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Installée à Rodilhan, dans le Gard, Futura Gaia conçoit des fermes d’un nouveau genre. Avec des cultures verticales automatisées, le dispositif permet de réaliser des économies en eau et n’utilise aucun pesticide. Une vision innovante de l’agriculture, moins expansive et tout aussi productive.
« En plein champ, il faut 200 litres d’eau pour produire un kilo de salade. » Une aberration pour Pascal Thomas, fondateur et dirigeant de Futura Gaia, qui explique : « une salade c’est 95% d’eau. Mais dans un champ cette eau est surtout captée par la terre, bien plus que par la plante. Nous, on verse juste ce dont elle a besoin, c’est-à-dire 10 litres. » Dans la plupart des fermes verticales existantes, les cultures se font directement dans de l’eau, en hydroponie. Chez Futura Gaia, toutes les plantes poussent en terre. Une nouveauté que permet la rotation des bacs, qui tournent en permanence pour éviter la stagnation de l’eau sous le terreau, enrichi de champignons, bactéries et engrais minéraux. Zéro pesticide. Pour le moment, le système permet de faire pousser toute la gamme des légumes-feuilles (salades, choux…), des tomates-cerises, des fraises, ainsi que de nombreuses fleurs et plantes à utilisation cosmétique. Pour être en mesure de proposer des légumes plus lourds ou encore des lianes comme la vanille, les ingénieurs s’affairent à développer d’autres améliorations.
En produisant sous tous les climats, avec beaucoup moins d’eau et sans pesticide, on peut changer la vie des gens.
Pascal Thomas, fondateur et dirigeant de Futura Gaia
L’idée naît dans l’esprit de Pascal Thomas en janvier 2018. Sa fille découvre qu’en ajoutant au terreau certains champignons et bactéries, les cultures poussent mieux. « Elle a réussi à faire pousser des fraises dans un phytotron, en plein hiver à Montréal. Et surtout, elles étaient excellentes » se souvient son père. L’ancien informaticien comprend alors qu’il est possible d’utiliser un environnement atypique pour obtenir des aliments parfaits et que ce faisant, on peut changer la vie des gens : produire « sous tous les climats avec beaucoup moins d’eau et sans pesticide » Le tout en restant efficace. Car l’entrepreneur est conscient des réalités : « en bio, on perd entre 30 et 70 % des récoltes. La productivité n’est pas un gros mot, nous sommes huit milliards, pour qu’une solution soit bonne, elle doit permettre de nourrir la population. »
Futura Gaia, « conceptrice de fermes » est née. En quatre ans, Pascal Thomas et ses 23 salariés ont réalisé plus de 1 400 expérimentations dans leur centre de recherche et développement agronomique, le plus grand d’Europe. Mais pour le fondateur, la vraie victoire, c’est le goût : « on gagne tous les tests à l’aveugle. La plante est dans les meilleures conditions en permanence et ça se vérifie au produit », se réjouit-il. La jeune pousse arrive à maturité : Pascal Thomas prévoit de vendre une première ferme cette année et deux l’an prochain. Avec un prix par projet compris entre 3 et 10 millions d’euros, c’est autant de chiffre d’affaires prévisionnel pour les mois à venir. Ne manque plus qu’un « petit coup de chance sur le foncier », pour trouver un lieu de 5 000 m2, si possible en Occitanie et proche d’une agglomération. Pas simple. Les friches industrielles sont rares et les constructions neuves, chères. La première ferme est essentielle, une étape clé pour « montrer et démontrer » la solution à ses futurs investisseurs alors que le financement d’une start-up industrielle est son principal défi. L’an dernier, Futura Gaia a été lauréate du concours Première Usine organisé par France 2030, lui permettant de lever 11 millions d’euros.