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Lancée le 1er juin dernier, la Fondation Enac (École Nationale de l’Aviation Civile) veut lever des fonds pour développer encore davantage la notoriété de l’École à l’international et encourager ses projets. Autre motivation, et non des moindres, contribuer activement aux enjeux de décarbonation de la filière.
Le leadership de notre territoire dans les domaines de l’aerospace et de l’aérien tient aussi à la formation. Véritable « Université de l’Aviation Civile », l’Enac est en effet la seule Grande École ou université aéronautique en Europe, et probablement dans le monde, à proposer un éventail de formations et d’activités aussi complet. Des formations répondant aux besoins du secteur public ou privé, tournées vers la France ou l’étranger, des formations complémentaires toutes nécessaires au bon fonctionnement d’un secteur complexe et économiquement essentiel : l’aéronautique. Depuis la fin de la crise sanitaire, le secteur de l’aérien, parfois pointé du doigt par certains pour son impact environnemental malgré les progrès spectaculaires déjà en cours, connaît un rebond inattendu. « Cela a surpris tout le monde, reconnaît d’ailleurs Sadika Moussaoui, Présidente de la Fondation et Directrice des Ressources Humaines chez ATR. Le marché du travail est extrêmement tendu et les compétences difficiles à trouver pour la filière. Il est donc important de créer davantage de vocations pour attirer des talents. » Il est vrai que la question est structurante car le Groupement des Industries Françaises Aéronautiques et Spatiales (Gifas) a établi que la filière -qui englobe la métallurgie et le Syntec pour la partie bureaux d’études- recherche 25 000 postes, dont 18 000 en CDI et 7 000 en apprentissage pour l’année 2023 et dont 50 % de profils ingénieurs. La présidente de la Fondation Enac, nouvellement créée avec Airbus et le groupe ADP pour prendre la suite du fonds de dotation lancé en 2012, pointe donc là l’une des ambitions de cette structure. « En devenant une fondation, cela donne plus d’envergure pour faire rayonner l’école, qui veut aller plus loin dans la diversité des profils qu’elle recrute, notamment à l’international, et qui vont irriguer l’écosystème de l’aérien. » Sur cette thématique de l’international, la Fondation s’appuiera sur le réseau des 25 000 alumnis et sur le renforcement de partenariats avec des entreprises et des écoles partout dans le monde. Elle poursuivra notamment le système des bourses à l’international, encourageant la mobilité des élèves ingénieurs soit depuis l’Enac soit vers l’Enac. « Depuis 2015, 700 000 euros ont déjà été attribués à 170 bénéficiaires », précise Sadika Moussaoui, qui souligne par ailleurs l’importance de féminiser les métiers du secteur, un enjeu clé pour le Gifas. International et diversité font ainsi partie des cinq axes de développement majeurs soutenus par la Fondation Enac, avec la recherche et l’enseignement, la transition écologique et la vie des campus.
Avec la Fondation, nous n’oublions évidemment pas les enjeux de décarbonation de la filière, qui concernent l’ensemble de la chaîne de valeur et démontrent d’autant plus la nécessité d’attirer les talents de demain pour trouver des solutions et répondre à l’objectif de zéro émission à horizon 2050.
Sadika Moussaoui, Présidente de la Fondation Enac et Directrice des Ressources Humaines chez ATR
« Il y a une volonté d’accélérer sur des sujets très précis en termes d’innovation et de recherche. Deux nouvelles chaires de recherche ont été créées par la fondation », poursuit sa présidente. Une dédiée aux drones et au système de gestion du trafic des aéronefs sans pilote (UTM) avec Airbus et Sopra Steria, et une consacrée au safety management grâce à un partenariat Enac-Airbus. « Nous n’oublions évidemment pas les enjeux de décarbonation de la filière, qui concernent l’ensemble de la chaîne de valeur et qui démontrent d’autant plus la nécessité d’attirer les talents de demain pour trouver des solutions et répondre à l’objectif de zéro émission à horizon 2050 », souligne Sadika Moussaoui. « Même si nous ne représentons que 2 à 3% des émissions de CO2, ce qui est peu comparé à d’autres secteurs comme l’agroalimentaire ou le numérique, ce n’est pas une raison pour ne rien faire et nous voulons impacter positivement cette question. » Pour mener à bien toutes ces ambitions, la Fondation souhaite lever 10 millions d’euros d’ici à 5 ans grâce au soutien de mécènes. Outre les deux membres fondateurs, Airbus et ADP, qui se sont engagés à investir 100 000 euros chacun sur trois ans, l’idée est de faire grandir le panel d’entreprises, institutionnels, associations et alumnis capable de financer les différents projets.