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Implantée il y a un an à Toulouse en raison de la dynamique de l’écosystème local et régional, l’entreprise Eva fait le pari des véhicules électriques volants. En pleine phase d’accélération, elle cherche des partenaires français pour l’industrialisation de son appareil qui suscite des convoitises, notamment en Asie.
« J’ai lancé Tesla en Corée. On vendait la vitesse, la liberté, mais la seconde d’après, les gens se retrouvaient dans les embouteillages », confie Olivier Le Lann, CEO de l’entreprise Eva, pour expliquer sa volonté de développer un véhicule qui emprunte la voie des airs. Après un travail de plusieurs mois sur un projet viable sur le plan technique et financier, il quitte le groupe d’Elon Musk pour lancer sa propre société avec trois associés. « Nous avons regardé les opportunités dans le monde entier : Seattle, la Californie, Singapour et même Tokyo, où j’étais basé, indique le CEO. Mais c’est à Toulouse qu’il y avait les meilleurs talents pour l’aéronautique, les fournisseurs… C’est un très bon choix que l’on ne regrette pas. »
Parti d’une feuille blanche, Eva conçoit à Francazal un appareil unique, compact (5 m x 2 m), capable de décoller verticalement et de replier ses ailes et disposant d’une autonomie de 250 km à 250 km/h. De nombreuses collectivités sont intéressées mais ce véhicule est également destiné à des marchés militaires, de sauvetage ou à des flottes de taxi. « Nous ne cherchons pas à remplacer les hélicoptères ou les petits avions. C’est un appareil silencieux et nous travaillons sur la pigmentation des ailes pour qu’elles s’adaptent à la couleur du ciel », ajoute Olivier Le Lann. Dans cette logique de limitation de tout type de pollution, la société a choisi une motorisation électrique. Elle travaille en collaboration avec le CEA Tech de Labège sur l’optimisation des batteries et « 90 % de nos fournisseurs sont régionaux », précise le fondateur. L’entreprise est aussi présente sur le Technopole de Castres-Mazamet.
Nous travaillons en collaboration avec le CEA Tech de Labège sur l’optimisation des batteries et 90 % de nos fournisseurs sont régionaux.
Olivier Le Lann, CEO de l’entreprise Eva
Un prototype au 1/5 a déjà été mis au point et Eva a, par ailleurs, développé un véhicule à l’échelle 1/2 afin de valider certains choix techniques. Seule entreprise française sur ce marché, Eva fait face à une dizaine de concurrents dans le monde et cherche désormais à accélérer. « Nous avons besoin de capitaux. Aujourd’hui, nous avons des petits investissements de Tesla et nous sommes soutenus par Capitole Angels, Initiative Tarn et Crealia. » La volonté est d’implanter l’usine de production en France mais Olivier Le Lann assure être sollicité par plusieurs investisseurs asiatiques. Il se donne quelques semaines pour tenter de convaincre les collectivités et les investisseurs potentiels de l’intérêt de faire un « champion français du secteur ». En pleine levée de fonds, Eva a signé un accord sur la mobilité urbaine avec Toulouse Métropole et assure que la R&D restera à Toulouse. « Pour le reste, nous avons deux scénarios. Nous cherchons jusqu’à 10 M€ en fonction des conditions », conclut Olivier Le Lann, conscient de la nécessité de franchir rapidement un cap.