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Elles sont funkys avec des motifs colorés ou décalés, en plastique recyclé et même parfumées. Avec Payote, le créateur et entrepreneur perpignanais Olivier Gelly remet les espadrilles aux pieds de tous, via les réseaux sociaux. En trois ans, il a vendu 150 000 paires, ne cesse d’innover et a même été exposé au Palais de l’Élysée.
L’idée est née d’un faux pas. Un matin, Olivier Gelly réalise qu’il porte une espadrille en 41 et une autre en 43. Il est vendeur de prêt-à-porter dans une boutique de Perpignan et s’apprête à passer une journée difficile. Jurant qu’on ne l’y reprendra plus, il décide de personnaliser ses espadrilles. Tous, clients, amis, collègues, veulent les mêmes. Olivier Gelly conçoit quelques paires, puis l’idée de créer une collection commence à faire son chemin. Il se tourne alors vers l’usine Mégam à Mauléon, dans les Pyrénées-Atlantiques, « une usine familiale et artisanale, détentrice d’un savoir-faire exceptionnel », précise-t-il. Pour créer son premier stock, Olivier Gelly vend sa voiture et avec les 5 000 € récoltés, il fait fabriquer 14 modèles hommes et femmes du 35 au 47. Le pari est fou mais le projet est lancé. Son nom ? Payote qui évoque tout à la fois le soleil et la mer de sa terre natale et « Pellote », qui signifie « chiffon » en catalan.
Pour vendre ce premier stock, Olivier Gelly communique via les réseaux sociaux. Un dirigeant de grande surface tombe sous le charme et lui propose un espace de vente. La totalité des modèles s’écoule en trois semaines. Fort de ce premier succès, Olivier Gelly décide de créer son site de vente en ligne par le biais d’un financement participatif. Il récolte 9 450 €. L’aventure Payote continue sa route sur la toile. « Payote, c’est la rencontre entre l’excellence du made in France, le savoir-faire artisanal et la force de frappe du digital », analyse l’entrepreneur qui ne manque pas d’idées. Car à Noël 2016, pour vendre ses espadrilles, produit estival par excellence, il construit le plus grand sapin du monde en espadrilles. Bingo ! Il en vend 1 000 paires en 10 jours. Et quand ses clients l’alertent sur l’odeur peu agréable de pied, il réagit aussitôt et collabore avec le créateur de senteur montpelliérain Arthur Dupuy pour créer les premières espadrilles qui sentent bon le pamplemousse.
Depuis, Payote ne cesse de gagner des parts de marché. En 2016, l’entreprise réalisait 44 000 € de chiffre d’affaires. Elle en affiche 565 000 € en 2019. Les raisons du succès ? Un savoir-faire incontestable, une communication drôle et décalée, des modèles originaux. Et un sens solide de l’innovation. Car Payote collabore aussi avec l’entreprise espagnole « Seaquale » qui s’est donné pour mission de dépolluer les océans et propose ainsi sa gamme d’espadrilles en plastique recyclé.
Aujourd’hui la société perpignanaise propose 250 modèles via son site internet, vend désormais dans une soixantaine de magasins à travers la France et a mis en place des collaborations avec l’équipe de France de rugby et la marque Jules. Preuve de cette reconnaissance ? Les espadrilles Payote ont été exposées en décembre dernier au Palais de l’Élysée, dans le cadre d’une mise en valeur du made in France. Pour faire face aux demandes et augmenter la cadence, Payote cherche des investisseurs. Ses prochains défis : créer son propre atelier de fabrication, traduire son site en anglais, allemand et espagnol et ouvrir deux boutiques en son nom : une à Perpignan et une à Paris. À noter que, pendant la période de pénurie de masques, Payote a fabriqué gratuitement des masques « joyeux » pour protéger les soignants et leur donner le sourire.