INTERVIEW - septembre 2021

LAURENT GAUTUN,
gérant et fondateur d’Essenciagua

 

Créée par Laurent Gautun en 2005 dans le Tarn-et-Garonne, Essenciagua a mis le cap à l’Est en 2016 pour s’installer en Lozère. L’entreprise, qui a exposé à l’Élysée en juillet 2021 dans le cadre du « Fabriqué en France », illustre l’excellence de notre territoire dans cette filière. L’Occitanie est en effet la 3e région de France productrice de plantes à parfum, aromatiques et médicinales (PPAM) avec 559 producteurs en 2019. Interview.

 

Implantée en Lozère, Essenciagua distille des plantes bio issues d’Occitanie et des terroirs français. Les 3 et 4 juillet vous représentiez l’Occitanie à la grande exposition du « Fabriqué en France » à l’Élysée. C’est une reconnaissance des vertus de l’aromathérapie ?

Laurent Gautun : Pas seulement. Certes, l’invitation de l’État est une reconnaissance de notre positionnement autour de la santé complémentaire basée sur les plantes depuis plus de 15 ans. Mais au-delà de ça, ce déplacement va nous permettre de porter aussi le savoir-faire des 3 500 TPE et PME de Lozère, terre d’entreprenariat et d’initiatives. Ici, nous avons non seulement un potentiel agricole important et varié avec les biotopes montagnards, mais aussi de nombreuses innovations en matière de santé ou de soins. Aujourd’hui, nous sommes à l’initiative de la création de « Plantes et Santé », association mise en place dans le cadre du contrat de transition écologique avec le pays Gévaudan-Lozère.

 

L’acte de naissance de « Plantes et Santé » est récent, le 31 mars dernier. Quelle est votre ambition ?

LG : « Plantes et Santé » regroupe des agriculteurs, des établissements de santé, des transformateurs. Notre objectif est de créer un modèle d’économie circulaire qui mette en lien tous ces acteurs économiques pour créer une filière locale autour des plantes à parfum, aromatiques et médicinales. La dynamique est à la fois ambitieuse et fragile. Mais aujourd’hui, elle fait consensus : nous sommes invités par l’État, nous avons le soutien de la Région et nous bénéficions de l’accompagnement de la CCI de la Lozère. Ce regroupement devrait permettre de développer des formations. Nous en accueillons actuellement ici dans nos locaux. Nous travaillons avec l’université de pharmacie de Paris et le laboratoire du professeur Grégory Ninot à Montpellier pour mettre en place un doctorat, dans une approche coordonnée et scientifique. La formation est pour nous un axe de développement crucial. Il s’agit de transmettre des connaissances rurales ancestrales, de développer des cursus universitaires, de réconcilier la médecine moderne et académique avec cette approche complémentaire. Aujourd’hui, des diplômes universitaires fleurissent un peu partout en France, notamment à Toulouse et à Montpellier.

 

Nous travaillons avec l’université de pharmacie de Paris et le laboratoire du professeur Grégory Ninot, à Montpellier, pour mettre en place un doctorat, dans une approche coordonnée et scientifique. La formation est pour nous un axe de développement crucial. Aujourd’hui, des diplômes universitaires fleurissent un peu partout en France, notamment à Toulouse et à Montpellier.

Laurent Gautun, Gérant et fondateur d’Essenciagua

 

Le marché des PPAM (Plantes à parfum, aromatiques et médicinales) semble complexe. Quels sont vos enjeux de développement ?

LG : Nous devons d’abord régler des problématiques structurelles. Nous attendons la fibre en 2022, nous devons aussi attirer les compétences et nous adapter à des réglementations fluctuantes et incertaines. Par ailleurs, nos produits nécessitent de savoir les utiliser. Nous défendons une logique accompagnée, d’où les nécessités de mettre en place des formations. Depuis 2015, nous défendons aussi un amendement pour mentionner l’origine des plantes utilisées. Aujourd’hui, le législateur s’est emparé du sujet, nous sommes sur des temps longs, mais ça se met en place. « Plantes et Santé » est un enjeu émergent, mais aujourd’hui, il y a un consensus autour de l’intérêt de cette filière. La sélection à l’Élysée en est la preuve. Je crois aux démarches pionnières et engagées.