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Implantés à Rodome, sur le plateau de Sault, dans la haute vallée de l’Aude, les charpentiers Ilias Zinsstag et Pierre Giusti, ont mis au point l’Oakbot, la première fraiseuse portative à commande numérique destinée aux travaux de charpente. Lauréat du prix « Innover à la campagne », l’Oakbot a été exposé en janvier dernier au Palais de l’Élysée.
« En d’autres temps, nous aurions pu choisir de construire une cathédrale. Nous avons plutôt décidé de créer un pont entre le savoir-faire traditionnel et le numérique », sourient Illias Zinsstag et Pierre Giusti. Installés sur le plateau reculé de Sault, à 1h30 de Perpignan et de Carcassonne, les deux charpentiers ont élaboré l’Oakbot : une fraiseuse portative à commande numérique, à mi-chemin entre les outils électroportatifs et les machines à commande numérique.
Avec un coût de revient aux environs de 30 000 €, l’Oakbot est destiné aux charpentiers qui veulent garder la valeur ajoutée de la taille de bois mais souhaitent être compétitifs par rapport à ceux qui disposent d’une machine à commande numérique stationnaire. « Les outils électroportatifs sont relativement peu onéreux, entre 500 € et 5 000 €. Ils sont à la fois mobiles et modulaires, mais peu productifs. À l’inverse, les machines à commandes numériques stationnaires sont productives mais représentent un investissement aux alentours de 200 000 €, souvent trop lourd pour les artisans. L’Oakbot se positionne entre les deux », détaille Illias Zinsstag.
L’exposition de notre machine au Palais de l’Élysée dans le cadre de la mise en valeur du made in France a été pour nous l’occasion de nous positionner sur le chantier de reconstruction de Notre-Dame de Paris.
Illias Zinsstag, cofondateur Epur Oakbot
Après deux ans de recherche, le premier prototype est né en 2015 et a remporté le prix du concours « Ma start-up est dans le pré » d’octobre 2015. Un an plus tard, les deux charpentiers déposent le brevet, créent la société Epur et font une première levée de fonds.
Sortie en janvier 2019, la V4.1 de l’Oakbot a été conçue et fabriquée dans l’Aude en 10 exemplaires et vendue à des bêta testeurs pour finaliser son développement.
Depuis, l’Oakbot n’en finit pas de creuser son sillon. Lauréate en janvier dernier du prix « Innover à la campagne », la machine a aussi été exposée au Palais de l’Élysée, dans le cadre d’une mise en valeur du made in France. « L’occasion pour nous de nous positionner sur le chantier de reconstruction de Notre-Dame de Paris », se réjouit Illias Zinsstag.
Cette année, les deux charpentiers vont s’engager dans la labellisation Origine France garantie et prévoient de fabriquer et de vendre une trentaine de machines, grâce à une levée de fonds de 373 000 € réalisée auprès de Méliès BA, Capitole Angels, Arts et Métiers, et Business Angels des Grandes Écoles.
Et si la société veut d’abord consolider son assise auprès de la filière bois, elle envisage à terme des développements vers les secteurs de la pierre et du métal, en France et en Europe. Avant de partir à la conquête du marché Nord-Américain.