettes plastiques sur mesure. C’est cette capacité à produire « le mouton à 5 pattes » qui séduit nos clients. Et sur un projet, nous allons du développement au rayon du magasin. Soit le client arrive avec un cahier des charges, soit il nous dit ce qu’il veut emballer, en quelle quantité et dans quelle taille et nous réalisons la barquette adaptée. C’est notre savoir-faire.

 

Au début des années 1990, un bâtiment disponible à Cahors a retenu notre attention. Nous n’avons aucune intention d’en partir puisque, depuis 2018, nous avons investi 9 M€ dans de nouveaux bâtiments pour atteindre près de 10 000 m2 et renouveler une grande partie du parc machines.

Filip Mertens, fondateur et directeur général d’ANL France

 

Outre l’agroalimentaire, quels sont les autres secteurs qui font appel à vous ?

FM : L’agroalimentaire représente 70 à 80% de notre activité. Elle a d’ailleurs été renforcée par la crise sanitaire car l’emballage protège les aliments des contacts humains. Le reste correspond à la production de produits techniques pour la cosmétique ou l’électronique par exemple.

Le plastique est souvent présenté comme une source énorme de pollution. Que répondez-vous à cela ?

FM : Nous ne sommes pas des pollueurs. Au contraire, nous sommes devenus la poubelle de tout le monde puisque nous travaillons 60% de matière recyclée, issue en majorité des bouteilles plastiques, que nous recevons sous forme de billes ou de paillettes. Nous participons à la décarbonation car le plastique est une des matières les plus faciles à retravailler. Nous utilisons par ailleurs de plus en plus de matière biodégradable.

Quelles sont les perspectives pour ANL France ?

FM : L’avenir de notre site passe par l’automatisation de la logistique interne. Nous allons également nous équiper d’une nouvelle machine fin 2022. Un investissement d’environ 800 000 euros. Enfin, comme beaucoup de secteurs industriels, nous sommes à l’affût de techniciens mais c’est très compliqué de recruter.

 

 

 

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INTERVIEW
 

LAURENT GAUTUN,
gérant et fondateur d’Essenciagua

 

Créée par Laurent Gautun en 2005 dans le Tarn-et-Garonne, Essenciagua a mis le cap à l’Est en 2016 pour s’installer en Lozère. L’entreprise, qui a exposé à l’Élysée en juillet 2021 dans le cadre du « Fabriqué en France », illustre l’excellence de notre territoire dans cette filière. L’Occitanie est en effet la 3e région de France productrice de plantes à parfum, aromatiques et médicinales (PPAM) avec 559 producteurs en 2019. Interview.

 

Implantée en Lozère, Essenciagua distille des plantes bio issues d’Occitanie et des terroirs français. Les 3 et 4 juillet vous représentiez l’Occitanie à la grande exposition du « Fabriqué en France » à l’Élysée. C’est une reconnaissance des vertus de l’aromathérapie ?

Laurent Gautun : Pas seulement. Certes, l’invitation de l’État est une reconnaissance de notre positionnement autour de la santé complémentaire basée sur les plantes depuis plus de 15 ans. Mais au-delà de ça, ce déplacement va nous permettre de porter aussi le savoir-faire des 3 500 TPE et PME de Lozère, terre d’entreprenariat et d’initiatives. Ici, nous avons non seulement un potentiel agricole important et varié avec les biotopes montagnards, mais aussi de nombreuses innovations en matière de santé ou de soins. Aujourd’hui, nous sommes à l’initiative de la création de « Plantes et Santé », association mise en place dans le cadre du contrat de transition écologique avec le pays Gévaudan-Lozère.

 

L’acte de naissance de « Plantes et Santé » est récent, le 31 mars dernier. Quelle est votre ambition ?

LG : « Plantes et Santé » regroupe des agriculteurs, des établissements de santé, des transformateurs. Notre objectif est de créer un modèle d’économie circulaire qui mette en lien tous ces acteurs économiques pour créer une filière locale autour des plantes à parfum, aromatiques et médicinales. La dynamique est à la fois ambitieuse et fragile. Mais aujourd’hui, elle fait consensus : nous sommes invités par l’État, nous avons le soutien de la Région et nous bénéficions de l’accompagnement de la CCI de la Lozère. Ce regroupement devrait permettre de développer des formations. Nous en accueillons actuellement ici dans nos locaux. Nous travaillons avec l’université de pharmacie de Paris et le laboratoire du professeur Grégory Ninot à Montpellier pour mettre en place un doctorat, dans une approche coordonnée et scientifique. La formation est pour nous un axe de développement crucial. Il s’agit de transmettre des connaissances rurales ancestrales, de développer des cursus universitaires, de réconcilier la médecine moderne et académique avec cette approche complémentaire. Aujourd’hui, des diplômes universitaires fleurissent un peu partout en France, notamment à Toulouse et à Montpellier.

 

Nous travaillons avec l’université de pharmacie de Paris et le laboratoire du professeur Grégory Ninot, à Montpellier, pour mettre en place un doctorat, dans une approche coordonnée et scientifique. La formation est pour nous un axe de développement crucial. Aujourd’hui, des diplômes universitaires fleurissent un peu partout en France, notamment à Toulouse et à Montpellier.

