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Clin d’œil de l’histoire, si les doudounes de Triplezéro font le bonheur des fans de pistes blanches de neige, c’est au pied de la Montagne Noire, à Revel, que commence leur histoire, en 1860. Cette petite entreprise familiale, aujourd’hui basée à Durfort (Tarn), a été créée par Pierre Pinel, un « pelharot » (un récupérateur de peaux de lapins et de vieux chiffons) qui a fondé une dynastie.
On le devine, l’entreprenariat de Pierre Pinel le vouait à un destin modeste. Pourtant, il suscita la vocation d’un fils qui eut l’idée de récupérer à son tour, en plus des peaux de lapins dont on faisait des manchons et des colles, les fines plumes de volailles pour les confier aux fabricants d’édredons et d’oreillers. Une génération plus loin encore, la famille tout entière se lançait à son tour dans la fabrication d’accessoires de literie.
Au mitan des années 80, c’est le gendre, Louis-Fernand Pi, qui prit la succession de la modeste entreprise et entreprit de la faire adhérer à l’air du temps. Pour faire vite, disons que la mode est aux couettes pour les intérieurs et aux sports de montagne pour les loisirs. Louis-Fernand Pi pressent que le savoir-faire de l’entreprise Pinel peut trouver sa place. En 1994, il crée Triple Zéro à partir d’une idée simple et d’une volonté de fer : collecter ce qui se fait de mieux et élaborer des produits d’excellence.
Pour la matière première, ce sera le premier duvet de l’oie grise du Périgord, qualité d’exception dite « triple zéro ». Pour les produits : on ne renonce pas aux édredons, mais on décline la couette, le duvet pour haute montagne, les vêtements d’alpinistes et autres sports extrêmes, dont l’indispensable doudoune. Une règle : tout est fait à la main, pièce à pièce, amélioré à la demande, réparé si besoin. Le client-roi est propriétaire d’un objet fait pour lui, améliorable par lui. Eternel, en somme. À raison de 40 g par oie, l’entreprise traite aujourd’hui 500 kg de duvet par an. Produits vedettes : la couette, le sac de couchage pour montagnard et, bien sûr encore, la doudoune avec longueurs de manche sur mesure pour moins de 300 g de douce chaleur. Quatre couturières façonnent ces productions qui ne se vendent que sur commande, et qui ne s’obtiennent qu’avec patience. Un CA de 300 000 € : « c’est bien suffisant », résume Louis-Fernand Pi . Ici, pas d’ambitions démesurées : « on cultive une façon de vivre, une ambiance de travail. Augmenter la production, ce serait risquer de baisser la qualité ». La publicité ? « Ce sont nos clients qui la font et cela suffit ». Pour vivre heureux, vivons légers.