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En matière de transports et de technologie, si l’Occitanie est largement reconnue pour sa filière aerospace, on l’associe moins spontanément au ferroviaire. Les choses sont en train de changer et notre région est de plus en plus souvent citée comme étant désormais dans le bon wagon. Et si l’Occitanie était même une véritable locomotive en travaillant sur cette filière d’avenir ? Tour d’horizon de toute l’actualité du ferroviaire qui anime notre territoire et contribue à son développement économique actuel et futur.
Le ferroviaire est au cœur du plan de relance européen et de son déploiement à l’échelle nationale. En France, ce sont 4,7 milliards d’euros qui seront investis dans le développement de ce mode de transport efficace et répondant aux enjeux de protection de l’environnement. Selon l’Ademe, un trajet Paris-Montpellier émet 147,3 kg de CO2 en voiture particulière, 81 kg en avion, 67,1 kg en covoiturage, 26,7 kg en car et seulement 1,6 kg en train. Pour le fret comme pour le transport de passagers, le ferroviaire coche de nombreuses cases et constitue une mobilité d’avenir.
L’Occitanie est l’une des régions de France comptant actuellement le plus de chantiers ferroviaires en cours. Globalement, il y aurait ainsi près de 40 chantiers majeurs, répartis sur l’ensemble du territoire programmés en 2021 pour poursuivre la régénération de l’ensemble du réseau. Il est vrai que la région Occitanie a débloqué 800 millions d’euros pour que la SNCF rénove et rouvre les petites lignes de train qui maillent le territoire. Objectif, faire voyager 100 000 voyageurs par jour d’ici 2030 contre 60 000 à ce jour. Par ailleurs, après de longues années de statu quo, l’Occitanie devrait être reliée à Paris par une ligne à grande vitesse mettant, par exemple, Toulouse à 1 h 05 de Bordeaux et 3 h 15 de Paris. Si le plan de financement est validé par le Conseil d’État début 2022, les travaux pourront commencer en 2024, pour une mise en service de la LGV Bordeaux-Toulouse en 2030-2032.
Le port de Sète-Frontignan confirme sa stratégie multimodale avec le lancement avec VIIA, opérateur d’autoroutes ferroviaires du groupe SNCF, de deux autoroutes ferroviaires en direction de Calais et Bettembourg (Luxembourg). Le port renforce ainsi ses capacités à assurer le transport ferroviaire de semi-remorques arrivant par bateau. S’il s’agit pour le moment d’accompagner le développement du chargeur turc Ekol qui souhaite déplacer une partie de ses volumes de Trieste vers le port de Sète-Frontignan, la finalité est d’augmenter progressivement ce transit par les trains en direction du nord de l’Europe. Toujours à Sète, on citera l’ouverture en septembre 2021 du nouveau terminal de cinq voies Fer-Mer d’une surface de 5 hectares, constitué de quatre voies et doté d’engins de levage des conteneurs et remorques. Concernant Port-la-Nouvelle, deuxième port pétrolier français après celui de Marseille, une nouvelle gestion du réseau ferré portuaire a été mise en place, appuyée par de nouveaux investissements s’intégrant dans le projet d’aménagement en eau profonde de l’infrastructure.
Illustration du retour du ferroviaire, deux liaisons fret et passagers avec la capitale, qui avaient été supprimées, ont été réouvertes. On citera tout d’abord le célèbre train des primeurs qui, depuis le 22 octobre, connecte à nouveau les primeurs occitans aux grossistes de Rungis et aux consommateurs parisiens. Permettant l’acheminement en wagons réfrigérés de fruits et de légumes et à l’arrêt depuis l’été 2019, cette ligne représente l’équivalent d’un trafic d’environ 9 000 camions par an selon le ministère des transports. Autre come-back, celui d’une liaison avec Paris en train de nuit, suspendue en 2017. Depuis le 12 décembre, l’Occitanie est à une nuit de sommeil de la capitale. Ce type de lignes, supprimées il y a 5 ans pour des questions de rentabilité, fait son grand retour en France et, plus largement, en Europe, portées par des arguments environnementaux et par le projet européen “Green deal”. À 15 € le billet et avec l’argument du « zéro perte de temps », la formule est susceptible d’intéresser autant les chefs d’entreprise, que les touristes ou les étudiants.
L’écosystème de notre territoire offre toutes les compétences pour contribuer à l’émergence du ferroviaire de demain. Notre région compte ainsi quelques grands noms du ferroviaire dont Alstom, Siemens, CAF à Bagnères de Bigorre -attributaire du marché de construction de 28 rames Intercités nouvelle génération (700 M€) pour remplacer les trains Corail… L’Occitanie héberge ainsi le centre d’excellence mondial « vert » d’Alstom pour la traction ferroviaire, les modules de puissance et les appareillages, à Tarbes-Séméac. C’est là que le train zéro émission, via l’hydrogène, est mis au point. Ce TER hybride électrique et hydrogène fait actuellement ses premiers essais sur rails. Le plein d’hydrogène sur un train est fait en quelques minutes et le voyage s’effectue dans le silence. La SNCF a déjà commandé 12 de ces trains bi-modes et le train à hydrogène devrait, en Occitanie, être testé dès 2022 sur la ligne Montréjeau-Luchon.
L’Occitanie travaille aussi au ferroviaire de demain via les compétences. En effet, le secteur ferroviaire est touché par le déficit de compétences, tout en étant confronté à l’évolution des besoins en matière d’expertises dans certains domaines, dans un contexte de la numérisation et de l’automatisation propice à une recrudescence de la demande de professionnels des TIC et de la cybersécurité. Ces évolutions vont engendrer des effets d’entraînement positifs sur d’autres secteurs économiques, étant donné qu’un emploi créé dans l’industrie ferroviaire génère 0,52 emploi supplémentaire dans d’autres secteurs, principalement dans les PME. Acteur de référence de la formation et du développement économique, la CCI Occitanie travaille actuellement à la création d’une future école du ferroviaire et des mobilités douces. Le proverbe dit que l’on ne parle pas des trains qui arrivent à l’heure. L’Occitanie pourrait bien être celui qui est parti en avance. Et l’on n’a pas fini d’en parler !