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L’industrie, même dans une région comme l’Occitanie qui performe en la matière, demeure une filière en tension qui n’arrive pas à recruter à la hauteur de ses besoins. Face à la pénurie de main-d’œuvre industrielle, Syngenta, Royal Canin, Perrier et Éminence ont créé un groupement d’employeurs pour former et partager de nouveaux collaborateurs dans l’attente de les embaucher en CDI.
C’est une innovation entrepreneuriale née d’un manque : celui de main-d’œuvre industrielle dans le sud du département du Gard, en Petite Camargue. Les quatre industriels gardois Perrier, Syngenta, Royal Canin et Éminence, tous installés dans un rayon d’une dizaine de kilomètres entre Nîmes et Montpellier, ont choisi de constituer un groupement d’employeurs (GE) sous la forme d’une association baptisée Progress. Son fonctionnement peut ressembler à celui d’une agence d’intérim. Ainsi, le GE salarie le collaborateur et “loue”, contre facture, la prestation de ses salariés. Chaque entreprise contribue alors à financer le GE à la hauteur de ce qu’elle l’utilise. Seule condition : les entreprises membres du GE s’engagent à embaucher en CDI les salariés de Progress dès qu’elles auront une nécessité d’embauche. “Depuis sa création en avril 2017, deux personnes issues du groupement ont déjà signé un CDI chez Royal Canin et un chez Perrier”, explique, Hervé Piquet-Gauthier, le consultant qui a contribué à la création de Progress.
Nous sommes aujourd’hui clairement en concurrence pour le recrutement de profils pour le conditionnement, la maintenance et la logistique. La création d’un groupement d’employeurs nous est apparue comme la solution la plus raisonnable et la plus durable pour tous.
Thierry Ozil, directeur de l’usine Syngenta d’Aigues-Vives
“Nous sommes aujourd’hui clairement en concurrence pour le recrutement de certains profils, dans le secteur du conditionnement, de la maintenance et de la logistique. La création d’un groupement d’employeurs nous est apparue comme la solution la plus raisonnable et la plus durable pour tous”, justifie Thierry Ozil, le directeur de l’usine Syngenta d’Aigues-Vives qui emploie 120 salariés. Chez Éminence, c’est le renouvellement des générations sur des métiers rares qui fait sens dans l’intégration de Progress. “La transmission de savoir-faire est un vrai sujet de préoccupation. La moyenne d’âge chez Éminence est de 52 ans”, explique Dominique Seau, le PDG de ce leader de la lingerie masculine fabriquée en France et installé dans les villages d’Aimargues et Sauve. Un peu plus d’un an après sa création, Progress emploie 23 salariés en CDI ou contrat de qualification en plus d’une DRH, qui a vocation à rester au sein de l’association. Pour les collaborateurs, les missions au sein des quatre sociétés membres durent 6 mois en général. À la suite de quoi, le salarié peut soit retourner en formation ou bien travailler au sein d’une autre société membre. D’ici trois ans, Progress promet d’embaucher 30 à 35 personnes. Chacune d’elles devrait trouver sa place chez Royal Canin, Perrier, Syngenta ou Éminence, qui envisagent de donner également à Progress un rôle de centre de formation pour son personnel.