PORTRAIT#3 - juillet 2020

Voilensac, l’Aveyron en point zigzag

 

On le sait, l’Occitanie regarde de plus en plus vers la mer, comme l’ont démontré les dernières Assises de l’économie de la mer qui se sont tenues pour la première fois sur notre territoire en décembre. Et parfois même depuis très loin des côtes. C’est ainsi que, à Millau, Voilensac offre un nouveau souffle aux voiles qui ont aimé sans compter tous les vents marins qui animent notre littoral. Et Michaël Ladet, le fondateur, y associe un autre savoir-faire patrimonial de notre région : le cuir.

 

Pour tous les passionnés de voile, le point zigzag a la puissance d’évocation de la madeleine chez Marcel Proust. Ce type de point est, en effet, celui utilisé pour toutes les coutures des voiles de bateaux, des plus petits aux plus grands, des dériveurs côtiers aux bateaux de course au large. Généralisé dans les années 1930, il vise à éviter que, lorsque le tissu s’use, la voile ne se déchire le long des points. Michaël Ladet semble en avoir retenu l’intérêt et a lui-même opéré un zigzag lorsque, sentant une forme d’usure intellectuelle le gagner, il a quitté le littoral et mis le cap vers le Nord de l’Occitanie. Maître voilier pendant 10 ans sur le célèbre parquet de la voilerie Ettore Yachting de Port Camargue, il a eu peur de « faire des ronds dans l’eau » en n’apprenant plus. Une vraie crainte pour cet autodidacte arrivé à la voilerie par un BTS Informatique-Gestion dont il ne s’est jamais servi. « Je suis rentré chez le célèbre sellier Gaston Mercier à Saint-Léons pour apprendre le travail du cuir. Chez lui, je me suis formé à la sellerie et la maroquinerie de luxe avec la perspective de reprendre la gestion de l’atelier. Mais cela ne s’est finalement pas fait. Je suis alors parti travailler avec Jean-Pierre Romiguier, au Sac du Berger, où j’ai pris la direction de l’atelier de ganterie qu’il avait à Lapeyre, dans la vallée de La Sorgue. Suite à la vente de l’atelier, dont le nouveau responsable ne pouvait me garder, j’ai été licencié. J’ai alors créé Voilensac, pour faire se rencontrer les matières : le tissu à voile et le cuir » explique Michaël Ladet.

 

Une diversification payante

Après un démarrage d’activité centré autour des sacs et bagages en voiles recyclées, Voilensac va rapidement se diversifier, notamment sur des marchés de niche professionnels cette fois. « Une partie de mon activité est désormais consacrée à la production de sacs pour les cordistes, ces gens qui réalisent des travaux acrobatiques. Suspendus au bout d’une corde, ils ont des contraintes très spécifiques. J’ai la chance de bien connaître Sakti Cano, de la société « Hauteur et Sécurité », l’un des plus gros centres de formation pour cordistes. C’est pour lui que nous avons mis au point ces sacs qui me permettent aujourd’hui de travailler beaucoup dans l’éolien, avec EDF… Des clients pour qui j’ai pu montrer ma capacité d’adaptation pour faire à la fois de la très petite et de la moyenne série, entre 10 et 750 pièces. » Des volumes qui sont aussi ceux traités par Voilensac sur le marché, en forte croissance, des cadeaux d’entreprise. Car à l’opposé de ces marchés BtoB, Michaël Ladet a, dans un autre zigzag motivé autant par l’envie que par l’intuition et la réflexion, développé une gamme d’objets de décoration et de bijoux.

 

Mes clients ne sont pas tous des voileux ou des plaisanciers mais des gens qui aiment la mer. Ils sont, également, sensibles à l’aspect recyclage, économie circulaire, circuits courts, artisanat, fait main, personnalisation, pièces uniques…

Michaël Ladet, créateur et dirigeant de Voilensac

 