Laurent Gautun, Gérant et fondateur d’Essenciagua

 

Le marché des PPAM (Plantes à parfum, aromatiques et médicinales) semble complexe. Quels sont vos enjeux de développement ?

LG : Nous devons d’abord régler des problématiques structurelles. Nous attendons la fibre en 2022, nous devons aussi attirer les compétences et nous adapter à des réglementations fluctuantes et incertaines. Par ailleurs, nos produits nécessitent de savoir les utiliser. Nous défendons une logique accompagnée, d’où les nécessités de mettre en place des formations. Depuis 2015, nous défendons aussi un amendement pour mentionner l’origine des plantes utilisées. Aujourd’hui, le législateur s’est emparé du sujet, nous sommes sur des temps longs, mais ça se met en place. « Plantes et Santé » est un enjeu émergent, mais aujourd’hui, il y a un consensus autour de l’intérêt de cette filière. La sélection à l’Élysée en est la preuve. Je crois aux démarches pionnières et engagées.

 

 

 

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INTERVIEW
 

ANTOINE LECCIA,
président d’Advini

 

Créé en 1870 par la famille Jeanjean, le groupe héraultais Advini rassemble 2 200 hectares de vignobles et 12 Maisons de vins ainsi qu’un centre de vinification, à Béziers. L’Occitanie concentre 48% de l’activité de ce groupe singulier, coté en bourse, attaché à la notion de terroir et dont 70% des vignobles français sont certifiés bio ou en conversion. Antoine Leccia préside Advini depuis 1992. Interview.

 

L’Occitanie est la première région viticole de France. La référence à un terroir et une AOP est-elle pertinente sur le plan commercial alors que la notion de cépage, notamment à l’étranger, est souvent davantage mise en avant ?

Antoine Leccia : Advini est précisément un défenseur des vins de terroir, AOP ou IGP, sur lesquels peut se construire la fidélisation des consommateurs. Produire uniquement des vins de cépage, c’est entrer en compétition avec les vins de cépages de tous les autres pays producteurs. Quand on vous propose un Chardonnay en Grande-Bretagne, la première intention du distributeur n’est pas forcément de vous proposer un Chardonnay de France. Proposer des vins de terroir demande plus de travail. Les vins de cépage, cela fonctionne très bien pour les nouveaux consommateurs, mais il faut aller au-delà de ce socle. C’est dans la référence à une région, à une AOP telle que Faugères ou Terrasses du Larzac, que l’on développe de la création de richesse pérenne. L’intérêt des terroirs d’Occitanie, c’est leurs diversités entre la proximité de la mer ou de la montagne, les différences d’altitude, de nature des sols et des sous-sols… On peut partir à la conquête de publics aux attentes complètement différentes.

 

Advini cultive une singularité dans le monde viticole en nouant des partenariats avec le monde coopératif. Pouvez-vous l’expliquer ?

AL : Nous accompagnons en effet les caves coopératives dans leur développement en créant des marques et en les commercialisant. C’est notamment le cas avec L’Ormarine dans l’Hérault, Castelmaure -dont 2021 marquera le 35e anniversaire du partenariat- et Anne de Joyeuse dans l’Aude ou encore Les Embruns dans le Gard dont le terroir, les Sables de Camargue, devraient être reconnus prochainement AOP.

 

Comment se sont portées les ventes d’Advini en 2020 ?

AL : La pandémie de Covid-19 a évidemment eu un impact sur la consommation de vins. Les restaurants, en France comme à l’étranger, étant fermés ou ayant été fermés, la consommation s’est reportée sur le domicile. Toutefois, notre part à l’export qui s’établit à 45% de notre chiffre d’affaires (266M€, ndlr) va progresser malgré le Brexit. La pandémie, en 2020, aura un impact inférieur à 10% de notre chiffre d’affaires car nous avons pu réaffecter nos équipes commerciales sur la vente à domicile (caviste, grande distribution, e-commerce). En outre, nous avons vu nos ventes en bag in box exploser lors des épisodes de confinement.

 

L’intérêt des terroirs d’Occitanie, c’est leurs diversités entre la proximité de la mer ou de la montagne, les différences d’altitude, de nature des sols et des sous-sols… On peut partir à la conquête de publics aux attentes complètement différentes.

Antoine Leccia, président d’Advini

 

L’exigence des consommateurs et de la distribution va vers le Bio. Quelle est la politique d’Advini en la matière ?

AL : Advini est engagé en faveur d’une viticulture vertueuse depuis plus de vingt ans. À date, 76% de notre vignoble français (le groupe a également des terres en Afrique du Sud, ndlr) est labellisé HVE (Haute Valeur Environnementale) et 70% de nos vignes hexagonales sont labellisées Bio ou en conversion. Par ailleurs, le domaine Cazes est le plus grand domaine certifié Biodynamie en France. Il s’étend sur 240 hectares dans le Roussillon.

 

 

 

 

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