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Relancer la fabrication de peignes en corne depuis une usine ariégeoise fermée en 2018 : c’est le projet décoiffant d’Hilaire de Francqueville, entrepreneur déterminé. Après une campagne de financement participatif au succès inespéré, la production commence au printemps avec, à la clef, 2 créations d’emploi et des premiers contrats dans le luxe.
Hilaire de Francqueville a 12 ans quand il visite l’usine de fabrication de peignes en corne de Lesparrou. « J’y avais même acheté un peigne ! », se souvient-il. À l’époque, la manufacture familiale Azema Bigou est déjà l’une des dernières détentrices d’un savoir-faire ancien qui a occupé jusqu’à 1 500 ouvriers en Ariège dans les années 30. « Par hasard, j’ai repensé à cette usine. En me renseignant, j’ai appris qu’elle venait de fermer ses portes », raconte-t-il. A l’époque, il travaille dans le secteur du luxe : « J’ai étudié le marché, sollicité mes contacts et, au vu des retours positifs, j’ai contacté les Azema pour leur partager mon intuition : il existait une niche, sur le marché du luxe ». Encouragé par l’adhésion de la famille au projet, il saisit l’occasion aux cheveux… et initie une campagne de financement participatif, en décembre 2020. « Le succès a été incroyable : en 1 mois, nous avons vendu pour 35 000 € de peignes en corne auprès de particuliers ! », rapporte-t-il.
Avec l’argent collecté, une production partielle est lancée en 2021 : « Pierre Azema lui-même était à la fabrication. L’objectif était de vérifier l’état du parc-machines et de valider le coût de revient », précise l’entrepreneur qui affine alors son business modèle. Il crée une marque indépendante, Belesta*, s’adressant aux particuliers. Depuis le site internet**, il sera possible de commander son peigne et de le personnaliser avec un marquage. « Chaque pièce est unique car il n’y a pas deux cornes de vaches identiques. La corne, en kératine, permet d’obtenir un produit résistant, de grande qualité, alternative durable au plastique », observe Hilaire de Francqueville qui a aussi imaginé comment valoriser les 70 % de corne non utilisée dans la fabrication : « la matière non sculptée sera transformée en engrais naturel ». Autre marché visé prioritairement, celui des maisons de luxe : « Nous avons travaillé ensemble pour fabriquer le meilleur peigne au monde. Ce produit ultra-luxe représentera 90 à 95% de notre CA ». Depuis mars, l’usine tourne, avec un objectif de 10 000 peignes par an. « L’avenir nous dira si nous avons eu raison de nous lancer dans ce pari un peu fou », reconnaît-il. Histoire à suivre…