MER - janvier 2020

Plastic@Sea
va au fond du problème


Fondée en août 2018 par deux scientifiques engagés, la start-up Plastic@Sea hébergée par l’incubateur Arago au sein de l’Observatoire Océanologique de Banyuls-sur-Mer est animée par une double vocation : accompagner les entreprises dans leur transition plastique et tester la biodégradabilité et la toxicité des plastiques en mer.

 

10% des plastiques produits sont rejetés en mer, soit 8 millions de tonnes par an qui sont rejetées essentiellement sous forme de petits morceaux qui s’infiltrent partout, y compris dans la chaîne alimentaire. Anne-Leila Meistertzheim est docteur en biologie marine et toxicologue. Son associé, Jean-François Ghiglione, directeur de recherche au CNRS, est écotoxicologue microbien. Ensemble, ils ont fondé la start-up Plastic@Sea, active depuis janvier 2019 . Objectif aller vite. « À nous deux, avec notre approche pluridisciplinaire, nous pouvons répondre à de nombreuses questions industrielles sans attendre des financements publics et les règles législatives », assure Anne-Leila Meistertzheim. Car en termes d’impacts des microplastiques sur la faune et la flore marine, mais aussi sur l’espèce humaine, il y a urgence.

Hébergée par l’incubateur Arago au sein de l’Observatoire Océanologique de Banyuls-sur-Mer (Voccitanie News septembre 2017), Plastic@Sea bénéficie d’un accès direct à la mer et aux moyens techniques de l’Observatoire. « Ici, les aquariums fonctionnent avec de l’eau pompée au large de Banyuls, à plus de 11 mètres de profondeur : toutes les communautés bactériennes naturelles y transitent et c’est grâce à cela que nous pouvons travailler sur la biodégradabilité des plastiques en mer qui se fait surtout par l’action des bactéries », détaille Anne-Leila Meistertzheim. « Par ailleurs, la plateforme de biologie moléculaire nous permet non seulement d’identifier les bactéries capables de biodégrader ces plastiques mais aussi de comprendre l’action de ces plastiques sur les coquillages et leur transfert potentiel sur l’espèce humaine. »

 

Ici, les aquariums fonctionnent avec de l’eau pompée au large de Banyuls, à plus de 11 mètres de profondeur : toutes les communautés bactériennes naturelles y transitent et c’est grâce à cela que nous pouvons travailler sur la biodégradabilité des plastiques en mer qui se fait surtout par l’action des bactéries.

Anne-Leila Meistertzheim, cofondatrice de Plastic@Sea

 

Pour se lancer, les deux scientifiques ont élaboré une méthode pour tester la biodégradabilité et la toxicité des plastiques en mer. Ils ont également mené plusieurs collaborations avec le Ministère de la transition écologique et solidaire, notamment sur l’usage des microplastiques dans les cosmétiques. Aujourd’hui, le tandem travaille avec des entreprises internationales, soucieuses de trouver des solutions alternatives avant la mise en place des lois. « Nous sommes des chercheurs experts, une passerelle entre les milieux académiques, économiques et politiques. L’idée est de rendre sa place au plastique, non pas de l’éliminer. L’erreur, c’est l’usage unique pour un plastique non biodégradable et non recyclable », assure encore Anne-Leila Meistertzheim.

Entreprise engagée, Plastic@Sea n’a de cesse de communiquer, que ce soit sur les bancs des écoles ou ceux de l’Assemblée Nationale. La start-up fait ainsi partie d’un groupe de travail à l’échelle européenne pour mettre en place une norme de biodégradabilité et de non-toxicité des plastiques en mer. En 2020, Plastic@Sea mènera une coopération avec d’autres laboratoires européens. La mission ? Observer les flux de microplastiques, du sommet des montagnes au fond des océans.

 

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