Des clients d’horizons très divers

Une stratégie qui permet à Voilensac d’élargir son marché. « Mes clients ne sont pas tous des voileux ou des plaisanciers mais des gens qui aiment la mer. Ils sont, également, sensibles à l’aspect recyclage, économie circulaire, circuits courts, artisanat, fait main, personnalisation, pièces uniques… L’échange pour répondre exactement à leurs demandes n’est pas uniquement un plaisir et un enrichissement. C’est un positionnement à l’opposé des « gros » du marché. » Géographiquement, Voilensac réalise 5 à 10% de son chiffre d’affaires à Millau, 25% en Occitanie, 50% sur le Grand Sud et le reste en France, en Suède, aux USA, à Saint Barth… L’entreprise a réalisé en 2019 un chiffre d’affaires de presque 70 000 €, en croissance ininterrompue depuis plusieurs années. Un chiffre qui peut évoluer très significativement lorsque Voilensac participe à des salons comme Escale à Sète, le Salon du Multicoque à La Grande Motte, la Grande Armada à Rouen… À ces occasions, 10 à 15 000 € de commandes peuvent être prises en une fois. Et l’autre raison des perspectives de développement tient à la notoriété acquise par la marque en 10 ans et son positionnement à part sur le marché. Avant le déconfinement, Voilensac a produit des masques gratuitement pour les personnels soignants millavois se trouvant en manque de protection. Pour préparer la relance, Michaël Ladet investit : brodeuse, imprimante à sublimation, logiciels de dessin et de broderie…

 

 

PLUS D'ARTICLES « PORTRAIT#3 »

novembre 2023

Les Forges de Tarbes, un savoir-faire unique en France

Rencontre avec Anthony Cesbron, directeur des Forges de Tarbes


juillet 2023

Agnès Calas, l’art et la matière

Rencontre avec Agnès Calas, tisserande d’art


avril 2023

Vignoble Bonfils, l’adaptation perpétuelle

Rencontre avec Laurent Bonfils, PDG de Vignobles Bonfils


janvier 2023

Irian Technologies : l’excellence au service de notre air

Rencontre avec Alain Katz, chairman et fondateur d’Irian Technologies


novembre 2022

Ecobang-Navy, le premier bateau à remplir d’eau

Rencontre avec Nicolas Vento, dirigeant de Vento-Sol


juillet 2022

Solar-Paint, l’innovation pour les toits d’Occitanie

Rencontre avec Michel Rouault, PDG de Solar-Paint et de ICGroup


avril 2022

Design, Voltex change d’échelle

Rencontre avec Samy Jebabli, fondateur de Voltex


janvier 2022

Triplezéro, la légèreté du bien vivre

Rencontre avec Pierre Pinel, cofondateur et gérant de Triplezéro


septembre 2021

Liedson, le streameur est dans le pré

Rencontre avec Gilles Aguilera, cofondateur et gérant de Liedson


mai 2021

Syselec, de la tech territoriale

Rencontre avec FABRICE CASTES, président et repreneur de Syselec


janvier 2021

Vergers de Gascogne, durablement bocal

Rencontre avec PASCAL LAFONT, directeur des Vergers de Gascogne


novembre 2020

Les Papeteries Martin dans les petits papiers de l’Élysée

Rencontre avec THOMAS MARTIN, directeur de l’entreprise Papeteries Martin


juillet 2020

Voilensac, l’Aveyron en point zigzag

Rencontre avec MICHAËL LADET, créateur et dirigeant de Voilensac


janvier 2020

Maison Fabre relève le gant

Rencontre avec OLIVIER FABRE, président de Maison Fabre


octobre 2019

NewTec Scientific, le « matériaux sciencist » made in Occitanie

Rencontre avec ANTOINE CANDEIAS, fondateur et dirigeant de NewTech Scientific


juillet 2019

« Chez Bébelle », le sens de l’essai et le goût de la transformation

Rencontre avec GILLES BELZONS, fondateur et dirigeant de Chez Bébelle


avril 2019

Avec Kinéis, CLS se connecte avec le New Space

Rencontre avec ALEXANDRE TISSERANT, directeur général de Kinéis


janvier 2019

Sensorion, des molécules au service de l’écoute

Rencontre avec NAWAL OUZREN, Directrice Générale de Sensorion


octobre 2018

Eva, par la voie des airs

Rencontre avec OLIVIER LE LANN, CEO de l’entreprise Eva


juillet 2018

Tanneries Pechdo, l’innovation dans la tradition

Rencontre avec CAROLINE KRUG, Présidente des Tanneries Pechdo


mai 2018

Septeo créé un leader européen des legal techs

Rencontre avec JEAN-LUC BOIXEL et PHILIPPE RIVIERE, cofondateurs de Septeo


janvier 2018

Celso, la mousse en pleine expansion

Rencontre avec AGNES TIMBRE, directrice générale de Celso


septembre 2017

Meteo Swift, une start-up qui rayonne

Rencontre avec MORGANE BARTHOD, cofondatrice et présidente de Meteo Swift


juillet 2017

Cémoi, dans le top 5 mondial des chocolatiers

Rencontre avec PATRICK POIRRIER, Président Directeur Général de Cémoi


mai 2017

L’excellence du rendu 3D, aujourd’hui et demain

Rencontre avec SEBASTIEN GUICHOU, DG de la start-up Isotropix