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Le chausseur installé à Aigues-Vives en Camargue conçoit et produit des bottes, chaussures et sandales haut de gamme en travaillant les mêmes cuirs que les grandes maisons. Il accélère aujourd’hui son développement sur les ventes en ligne.
« On n’accorde jamais trop d’importance au choix de ses chaussures », avait coutume de dire Christian Dior. Dans l’atelier-boutique de la Botte Gardiane à Aigues-Vives (Gard), les collections se déclinent en veau gras naturel, veau souple et autre cuir pleine fleur venant des plus belles tanneries de l’Hexagone. Parmi elles, le tanneur alsacien Degermann, récemment racheté par Chanel, avec lequel l’entreprise gardoise partage le label Entreprise du patrimoine vivant (EPV). Quelque 14 000 paires de chaussures, bottes, bottines et sandales, auxquelles s’ajoute une ligne de sacs et de ceintures, sortent chaque année des ateliers gardois de cette entreprise familiale dirigée par la fratrie composée d’Antoine, Julien et Fanny Agulhon. À l’intérieur, on y répète des gestes de tradition. Ici, on coupe, on troue, on coud, on colle et on forme chaussure au pied d’autrui dans le respect des quelque 150 opérations nécessaires à sa complète confection. Afin de mieux faire connaître ce savoir-faire, qui permet également de justifier le prix de ces chaussures dont le prix s’échelonne, en fonction du cuir et du temps passé, de 170 à 400 euros, l’atelier d’Aigues-Vives est ouvert aux visites publiques. « Au-delà de la mise en lumière du savoir-faire manuel, qui permet de valoriser le travail de nos collaborateurs, nous défendons au travers de ces visites une éthique artisanale à laquelle nous sommes très attachés », soutient Julien Agulhon qui accueille ainsi environ un millier de visiteurs auxquels s’ajoutent les acheteurs du magasin jouxtant l’atelier. Distribuées dans ses propres boutiques de Paris, Lyon et Aigues-Vives, les paires de la Botte Gardiane connaissent également un fort succès en ligne. « Notre site Internet représente à ce jour 17% de nos ventes. Cependant, nous comptons fortement accélérer dans le numérique en refondant entièrement notre site Internet », précise le dirigeant. Ainsi, la Botte Gardiane poursuit son petit bonhomme de chemin 25 ans après avoir été reprise à la barre du tribunal de commerce de Nîmes par le père des actuels dirigeants.
Au-delà de la mise en lumière du savoir-faire manuel, qui permet de valoriser le travail de nos collaborateurs, nous défendons au travers des visites du public une éthique artisanale à laquelle nous sommes très attachés.
Julien Agulhon, codirigeant de la Botte Gardiane avec sa sœur Fanny et son frère Antoine
L’entreprise réalisait alors l’équivalent de 135 000 euros de chiffre d’affaires… dix fois moins qu’aujourd’hui. Une progression permise grâce au développement commercial impulsé par la fratrie qui a remis à plat l’ensemble du process de production. Ainsi, c’est sous la gérance de la jeune génération que la société est enfin devenue rentable avec le leitmotiv de croître raisonnablement plutôt que d’aller vite. Un pas après l’autre : un esprit de marche, davantage que celui d’un sprint.