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Sylvain Renouf et Brice Epailly cherchaient des vélos qui leur « correspondent ». Ils les ont fabriqués. Et ils ont créé leur marque de cycles sur mesure et haut de gamme, Caminade, dans les Pyrénées-Orientales. Du « fait maison » proposé depuis six ans aux amoureux de la petite reine. Ces militants d’un tourisme vert ont créé une fondation au début de l’année qui permet de faire découvrir les sentiers catalans.
« On s’est connus en faisant du VTT dans les Pyrénées-Orientales », raconte Sylvain, président de Caminade, la start-up qui remet en selle des vélos made in France au pied du pic du Canigou. « Je venais de la région parisienne pour rouler sur ce territoire fabuleux entre mer et montagne et Brice organisait la Garoutade, une randonnée qui partait de chez lui, à Ille-sur-Têt. » De leur passion commune sont nés deux prototypes, si bien accueillis au salon du Roc d’Azur, à Fréjus, en 2013, que les deux ingénieurs lancent leur entreprise dans un modeste atelier de 40 m2 attenant à la maison de Brice. Mais leur objectif est ambitieux : « concevoir et fabriquer localement, plutôt que de sous-traiter en Asie, comme 95% des vélos aujourd’hui, en maîtrisant tout le processus et en misant sur la qualité, rappelle Sylvain. Nous voulions aussi créer de l’emploi en renouant avec un artisanat qui existait autrefois en France. »
Ils misent sur des cadres en acier, un matériau qui apporte de la souplesse et est réparable, contrairement à l’aluminium ou au carbone. Le credo de Caminade, c’est un vélo innovant et durable, « un vélo pour la vie », résume Sylvain. L’acier est français ou européen. Quant aux équipements, s’ils ne viennent pas toujours de l’Hexagone, ils sont choisis chez les proches fournisseurs : les selles sont fabriquées en Angleterre, les roues en Espagne…
Nous nous sommes connus en faisant du VTT dans les Pyrénées-Orientales. Avec Caminade, nous avons réussi à marier entreprise, passion du vélo et rayonnement de ce sport loisir dans notre département via notre fondation qui organise des rassemblements, défriche les sentiers et va éditer un livret d’itinéraires avec l’Office de Tourisme.
Sylvain Renouf, président de Caminade
Leur premier modèle, le VTT One4All et son système de suspension breveté, a vite eu des successeurs. Des vélos de route, des urbains, des gravels – ces engins mi-VTT, mi-vélo de route — qui représentent aujourd’hui l’essentiel des ventes de Caminade. Une dizaine de modèles qui peuvent être fabriqués sur mesure, en indiquant mensurations et souhaits sur le site internet, ou en venant sur place. Le circuit court est en effet le modèle de commercialisation choisi pour maîtriser les coûts de ces vélos artisanaux. Il tient la route puisqu’un nouvel atelier accueille maintenant trois salariés et une deuxième chaîne de production où les tubes, cette fois en titane, ne sont pas soudés mais emboîtés et collés. Résultat : deux cents vélos produits cette année contre une centaine l’an passé. Ils sont achetés surtout par des Français – même si un tiers des clients provient d’Europe du Nord et d’Asie- à des prix qui vont de 3 000 € à 10 000 € pour les plus luxueux.
Brice et Sylvain, qui ont réussi à marier entreprise et passion du vélo, œuvrent au rayonnement de ce sport loisir dans leur département via leur jeune fondation. Ils organisent des rassemblements, défrichent les sentiers et vont éditer un livret d’itinéraires avec l’office de tourisme. Aidés à leurs débuts par la Région, la Chambre de métiers et de l’artisanat, la Chambre de commerce, ils valorisent à leur tour leur territoire et vont se rapprocher du premier cluster vélo, « Vélo Vallée » créé en Occitanie en 2018, qui a pour ambition de faire de cette région la première destination de tourisme à vélo au monde.