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Né à Montpellier il y a 14 ans, le leader français du photovoltaïque affirme depuis sa création des choix stratégiques forts. Fort comme son engagement qui, lui aussi, produit une énergie bien réelle. Avec un carnet de commandes en forte croissance, Urbasolar devrait avoir triplé son activité dans deux ans. De quoi établir une connexion, porteuse d’avenir, avec l’énergéticien suisse Axpo dont la PME est devenue la plate-forme de développement solaire.
Le solaire photovoltaïque est, aujourd’hui, la technologie de production d’électricité faisant l’objet du plus grand nombre de nouvelles capacités installées dans le monde. Cette expansion du marché résulte de la compétitivité croissante de cette énergie, de l’augmentation de la demande en électricité provenant des pays développés ainsi que de la prise de conscience mondiale des effets de cette technologie sur la réduction des émissions de CO2. Plébiscitée pour lutter contre le réchauffement climatique, elle l’est désormais également pour son aspect économique. Mais tous les voyants n’ont pas toujours été au vert.
C’est en 2006, convaincus du potentiel de la filière malgré les freins technologiques et économiques d’alors, qu’Arnaud Mine et Stéphanie Andrieu ont décidé de créer Urbasolar suite au désengagement de BP Solar, leur employeur, du photovoltaïque. « Le nom de l’entreprise renvoie au concept originel d’Urbasolar, initialement spécialisée dans les projets en toitures, en ombrières de parking…, c’est-à-dire des projets plutôt urbains et présentant une certaine complexité technique. Cela a été notre marché pendant nos premières années d’activité. Puis, face au développement des centrales au sol, nous avons transposé notre culture du milieu contraint à ce type d’installations et développé ce qui est devenu notre ADN : la rénovation de sites impactés par la pollution ou à reconditionner après leur exploitation » explique Arnaud Mine. Parmi les références attestant de cette expertise, on citera la plus grande ferme photovoltaïque urbaine -implantée à Toulouse sur des terrains de l’ancienne usine AZF, du photovoltaïque flottant pour réhabiliter d’anciennes carrières et gravières, la création de centrales sur d’anciens circuits ou des zones aéroportuaires…
« Bien que ne faisant que des centrales de grande puissance, nous ne nous positionnons pas sur les projets consommateurs de terres agricoles. Le solaire ne peut être partiellement vertueux et doit être exemplaire et cohérent. » Car avant de consommer du foncier de culture pouvant, lui aussi, produire de la valeur, pourquoi ne pas trouver une utilité à ce qui n’en a pas ou plus ? Urbasolar partage donc son activité entre la reconversion de ces sites impactés et l’équipement de grands parkings ou de toitures, c’est-à-dire des surfaces non valorisées jusqu’alors. « Nous venons par exemple de créer une joint-venture avec Carrefour pour le déploiement d’ombrières photovoltaïques sur les parkings de 36 hypermarchés de l’enseigne permettant l’utilisation directe de l’énergie produite et apportant un réel confort aux clients. Nous avons également, à 40 mètres du sol, équipé les 22 000 m2 de toitures des bâtiments d’assemblage de l’A350 à Blagnac » détaille Arnaud Mine.
Urbasolar est spécialisé dans le développement, le financement, la construction et l’exploitation. Pour y parvenir, 60% des 200 collaborateurs sont des ingénieurs et 3% de notre chiffre d’affaires est consacré chaque année à la R&D. C’est une nécessité dans une filière qui franchit toujours les gaps technologiques plus vite que prévu.
Arnaud Mine, président et cofondateur
Car Urbasolar a la particularité quasi unique de maîtriser en interne toute la chaîne de valeur. Pour faire un parallèle, dans le bâtiment, on parlerait d’un promoteur-constructeur-exploitant. « Urbasolar est spécialisé dans le développement, le financement, la construction et l’exploitation. Pour y parvenir, 60% des 200 collaborateurs sont des ingénieurs et 3% de notre chiffre d’affaires est consacré chaque année à la R&D. C’est une nécessité dans une filière qui franchit toujours les gaps technologiques plus vite que prévu. » Après la spectaculaire chute des coûts, de l’ordre de 70% en 7 ans, qui en fait aujourd’hui une énergie compétitive partout dans le monde, deux verrous bloquaient l’ouverture de nouvelles perspectives au photovoltaïque. « Le stockage est le premier d’entre eux. La possibilité de stocker l’énergie produite supprime le caractère intermittent de la production et favorise le développement de l’autoconsommation locale qui est l’une des nombreuses vertus de cette énergie. Le deuxième a longtemps été le recyclage des panneaux. En 2014, nous avons participé à la création de PV Cycle France, dont nous sommes aujourd’hui actionnaire et administrateur, aux côtés de EDF ENR, EDF ENR PWT (anciennement Photowatt), Sillia Énergie, le Syndicat des Énergies Renouvelables (SER) et l’association PV CYCLE. Cet éco-organisme permet aujourd’hui un système collectif de collecte et de recyclage dédié au marché photovoltaïque français et conforme à la directive DEEE. 95% des composants sont recyclables, et ce de façon illimitée pour nombre d’entre eux. ». Présente en Amérique du Sud, Amérique centrale, Afrique, Asie et en Europe, Urbasolar a réalisé en 2019 un chiffre d’affaires de 150 M€ (125 M€ en 2018). En moins de 15 ans, la PME a construit 500 centrales, couvert plus de 2 millions de m2 de bâtiments et a 1.7 gigawatt de projets en développement à échéance de 3 ans. Si le soleil se lève à l’Est, le photovoltaïque semble ne jamais se coucher en Occitanie.