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Instance de concertation dédiée au développement de l’économie bleue et à la préservation du littoral, le Parlement de la Mer a été créé en 2013 sous l’impulsion de Christian Bourquin, Président de la Région Languedoc-Roussillon. La tenue de son 6e Bureau, qui s’est déroulé en mai à Sète, et le 1er anniversaire de son Acte III étaient l’occasion de faire le bilan de l’action de cette instance, qui a depuis essaimé dans d’autres régions de France (Hauts-de-France, Corse, Sud…). Points de vue croisés.
On l’a vu, le Parlement de la Mer a pour but de fédérer la communauté maritime, de la représenter, de permettre la concertation et le travail collaboratif entre les différents acteurs de la mer et du littoral et de faire émerger des projets innovants. Un enjeu important dans une région qui compte 215 kilomètres de côtes, 70 ports de plaisance (dont la plus grande marina d’Europe à Port-Camargue), 5 ports de pêche, 3 de commerce, 20 stations balnéaires, le 1er centre conchylicole de la Méditerranée, des chantiers navals d’excellence… Le Parlement de la Mer se compose de trois entités interdépendantes les unes des autres : un Forum ouvert à tous ceux qui veulent faire partie de la communauté maritime régionale (qui compte aujourd’hui près de 2 000 membres), une Assemblée composée de représentants des collectivités, des socioprofessionnels et de la société civile (qui compte près de 210 membres) et un Bureau composé de 13 membres (socioprofessionnels et élus) réunis autour de Didier Codorniou, Président du Parlement de la Mer. « En assemblée ou via le forum, le Parlement de la Mer permet le dialogue entre marins, pêcheurs, ostréiculteurs et conchyliculteurs, élus, entreprises, professionnels des ports et plaisanciers, acteurs du tourisme, associations environnementales ou sportives, chercheurs… » rappelle Jean-François Rezeau, Président de la CCI Occitanie et membre du Bureau du parlement de la Mer. « Mettre autour de la table l’ensemble des acteurs des filières économiques liées à la mer et permettre de prendre en compte la notion de “coactivité“ des uns par rapport aux autres en parlant des énergies renouvelables avec les pêcheurs, de nautisme avec les conchyliculteurs… Cette instance de concertation contribue à vivre et travailler dans un environnement harmonieux » ajoute Louis Madaule, le Président de la CCI Aude.
L’économie maritime pèse plus de 6 milliards d’€ en Occitanie et irrigue tout le territoire régional. Je suis donc très heureux que le Président de la CCI Occitanie soit intégré à notre gouvernance et je me félicite de voir des hauts responsables économiques comme lui nous apporter leur vision, leur stratégie.
Didier Codorniou, Président du Parlement de la Mer
En mai 2022, cette Assemblée et ce Bureau ont été élargis, ce dernier passant ainsi de 14 à 25 membres avec, notamment, l’arrivée de l’État et de ses agences (après une ouverture aux treize départements de l’Occitanie en 2016). Un nouvel élan pour cette instance de concertation occitane. « Lorsque nous avons mené une étude sur le cluster économique de la région, nous nous sommes aperçus que l’économie maritime, qui pèse plus de 6 milliards d’euros, irriguait tout le territoire et pas uniquement le littoral. Je suis donc très heureux que le président de la CCI Occitanie soit intégré à notre gouvernance et je me félicite de voir des hauts responsables économiques comme lui nous apporter leur vision, leur stratégie. Car la force de notre Parlement est d’accueillir des personnes expérimentées qui apportent leur vision et leur “ liberté de penser “ avec, comme créneau, le littoral et, derrière le littoral, les enjeux économiques. Par exemple : le port de Port-la-Nouvelle, qui va être demain le port de Toulouse, va irriguer une économie qu’on ne soupçonne pas. Les éoliennes flottantes et l’hydrogène vont créer 3 000 emplois. Et bien derrière ces emplois, il y a le savoir-faire des structures qui existent déjà sur notre territoire ! Et donc, pour nous, l’apport de la CCI est important même capital parce que c’est elle qui a le rayonnement du développement économique et elle peut nous éclairer sur les priorités et même sur la formation » explique Didier Codorniou. Un