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Grace Kelly dans les années cinquante, Madonna, Lady Gaga ou Jennifer Lopez aujourd’hui … Si Maison Fabre a toujours flirté avec les stars du show-biz, elle a traversé l’histoire du XXe siècle et surmonté les turbulences avec élégance. Olivier Fabre, arrière-petit-fils du fondateur, a su imposer son savoir-faire dans le secteur de la mode. Et il se démène pour inscrire les savoir-faire liés à la ganterie de Millau au Patrimoine Culturel Immatériel de l’Unesco.
Difficile d’échapper à une passion familiale. Dans sa jeunesse, Olivier Fabre se destinait à une carrière de journaliste. Une carrière qu’il a abandonnée sans regret pour écrire une autre histoire : celle entamée en 1924 par Étienne, son arrière-grand-père, gendarme à cheval et fondateur de la célèbre ganterie. À la fin des années quatre-vingt-dix, Maison Fabre connaît des difficultés, la famille cherche des solutions. « Mon père Louis avait repris l’entreprise dans les années soixante-dix. Il a réussi à la sauver à une époque où les ganteries de Millau fermaient les unes après les autres. Maison Fabre confectionnait alors des gants pour toute l’administration française : l’armée de terre, la gendarmerie, la police… Nous fabriquions 200 000 paires de gants par an. Mais, en 1994, nous avons perdu le marché de l’armée. Nous avons dû fermer pendant quelques mois. Cela a été une vraie déchirure », raconte-t-il.
Olivier Fabre retient la leçon de ce danger de dépendance aux gros clients. Épaulé par son frère Jean-Marc, il paie les banques et les fournisseurs et part à la conquête de nouveaux clients. C’est le début des premières collaborations avec des créateurs comme Claudie Pierlot ou Polder. L’entreprise lance de nouvelles collections chaque année et se taille, sur mesure, un costume de maison de mode, de ganterie créative.
Les commandes reviennent et affluent de Corée, du Japon, des États-Unis. Pour les honorer l’entreprise rénove son atelier et lance un plan de formation. « Car notre savoir-faire exige des métiers spécialisés, rares, pour lesquels il n’existe pas d’école. Chez nous, il y a une notion essentielle de transmission. Les anciens apprennent aux nouveaux, la transmission est très personnelle, sans guide pédagogique », détaille encore Olivier Fabre. En 2008, Maison Fabre ouvre une boutique dans le Jardin du Palais Royal au cœur de Paris et signe des réalisations pour les plateaux de cinéma, le théâtre, la mode. Si l’équilibre reste fragile car l’activité est saisonnière, la ganterie poursuit son chemin. De fil en aiguille, elle développe des collaborations techniques – avec les marques Fusalp et Weston l’an dernier – installe des points de vente dans les enseignes parisiennes du Bon Marché, du Printemps ou des Galeries Lafayette et renoue avec la Garde Républicaine, équipée cette année de 1 400 paires de gants en agneau blancs lavables avec manchettes. « Une réalisation dont je suis particulièrement fier car elle souligne la confiance de l’État pour notre Maison et notre savoir-faire », souligne encore le dirigeant.
La filière cuir en Aveyron représente 18 entreprises, 350 emplois et 40 millions de chiffre d’affaire. Elle est composée de tanneurs, bottiers, maroquiniers, selliers et gantiers. L’association développe l’attractivité du territoire pour renouveler et créer de l’emploi et mettre en avant nos pépites aveyronnaises.
Olivier Fabre, Président de Maison Fabre
Olivier Fabre en a conscience, la mode est à Paris. Mais le gantier reste viscéralement attaché à son berceau aveyronnais et n’a de cesse de défendre le savoir-faire ancestral de son territoire et l’excellence du made in France. Après avoir relevé la croissance de sa maison – + 33% cette année –, il s’est engagé dans un autre combat : celui de retisser les liens de la filière agropastorale avec la ganterie du Pays de Millau pour l’inscrire au Patrimoine Culturel Immatériel à l’Unesco. En 2015, avec la CCI Aveyron et la Communauté de Communes de Millau, l’association Pole Cuir Aveyron a vu le jour sous sa présidence. « La filière cuir en Aveyron représente 18 entreprises, 350 emplois et 40 millions de chiffre d’affaires. Elle est composée de tanneurs, bottiers, maroquiniers, selliers et gantiers. L’association développe l’attractivité du territoire pour renouveler et créer de l’emploi et mettre en avant nos pépites aveyronnaises », assure-t-il. Car Olivier Fabre en est convaincu : de l’agropastoralisme – 1 780 éleveurs sur 6 départements, 1,5 million de moutons – à la transformation des matières naturelles et à l’art de confectionner le gant, le Pays de Millau détient une filière unique au monde.