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Créée fin 2015 autour d’un projet de fermentation industrielle de levure visant à remplacer le sucre par du CO2, Enobraq a découvert d’autres axes de développement autour de l’utilisation du dioxyde de carbone. En ces temps de questionnements environnementaux, ces perspectives ont séduit les investisseurs.
Après environ deux ans de recherche autour de la fermentation à l’aide de CO2, la biotech Enobraq (dont le nom est un clin d’œil à carbone, prononcé à l’envers), portée par Toulouse White Biotechnology, a changé d’axe de travail pour s’intéresser au Rubisco, une enzyme à l’origine de la photosynthèse. « C’est l’enzyme la plus répandue au monde, indique Christophe Dardel, CEO depuis avril 2017. Elle permet de capter du CO2 et de générer du carbone. Et fin 2017, nous avons déterminé trois axes de développement pour notre société. »
Le premier projet consiste à faire travailler le CO2 sur une bactérie plutôt que sur une levure. Sur ce sujet-là, Enobraq participe à un projet européen H2020 baptisé Biorecoever, afin de développer une preuve de concept pour faire de l’acide lactique à base de CO2. Cela permettrait de diminuer la dépendance au pétrole. « C’est la continuité de nos premières recherches », explique Christophe Dardel.
La société a, par ailleurs, découvert une nouvelle voie de fermentation permettant d’améliorer d’environ 20 % le rendement de production dans les systèmes de fermentation de quatre molécules largement utilisées dans l’industrie, comme l’acide citrique ou l’acide glutamique. « Cela permettrait de baisser les coûts de production tout en fixant du CO2, qui est majoritairement issu de l’industrie. » Enfin, le troisième axe, « le plus novateur » selon Christophe Dardel, consisterait à améliorer la photosynthèse dans les plantes, les algues et les céréales, toujours grâce à l’enzyme rubisco. Cela permettrait d’améliorer le rendement en fixant davantage de CO2. « C’est un grand pas de recherche. Dans 6 à 8 mois, nous en saurons plus sur l’efficacité du procédé et les débouchés possibles. Mais cela a éveillé l’intérêt de nos investisseurs et nous avons des contacts prometteurs avec les céréaliers », assure Christophe Dardel.
Dans 6 à 8 mois, nous en saurons plus sur l’efficacité et les débouchés possibles de notre procédé pour améliorer la photosynthèse dans les plantes, les algues et les céréales grâce à l’enzyme rubisco. Cela a éveillé l’intérêt de nos investisseurs et nous avons des contacts prometteurs avec les céréaliers.
Christophe Dardel, CEO de Enobraq
En effet, les investisseurs historiques, Soffinova Partners, SuperNova Invest, Auriga Partners et Irdinov ont investi 2 M€ début 2018 après un premier tour de table de 2,90 M€ en avril 2016. Près de 25 personnes travaillent aujourd’hui sur ces différents projets dont 8 salariés au sein d’Enobraq. « La recherche avance bien sur les 3 plans », insiste le CEO, qui s’est fixé un horizon 2020 pour signer des premiers partenariats avec des industriels sur le projet d’augmentation de rendement des quatre molécules. La fabrication d’acide lactique devrait être le deuxième à être mis sur le marché alors que l’amélioration de la photosynthèse demande plus de temps. Une troisième levée de fonds est envisagée fin 2019 début 2020 pour accompagner la croissance d’Enobraq.