ARCHIVES |
En l’espace de quarante ans, l’entreprise tarnaise Missègle est devenue la référence en matière de fabrication de vêtements en fibres naturelles. Elle symbolise le renouveau de toute une filière qui mise sur le Made in France et une qualité haut de gamme. Et elle sert joliment l’attractivité de cette nouvelle industrie textile d’Occitanie, qui compte quelques pépites au cœur de ses territoires.
Angora, mohair, yack, mérinos, soie… : oui, oui, nous parlons bien de textile et de Made in Occitanie. Deux étendards que Myriam Joly, fondatrice et dirigeante d’Atelier Missègle, porte avec bonheur, conviction et enthousiasme et avec l’humilité tranquille de ceux dont les choix, en forme de valeurs, ont été les bons. Car, textile français, matières naturelles, production locale et durable afin de limiter l’empreinte carbone, formation et intégration des jeunes… : Atelier Missègle semble avoir (eu) tout bon et un peu avant tout le monde. Rien ne prédestinait pourtant cette ingénieure agronome à devenir l’une des tricoteuses les plus connues de France. En 1983, elle décide de lancer l’un des premiers élevages de chèvres angora en France. « À cette époque, je voulais produire la fibre et la vendre en direct », se souvient-elle. Elle multiplie alors les contacts, travaille avec les industriels du bassin castrais et vend ses produits sur les marchés. Jusqu’au jour où, en 2007, l’un de ses fabricants de chaussettes fait faillite. Elle rachète l’entreprise « pour éviter une délocalisation ». Puis Myriam Joly reprend une autre enseigne qui fabrique des pulls. Au fil des ans, c’est le cas de le dire, l’entreprise qu’elle développe, Missègle, se spécialise dans les fibres naturelles qui sont des matières plus durables.
Aujourd’hui, plus de 300 000 paires de chaussettes, 30 000 pulls et 30 000 accessoires sont tricotés chaque année dans l’atelier de Burlats, dans l’ouest du Tarn. Elle compte 50 salariés et un chiffre d’affaires qui a augmenté de 50% ces deux dernières années, pour atteindre les 8,5 millions d’euros en 2021. « On a eu une forte augmentation avec le Covid car on a fait des masques et on a été très médiatisés », explique la dirigeante.
Pour en arriver là, Myriam Joly a tout misé sur le savoir-faire français (et l’entreprise a d’ailleurs été labellisée Entreprise du Patrimoine Vivant (EPV) en 2016). « Notre entreprise est l’un des trois derniers ateliers en France à pratiquer le remaillage à la main. Ce qui nous permet d’avoir une qualité et un confort sans égal. Notre premier argument, c’est vraiment la qualité. » La preuve, Missegle fabrique la « chaussette la plus solide du monde ». « Nous avons fait plusieurs analyses qui le prouvent, elles durent six fois plus longtemps que les autres », se réjouit la cheffe d’entreprise.
Notre entreprise est l’un des trois derniers ateliers en France à pratiquer le remaillage à la main. Ce qui nous permet d’avoir une qualité et un confort sans égal. Notre premier argument, c’est vraiment la qualité.
Myriam Joly, fondatrice et dirigeante d’Atelier Missègle
Pour assurer le développement de cette filière, Myriam Joly travaille avec plusieurs acteurs du territoire, principalement avec l’Union des industriels textiles du Sud. « Cette union regroupe les derniers industriels qui restent, principalement dans le Tarn. On est peu nombreux, mais nous avons un marché immense devant nous, quand on sait que seulement 3% du textile que nous consommons provient de France. » Il y a quelques semaines, l’entreprise a même monté sa propre formation en interne, avec 16 personnes qui seront embauchées en CDI par la suite. Et puis, Myriam s’apprête à passer le flambeau, puisque ces deux fils, Olivier et Gaëtan, sont en train de reprendre les rênes de l’entreprise. Illustration du fait que le renouveau du textile passe par la jeunesse et que le métier est attractif, deux tiers des équipes ont moins de 40 ans.