ARCHIVES |
On le sait, l’Occitanie regarde de plus en plus vers la mer, comme l’ont démontré les dernières Assises de l’économie de la mer qui se sont tenues pour la première fois sur notre territoire en décembre. Et parfois même depuis très loin des côtes. C’est ainsi que, à Millau, Voilensac offre un nouveau souffle aux voiles qui ont aimé sans compter tous les vents marins qui animent notre littoral. Et Michaël Ladet, le fondateur, y associe un autre savoir-faire patrimonial de notre région : le cuir.
Pour tous les passionnés de voile, le point zigzag a la puissance d’évocation de la madeleine chez Marcel Proust. Ce type de point est, en effet, celui utilisé pour toutes les coutures des voiles de bateaux, des plus petits aux plus grands, des dériveurs côtiers aux bateaux de course au large. Généralisé dans les années 1930, il vise à éviter que, lorsque le tissu s’use, la voile ne se déchire le long des points. Michaël Ladet semble en avoir retenu l’intérêt et a lui-même opéré un zigzag lorsque, sentant une forme d’usure intellectuelle le gagner, il a quitté le littoral et mis le cap vers le Nord de l’Occitanie. Maître voilier pendant 10 ans sur le célèbre parquet de la voilerie Ettore Yachting de Port Camargue, il a eu peur de « faire des ronds dans l’eau » en n’apprenant plus. Une vraie crainte pour cet autodidacte arrivé à la voilerie par un BTS Informatique-Gestion dont il ne s’est jamais servi. « Je suis rentré chez le célèbre sellier Gaston Mercier à Saint-Léons pour apprendre le travail du cuir. Chez lui, je me suis formé à la sellerie et la maroquinerie de luxe avec la perspective de reprendre la gestion de l’atelier. Mais cela ne s’est finalement pas fait. Je suis alors parti travailler avec Jean-Pierre Romiguier, au Sac du Berger, où j’ai pris la direction de l’atelier de ganterie qu’il avait à Lapeyre, dans la vallée de La Sorgue. Suite à la vente de l’atelier, dont le nouveau responsable ne pouvait me garder, j’ai été licencié. J’ai alors créé Voilensac, pour faire se rencontrer les matières : le tissu à voile et le cuir » explique Michaël Ladet.
Après un démarrage d’activité centré autour des sacs et bagages en voiles recyclées, Voilensac va rapidement se diversifier, notamment sur des marchés de niche professionnels cette fois. « Une partie de mon activité est désormais consacrée à la production de sacs pour les cordistes, ces gens qui réalisent des travaux acrobatiques. Suspendus au bout d’une corde, ils ont des contraintes très spécifiques. J’ai la chance de bien connaître Sakti Cano, de la société « Hauteur et Sécurité », l’un des plus gros centres de formation pour cordistes. C’est pour lui que nous avons mis au point ces sacs qui me permettent aujourd’hui de travailler beaucoup dans l’éolien, avec EDF… Des clients pour qui j’ai pu montrer ma capacité d’adaptation pour faire à la fois de la très petite et de la moyenne série, entre 10 et 750 pièces. » Des volumes qui sont aussi ceux traités par Voilensac sur le marché, en forte croissance, des cadeaux d’entreprise. Car à l’opposé de ces marchés BtoB, Michaël Ladet a, dans un autre zigzag motivé autant par l’envie que par l’intuition et la réflexion, développé une gamme d’objets de décoration et de bijoux.
Mes clients ne sont pas tous des voileux ou des plaisanciers mais des gens qui aiment la mer. Ils sont, également, sensibles à l’aspect recyclage, économie circulaire, circuits courts, artisanat, fait main, personnalisation, pièces uniques…
Michaël Ladet, créateur et dirigeant de Voilensac
Une stratégie qui permet à Voilensac d’élargir son marché. « Mes clients ne sont pas tous des voileux ou des plaisanciers mais des gens qui aiment la mer. Ils sont, également, sensibles à l’aspect recyclage, économie circulaire, circuits courts, artisanat, fait main, personnalisation, pièces uniques… L’échange pour répondre exactement à leurs demandes n’est pas uniquement un plaisir et un enrichissement. C’est un positionnement à l’opposé des « gros » du marché. » Géographiquement, Voilensac réalise 5 à 10% de son chiffre d’affaires à Millau, 25% en Occitanie, 50% sur le Grand Sud et le reste en France, en Suède, aux USA, à Saint Barth… L’entreprise a réalisé en 2019 un chiffre d’affaires de presque 70 000 €, en croissance ininterrompue depuis plusieurs années. Un chiffre qui peut évoluer très significativement lorsque Voilensac participe à des salons comme Escale à Sète, le Salon du Multicoque à La Grande Motte, la Grande Armada à Rouen… À ces occasions, 10 à 15 000 € de commandes peuvent être prises en une fois. Et l’autre raison des perspectives de développement tient à la notoriété acquise par la marque en 10 ans et son positionnement à part sur le marché. Avant le déconfinement, Voilensac a produit des masques gratuitement pour les personnels soignants millavois se trouvant en manque de protection. Pour préparer la relance, Michaël Ladet investit : brodeuse, imprimante à sublimation, logiciels de dessin et de broderie…