point sur lequel rebondit Serge Pallarès, Président de l’UVPO (l’Union des Villes Portuaires d’Occitanie) et du Parc Naturel Marin du Golfe du Lion qui, depuis avril 2022, est conseiller technique de la CCI. « Le Président de la CCI Occitanie a donné cette impulsion et envoyé ce signal du monde de l’entreprise au monde du littoral pour dire que nous sommes là et sommes des acteurs importants et incontournables des décisions qui peuvent être prises. Nous voulons être associés et nous allons fédérer toutes les forces vives de notre région pour relever tous les défis. Je suis convaincu que l’action et la décision de nous avoir intégrés dans cette réflexion sont une bonne chose et que cela va nous ouvrir certaines options importantes qui étaient un peu méconnues de notre côté. C’est l’opportunité de vraiment nous mettre tous ensemble autour d’une table et travailler dans une union forte. »
Un premier élément de bilan concerne le fait que le concept ait été dupliqué dans d’autres régions, validant le bien-fondé de la vision et la démarche initiée par notre territoire il y a dix ans. Pour Didier Codorniou, le point structurant est « que nous avons eu un premier Contrat Plan Littoral entre l’État, la Banque des Territoires et la Région, cosigné par le Premier Ministre, le préfet de Région et la Présidente de Région. Le Premier Contrat Plan Littoral 21 se monte à 1 milliard d’euro. Du reste, nous venons de renouveler sa signature avec les mêmes enjeux, riches de trois axes stratégiques : le développement économique, la résilience du littoral avec les enjeux environnementaux et le bien vivre ensemble, la proximité. Ces axes sont déterminés par la Fiche Action. Le Parlement est très attractif et dynamique avec des hommes et des femmes d’une grande qualité qui ont toutes et tous des responsabilités soient régionales soient nationales et surtout une bonne expertise sur les trois axes énoncés précédemment. Je suis vraiment fier d’être le Président d’une structure telle que celle-ci où nous sommes partis d’une feuille blanche. Aujourd’hui, nous sommes vraiment opérationnels. » À la question des grands apports du Parlement de la Mer, Serge Pallarès répond et se projette dans l’avenir. « C’est, déjà, la tenue de ce 6e Bureau, où nous allons fixer des caps nouveaux ! On fête les 10 ans du Parlement. C’était loin d’être acquis même si, aujourd’hui, le Parlement est “ entré dans les mœurs “ et est intégré dans les décisions de toutes les autorités de gestion du littoral. Après, nous avons des défis très importants à relever sur la protection de la biodiversité, la problématique de l’eau qui est une évidence très forte aujourd’hui sur notre quotidien, sur nos nouveaux comportements. On doit se réinventer. »
Le Parlement, on l’a dit, a 10 ans et, déjà, un beau sillage. La question se pose donc de ce qu’il pourrait être en 2033. « Un de mes objectifs est que ce Parlement de la Mer, qui a déjà fait des petits en France, puisse se dupliquer dans d’autres pays méditerranéens. Notre but, à travers le Parlement de la Mer, est la création du Parlement de la Méditerranée avec d’autres enjeux stratégiques et géopolitiques puisque nous sommes sur de l’économie mais en même temps aussi sur des équilibres politiques entre les États-Unis, la Russie et l’Europe. Et l’Europe ne peut pas oublier que la Méditerranée, berceau de notre civilisation, peut irriguer les territoires de notre rive et que ceci est un enjeu stratégique, géopolitique et économique très puissant. Donc pourquoi pas un Parlement de la Méditerranée avec un continent africain plus central dans les échanges avec l’Europe. Voilà l’ambition que nous portons ! » conclut Didier Codorniou. « Lors de la 7e Semaine de l’emploi maritime économie bleue organisée à l’initiative de Pôle emploi, le Cluster Maritime Français a indiqué qu’il tablait. Sur les 120 000 offres d’emploi proposées par la filière chaque année en France, un chiffre est très important, l’Occitanie pèse traditionnellement pour environ 10% de ces offres, soit approximativement 12 000 offres. On comprend tout l’enjeu de cette perspective. Et l’on mesure pleinement le rôle que peut et doit jouer le Parlement de la Mer dans les années à venir » conclut à son tour Jean-François Rezeau.